lundi 12 décembre 2016

Vaiana, la légende du bout du monde, critique




Version vidéo!














Attention, spoilers!

Deuxième film Disney cette année après Zootopie (comme quoi le rêve des studios  d'en sortir deux par an dans les années 1990 s'est réalisé ) et s'inspire  comme on le voit du folklore polynésien après s' être longtemps penché sur l'européen.



  A noter que presque tout existe dans les légendes d'origine  à commencer par Maui, le Prométhée polynésien, qui aurait apporté le feu, le soleil et les îles aux humains, ou les kakamora.



Tout sauf Vaiana, elle-même! En fait les réalisateurs  John Musker et Ron Clements (Basil, détective privé, La petite  sirène, Aladdin, Hercule, la Planète au trésor et La princesse et la grenouille) pensaient ne parler que du demi-dieu Maui, mais leur voyage d'études à Hawaï les a poussés à approfondir le sujet et adopter le point de vue d'une mortelle.



Vaiana est la fille du chef de Motonaui, une île de Polynésie, qui est attirée par l'océan depuis toujours. Elle n'est même pas effrayée par les histoires de sa grand-mère à propos de la déesse Te Fiti, du cœur créateur de celle-ci, du vol du cœur par le demi-dieu Maui pour l'offrir aux hommes, du démon de lave Te Ka né dudit vol et la disparition simultanée du harpon magique de Maui et du cœur.



Selon la grand-mère, quelqu’un devra repartir guider Maui vers Te fiti pour lui rendre son cœur.
Le problème, c'est que le père de Vaiana refuse de laisser quiconque dépasser la barrière de corail (ayant été traumatisé par la noyade de son meilleur ami). Cependant les légendes se révèlent hélas vraies quand les ténèbres répandues depuis le départ du cœur de Te Fiti atteignent Mautonoaui et font fuir les poissons ou pourrir les noix de coco. Le départ espéré par Vaiana devient une nécessité, d'autant que le cœur lui a en fait été remis dès toute petite par l'océan lui même (les vagues réagissent à sa présence façon maître de l'eau dans Avatar le dernier maître de l'air).





Parce qu'elle a été choisie et malgré ses responsabilités d'héritière Vaiana prend un des bateaux cachés de ses ancêtres explorateurs ( qui ont arrêté quand ils ont rencontré les ténèbres et les monstres). Elle part pour être celle qui retrouvera Maui et lui fera rendre le cœur comme annoncé dans les légendes et sauver les îles des ténèbres.










Je dois  confesser ma méconnaissance globale de la mythologie polynésienne; je connais la grecque, la nordique ou la japonaise, mais pas celle-là, sauf certains détails comme  l'histoire d'Hawaiki.



 Hawaiki est le lieu mythique d'origine des polynésiens, où ils sont censés retourner après leur mort, et qui est sans doute le lieu de départ des explorateurs qu'on voit dans le film. Le scénario de celui-ci prévoyait au début la recherche d'une île de légende et je pensais qu'il s'agirait de celle-ci mais finalement le but de Vaiana est tout autre.

La mythologie polynésienne fait partie du folklore américain (à cause d'Hawaï) ou même de France (à cause de Tahiti), il était temps de s'y intéresser. A présent le monde connaîtra, et c'est heureux, les kakamora, la dimension des monstres (Lalotai) ou Maui.  Et pourtant, celui qu'IsraëlKamakawiwo'Ole  surnommait le Superman hawaïen




n'est pas le personnage principal comme initialement prévu.

Les recherches de l'équipe sur la culture locale les aura suffisamment fascinés pour se pencher sur sur la période exploratrice de ces peuples alors qu'ils ne se doutaient pas de l'existence du reste du monde, autrement dit avant l'arrivée des européens.



 Les maoris sont ici les seules vedettes, contrairement à Pocahontas et comme Frère des Ours.  Les réalisateurs ont aussi renoncé en cours de route à la technique de 3D façon 2D vue dans Paperman et faire du CGI classique, même si cette technique apparaît en arrière-plan dans la chanson Pour les hommes  et est utilisée pour les tatouages mouvants de Maui.


