lundi 26 janvier 2015

3) Ce qu'il ne faut pas mettre dans une histoire d'amour: Histoire qui débute par la violence


Suite de ce qu'il ne faut pas mettre dans une histoire d'amour

(note: j'use du terme anglais love interest, plus clair et concis que "intérêt amoureux"  ou "sujet d'