Tatouages parfois référencés et dont on verra même la méthode d'application. Sans oublier qu'il arrivera à Maui de faire du haka!




L'immersion est donc totale et les scénaristes inventeront  Vaiana pour "guider" le spectateur, ce n'est donc pas une adaptation au sens strict du terme comme La reine des neiges d'Andersen aura fini par donner Frozen (titre très différent en VO).

En revanche, cet appel à l'aventure, ce voyage initiatique du héros, ça ne vous rappelle pas le monomythe selon Joseph Campbell? Vaiana fait partie des héros aux mille visages comme Luke Skywalker, Bilbo, Harry Potter, Néo, le roi Arthur, Marty MacFly...Mais comme on peut le voir ce n'est pas si courant qu'il s'agisse d'une femme (bien que Mulan constituait déjà une exception.)



Mieux, Vaiana vit une aventure évoquant parfois Le seigneur des anneaux, avec le cœur de Te Fiti réputé maudit (selon Maui) et qu'il faut remettre dans son lieu d'origine comme l'anneau unique. Les histoires ayant pour but de chercher quelque chose, au contraire, sont plus communes, même si le premier objectif du duo est de récupérer le harpon magique de Maui (il permet ses métamorphoses en animaux).



 Tamatoa, le  crabe géant qui cumule les trésors façon pie et qui constitue un "boss de milieu de film", ça ne vous rappelle pas le dragon Smaug, aussi?


Et Te ka, l’abomination de fin façon Sauron? Bien, sûr, il ne se passe pas autant de choses dans Vaiana qui dure une heure et demie et non pas six, mais ça reste toute une aventure.

Dans les années 2000, on opposait les films action/aventure (Tarzan, La planète au trésor, Atlantide) prévus pour un public masculin aux "films de princesses" avec tout le mépris que cela sous -entend.

Alors qu'au fond le seul problème est que l'un ou l'autre genre se sont suivis exclusivement dans les années 1990 pour les seconds et la décennie suivante pour les premiers. A présent Disney a résolument choisi l'alternance, les films "modernes" et sans chansons sont intercalés avec  ceux musicaux, plus féeriques et intemporels. Mais ce n'est pas tout: même avec une héroïne royale dans le rôle-titre ça peut être très orienté action, comme ici.

Comme presque tout ses prédécesseurs immédiats, Vaiana c'est une odyssée entreprise par un homme et une femme très différents qui s'entendront mieux à la fin qu'au début. Mais: ici, comme dans les "modernes" (Judy et Nick dans Zootopie, Vanellope et Ralph dans les Mondes du même nom), ils ne seront pas en couple à la fin.




Pourtant il s'en ai fallu de peu. Les premières ébauches du scénario prévoyaient que Vaiana parte chercher ses neuf grands frères, ou secourir son love interest. Mais finalement elle est  sans relation aucune à un ou des hommes et seulement motivée par le désir de sauver les siens.


Petite revue de personnages:

Vaiana:


"Eau de la caverne", en polynésien. Son nom en VO est Moana ("Océan"), mais n'est pas utilisé dans beaucoup de doublages européens à cause de la porn star italienne nommée Moana Pozzi et aussi car ce nom est déposé en France. Ne me demandez pas pour quel produit, aucune idée...

Vaiana, un jour surnommée "princesse" par Maui, insiste auprès de celui-ci qu'elle est en fait une fille de chef. Référence aux débats houleux entre fans de Disney quant à la dénomination de Pocahontas, fille de chef mais princesse officielle?

Maui insiste:  "Tu as une robe et un animal de compagnie (Heihei), tu es une princesse." Heu...Beaucoup de femmes correspondent à la description, non?



 Reste que Vaiana est non seulement une fille de chef, mais une fille unique; donc elle sera bien l'héritière de ses parents (j'avoue ne pas assez connaître cette culture pour savoir si effectivement elle n'appliquait pas la loi salique).  Cela fait d'elle l’une des princesses les plus politiquement actives de Disney avec Pocahontas et Kida. Elle cherche des solutions pratiques à des problèmes concrets dans le prologue du film (comme changer de zone de pêche quand le poisson se fait rare) tout en n'ayant que 16 ans.



Son apparence a de quoi réjouir, non seulement elle n'est pas caucasienne (la première depuis Tiana en 2009), mais ses proportions sont réalistes, surtout pour une maori; ayant des membres nettement plus larges que les autres princesses comme Nani et Lilo dans Lilo et Stitch.



En 2002, le designer de Nani avait dit avoir insisté pour que cette dernière ne ressemble pas à une pin-up. Et Vaiana a pris ce même chemin, n'étant pas, s'il est nécessaire de le rappeler, la première héroïne de Disney polynésienne du coup, mais la première princesse (ne lui en déplaise).          


                    

Comme les autres princesses depuis Raiponce, elle est parfois sujette aux maladresses, et comme Anna et sa "touffe" de réveil, elle a quelques ennuis avec ses cheveux qui lui reviennent fréquemment à la figure et doit parfois les attacher.



 Disney qui donne des attentes irréalistes concernant les cheveux, je crois que c'est fini.



On saluera aussi le fait  que Vaiana n'est pas sexualisée le moins du monde (pas même comme Elsa dans la courte séquence où elle roulait des hanches). La faute à son âge? Je ne pense pas car Jasmine aussi avait 16 ans mais on n'avait pas hésité à l'hypersexualiser dans certaines scènes- et je me demande encore où elle avait appris tout ça, ayant toujours vécu dans un palais et  à l'écart des gens.




Vaiana n'est pas la première sans love interest, ayant été précédée par Mérida et Elsa, mais la première au sein d'une histoire sans intrigue romantique (Elsa, via sa sœur) ni soucis d'ordre matrimonial (Mérida). L'amour, les obligations du mariage, ne sont cette fois jamais évoqués.

Pourtant sa position d'unique héritière ferait que la question pourrait se poser pour Vaiana dont on pourrait attendre un devoir dynastique et donc reproducteur. Trop jeune? Non, car les princesses qui l'ont précédée n'avaient pourtant que 14 à 19 ans à leur mariage-ou du moins fiançailles.
Le moteur de Vaiana, c'est l'aventure, et le désir de sauver les siens.




Depuis toute petite, elle est attirée par l'eau, et de fait au tout début la mer lui remet directement le cœur de Te Fiti (ramassé à l’époque par sa grand-mère). Mieux, l'océan est une sorte de personnage, qui bouge et se manifeste par des vagues. Il a de cette façon "choisi" Vaiana.

Et surtout, elle fait preuve de courage en toute circonstances (il faut la voir tabasser une armée de kakamoras à elle seule avec un poulet entre les dents...je me comprends) sans pour autant avoir la violence pour seul moyen d'expression puisque sa compassion est ce qui permettra le dénouement de l'histoire. Tout en ayant des défauts vraisemblables puisqu’elle ne sait pas naviguer spontanément par exemple (Maui devra lui apprendre).



On ignore aujourd'hui si elle deviendra une princesse Disney officielle mais c'est tout le mal qu'on lui souhaite.



Maui:


Encore une fois, je ne connais pas l'original, et sais seulement que tous les polynésiens avaient tendance à lui attribuer l'origine de leur île respective; par syncrétisme, il revendique ici la naissance de plusieurs îles.


Il se dit demi-dieu mais a une apparence avant tout humaine si ce n'est son tatouage qui bouge, (et dont il mérite l'apparition au fur et à mesure)  une mini version de lui-même lui sert par ailleurs d'ange gardien qui désapprouve de façon muette son comportement s'il y a lieu.



En fait, son aspect a été sujet à polémique car quelque peu enveloppé. (Surtout que l'original n'était pas forcément perçu de la sorte).



 Aujourd'hui, le patrimoine génétique des maoris les rend souvent sujets à l'obésité morbide à cause d'une propension ancestrale à stocker les graisses (développée jadis pour pallier aux famines, pour preuve, Israël Kamakawiwo'Ole ) .



Mais je n'y vois pas moquerie personnellement; au contraire, on blâme assez souvent Disney pour ne jamais représenter de personnages au tour de taille imposant, et Maui  doit  de son apparence aussi à ses muscles, apparemment.

Il vit littéralement pour les louanges, expliquant les bienfaits dont il a couvert les humains, jusqu'à risquer le vol du cœur de Te Fiti.



Et est par conséquent assez insupportablement vantard, n'hésitant pas plus d'une fois à se débarrasser de Vaiana ou du moins à lui fausser compagnie une fois que son harpon sera récupéré, sa seul vraie préoccupation -réparer sa faute n'est pas vraiment sa priorité.
















Il est en réalité né humain, et jeté à la mer bébé par ses parents (ah, ces temps d'avant la contraception!) . Les dieux l'ont récupéré et lui ont fait des dons, mais depuis Maui complexe quant à l'approbation d'autrui.

Distrayant, mais finalement plutôt égoïste, et il ne résoudra à faire preuve de noblesse que dans le dernier quart d'heure.



Te Ka: Est ce qu'il y a de plus proche d'un méchant dans le récit, mais apparaît quelques minutes à la fin, sans parler ni même bouger beaucoup (il ne peut pas toucher l'eau).



Son aspect n'est pas sans rappeler l'oiseau de feu dans le segment du même nom de Fantasia 2000;


 à l'instar de ce dernier et de Chernabog dans le premier Fantasia, c'est avant tout une abomination de la nature plus qu'un personnage.


Bref rien à voir avec le volcan sympa de Lava (court métrage Pixar).



Son aspect fut paraît il un cauchemar technique, mais très impressionnant à voir.



Te Fiti: 



Une déesse qui a généralement l'aspect d'une île endormie, et qui sinon est une géante verte évoquant le volcan femelle de Lava,


 mais aussi l'héroïne amenant le printemps, toujours dans L'oiseau de feu. Elle ne parle pas, mais son impact visuel est grand aussi.



Tala:


La grand-mère de Vaiana, et la seule à croire non seulement en les légendes, mais aussi que sa petite fille est celle qui devra remettre le cœur à sa place. Et a pour cette raison une réputation de folle du village. Mais elle se révélera être la seule à avoir raison.











Elle décède étonnamment tôt, et sans qu'on sache au juste pourquoi. Mais elle se réincarne en raie comme annoncé et de cette façon accompagne sa petite-fille, dont le départ est simultané avec cette mort. Plus tard son fantôme réapparaît façon Obi-wan...ou Mufasa.



Pua et Heihei:



Le premier est un petit cochon et le deuxième un coq, animaux de compagnie de Vaiana. Les acolytes obligés me direz-vous mais selon la tradition de la nouvelle  renaissance, ils ne parlent pas. Pua est l’occasion d'un bon gag, quand Vaiana (la première princesse à manger de la viande depuis Mulan et son bacon) complimente un compatriote pour ses travers de porc avant de réaliser qu’elle l'a dit devant Pua.





 Ce devait être chaud, avant l'arrivée des chiens et des chats, quand on ne pouvait avoir pour bêtes de compagnie que celles de la même espèce que ceux qu'on mangeait.



Si vous vous rappelez le premier teaser où Vaiana écoutait Maui tout en étant assise à côté de Pua, cette scène est absente du film. Elle donnait à penser que Pua accompagnait Vaiana dans son périple, mais pas du tout: il ne vient que dans une première tentative avec un bateau de pêche qui finit par une quasi noyade, et ensuite la bestiole est traumatisée par l'eau et reste sur l'île.



Heihei, lui, a la déjà la réputation d'être le personnage le plus stupide jamais créé par Disney, et c'est au point en effet qu'il paraît ne pas avoir de cervelle (il picore les cailloux plutôt que les graines). Cette tendance à avaler les pierres va être utile sur la fin, mais pour le reste, qu'il suive Vaiana a laissé certains spectateurs perplexes qui auraient préféré que Pua le fasse plutôt, ou les deux (c'était d'ailleurs initialement prévu).

Les kakamoras:


On dirait des petits lilliputiens...mais ils se donnent un aspect effrayant à l'aide d'armures en noix de coco et sont des pirates qui attaquent à vue. Le tout sur des structures flottantes qui sont un hommage délibéré à Mad Max. Ils sont aussi des méchants à priori, mais pas plus que des "boss de début de niveau" pas appelés à être revus.

Tamatoa:


Ce crabe géant  vit dans le Lalotai, ou dimension des monstres, et a volé le harpon de Maui, obligeant les héros à  faire un premier arrêt chez lui pour le reprendre. C'est peut-être le personnage qui me convainc le moins car sa tête, vue de près, rappelle un peu celle des personnages des films peu inventifs pour enfants des firmes concurrentes.



Son passage ressemble peu au reste du film ce qui peut choquer. Il est proche de la définition d'un méchant, mais ne peut prétendre au rôle d'antagoniste étant lui aussi une contrariété provisoire. Mais il est vrai qu'il est ce passage obligé du monstre comme Shelob l'araignée géante du Seigneur des anneaux dans une telle épopée.



Il a aussi une tendance amusante à briser le quatrième mur comme pour nous demander si on aimé sa chanson, ou demander dans le stinger (oui, il y en a un) que s'il s'appelait Sébastien, on serait plus prompt à l'aider (il est des mêmes réalisateurs que La Petite Sirène, pour rappel).



Les chansons:

Ben oui, le film féerique de l'année et forcément musical. La musique, je ne suis ni pour ni contre chez Disney: ça ne me choque pas quand il n'y en a pas (Atlantide, Les nouveaux héros, les Mondes de Ralph, Zootopie) car on ne voit pas le temps passer. Ça ne me hérisse pas non plus quand il y en a car il ne me semble pas que ça ralentit l'action-elles sont d'ailleurs souvent très mémorables.

Notez tout de même un clin d’œil à "ceux qui n'aiment pas" , car juste après que Vaiana aie lancé une phrase inspirante, Maui répond: "Si tu chantes, je te tape!" Mais elle a déjà chanté avant (Bleu Lumière) et le fera  après (Je suis Vaiana).

Notre terre:



Hum...Peut-être la moins mémorable, c'est tout simplement la chanson qui montre Vaiana grandir en quelques minutes et ses parents qui l'encouragent à rester à terre, l’empêchant d'approcher de l'eau au fil des années. Vaiana développe son sens des responsabilités, s'efforçant de leur faire plaisir et d'assumer son héritage, mais les derniers vers chantés par sa grand-mère l'encouragent à suivre sa "voix intérieure".







Le Bleu Lumière:


Oui, c'est "la" chanson de l'héroïne. Qui fait râler certains depuis Libérée, délivrée mais: cette chanson mérite sa popularité, et celle -ci est parfaite aussi, Vaiana évoquant son attirance inexplicable pour l'eau. Sa reprise triomphale alors qu'elle appareille un peu plus tard se révèle plus magistrale encore.





L'Explorateur:



Une chanson que Vaiana entend un peu inexplicablement alors qu'elle a fait résonner le tambour près des bateaux de ses ancêtres. Et voit ses aïeux se lancer sur les mers, à la découverte de nouvelles îles. La chanson a une très belle intro en  takelau, une langue polynésienne.



Pour les Hommes: 





Maui qui chante ses exploits...Je suis plutôt convaincue par les visuels, qui sont en 2D à l'arrière plan. La technique semble maîtrisée, et j'espère qu'un long-métrage entier réalisé de cette façon verra le jour, comme celui -ci aurait du l'être initialement.



Bling-bling:



Une chanson bizarre (mais terriblement entêtante) dont beaucoup s'accordent à dire qu'elle détonne avec le reste. Il faut admettre, la source d'inspiration était David Bowie!



Sans oublier les effets visuels luminescents rappelant la chanson Mes amis de l'au delà (La princesse et la grenouille).



Tamatoa chante son amour de ce qui brille et c'est proche d'une chanson de méchant, qu'il n' y avait plus vraiment eu depuis Raiponce. Mais elle est plutôt entraînante comparée à de telles chansons dans les films plus anciens (bien que plus inquiétante que L'amour est un cadeau).

Le détail insolite en français, est que Tamatoa  est doublé par Adrien Antoine, alias Batman dans la plupart des adaptations animée! Je sais, même s'il est un milliardaire, imaginer Bruce Wayne chanter cela est perturbant.



En fait, je n'ai pas pensé à lui, le terme "Bling-bling", ça m'a rappelé quelqu’un d'autre...





Je suis Vaiana:



Par les fantômes des ancêtres, de Tala, et Vaiana. Comme le nom l'indique, c'est Vaiana qui traverse une période de doute, mais finit par réaffirmer son identité, d'exploratrice, mais aussi en tant qu'héroïne (alors qu'elle pensait jusqu'alors que c'était le rôle de Maui.) Elle aussi avec de splendides chœurs en takelau.






Depuis le début de  leur dernière renaissance,  les studios Disney ont eu tendance à abandonner les vilains  classiques à part les premiers, le docteur Facilier et Mère Gothel. Et encore : cette dernière est ambiguë puisque belle (elle n'a très brièvement une autre apparence effrayante contrairement à la reine de Blanche-neige) , sans aucun pouvoir magique et se faisant passer pour la mère  (à l'occasion attentionnée ) de Raiponce alors qu' elle aurait pu en faire son esclave dès le début.



 Ça m a frappée à l'occasion des parades d'Halloween à Disneyland Paris, qui sont les jours de sortie des méchants. On peut y voir les classiques comme Maléfique, la méchante reine, Ursula, la marâtre de Cendrillon et ses filles alors qu' a bien y réfléchir ces dernières ne sont jamais qu' une vieille femme et deux filles capricieuses guère effrayantes en soi.



Il y aussi ces vilains plus récents dont le grand public a peut-être perdu le souvenir,  comme  Hadès, Shen yu (Mulan) , ou le docteur Facilier, très apprécié a cette fête (il a même son spectacle, le Carnaval-loween).



Mais depuis?  Non seulement vous trouverez difficilement la Mère Gothel, mais en plus, nulle trace à Disneyland de Mor'du (Rebelle), Lotso (Toy story 3),  Charles F. Muntz (Là-haut), Sa Sucrerie ( Les Mondes de Ralph),  le prince Hans (La reine des neiges), le professeur Callaghan (Les nouveaux héros), l'assistante du maire Bellwether (Zootopie), etc.
















Trop récents?  Non, Facilier l'est aussi. Spoiler? Depuis le temps tout le monde sait qu' ils sont méchants, et ce qu' ils ont fait est bel et bien grave.




Non, le problème réside dans le fait qu' ils n' ont pas la tête de l'emploi et ne feraient peur à personne.  Depuis les années 2010, Pixar comme Disney ont changé de stratégie avec les méchants : plus d'affreux jojo qui a une tête à l'être, effraye les tout petits, et que nous adorons détester.



Non, au début, on ignore ses motivations et elle ou il ressemble à n'importe lequel d'entre nous, pour garder le mystère jusqu'au bout.




Au spectateur désormais de s'essayer au "whodunnit" et trouver qui c'est avant la révélation.



A moins que l'intéressé soit un monstre, comme Mor'du ou  Jangles (Vice-Versa), mais qui ne se montre qu' occasionnellement  (quand il attaque) et ne parle pas ou presque ( n'est du coup pas assez marquant  non plus pour les parades).



Le coup du méchant "surprise" , lui, a été assez travaillé ces dernières années pour continuer à nous étonner, quitte à recourir à l'apparence alternative (Sa Sucrerie),



 à la fausse piste, (le duc de Weselton -La reine des neiges-, Alistair Krei -Les nouveaux héros- , le maire Lionheart-Zootopie- ) ,





 ou à la fausse  mort (Turbo/Sa Sucrerie, Callaghan) qui rend insoupçonnable. Les nouveaux héros avait même recours a une ingéniosité supplémentaire avec un personnage qui semble de prime abord méchant (Yokai) mais dont l'identité secrète est difficile à percer.



 L'un des désavantages de cette méthode à la Cluedo est qu' elle privait de chanson du méchant à proprement parler depuis N' écoute que moi (Raiponce) . L' amour est un cadeau ne compte pas puisqu'elle ne ressemble en rien à une chanson de ce genre et n'inquiète pas.  Ce qui explique qu' un  antagoniste mineur comme Tamatoa aie eu son chant, le genre devait commencer à manquer aux créateurs du  film. Par conséquent, je suis partie en me demandant : quel personnage sera réellement le méchant?

A priori,  on devine assez vite que les réalisateurs s'en seront tenus à l'option monstres, entre les kakamora, Tamatoa et Te ka.













Sauf que...décidément très forts, ils auront réussi une fois encore  à me surprendre.  Le twist, cette fois, étant que Te ka est en réalité Te Fiti, devenue de la sorte après avoir perdu son cœur.
.
J'avoue que le coup de l'identité secrète est un détail auquel je n' avais pas pensé jusqu'ici, même le  méchant secret a été inversé par rapport à d'habitude.




Ce n'est plus une personne à l'aspect amical qui se révèle démoniaque, c'est un démon qui s’avère être bon. Sur ce dernier point, Te Ka/Te Fiti est un cas presque unique de "méchant " qui devient gentil à la fin au lieu d'être vaincu (à part quelques séides comme Iago et Percy).








Autre originalité du film, la fille sauve le monde. Bien sûr, certains regretteront sûrement qu'elle n'y soit pas allée toute seule, comme on avait reproché à La Reine des neiges qu'Anna parte avec Kristoff  chercher sa sœur; alors que dans le conte original Gerda, équivalent d'Anna, partait en solitaire sauver un garçon, Kai.
















Mais attention: Vaiana ne va pas juste chercher l'homme fort pour qu'il soit le vrai héros; ça, c'est ce qu'elle a d'abord cru. Ce n'est plus comme dans Taram et le chaudron magique, où après qu’elle aie délivré Taram de sa cellule, la princesse Eilonwy n'est plus rien  car le garçon trouve une épée magique aussitôt après.





Ici non seulement elle sert encore à quelque chose après que Maui aie retrouvé une arme magique, mais en plus Vaiana n'est pas le guide (qui l'oblige à reprendre le droit chemin) et Maui le héros comme ils le pensaient jusqu'au climax; c'est Vaiana le héros et Maui le mentor (entre autres car il lui apprendra à naviguer). Pour preuve la phrase "Va, sauve le monde" dite d'abord à Maui puis finalement à Vaiana.



Mark Mancina, le compositeur, est déjà un nom familier  aux fans pour avoir écrit la musique de Tarzan et Frère des Ours. Côté voix, dans les années 1990 encore les voix des personnages n'étaient pas de la même ethnie que les héros eux-mêmes en VF comparé à la VO.

 Mais aujourd'hui il y a heureusement concordance dans toutes les langues; on trouve les maoris Auli'i Cravalho et Dwayne Johnson (Vaiana et Maui) en VO, et Cerise Calixte  ou Mareva Galanter (origines tahitiennes, pour Vaiana et sa mère) en VF.

Toujours dans cette version, Anthony Kavanagh ( Maui ) a déjà été entendu dans d'autres Disney comme La Princesse et la Grenouille (Ray) ou La ferme se rebelle (Buck).



La VO a aussi une voix familière, Alan Tudyk, qui fut Sa Sucrerie ( Les Mondes de Ralph),  le duc de Weselton (La Reine des neiges),  Les Nouveaux Héros (Alistair Krei), et Zootopie ( Duke Weaselton). Ici, sans doute à titre de gag, son rôle est le simplement du monde...Heihei.

Je n'ai que deux bémols : Te Ka peut impressionner les très jeunes enfants. Et si vous êtes sujets au mal de mer, ou la phobie de l'eau, les scènes de tempête où l'esquif se retourne risquent d'être pénibles pour vous! (la scène où Vaiana a le pied coincé par un corail et ne peut remonter à la surface est anxiogène pour qui craint la noyade).

Mais sinon, ne vous abstenez pas!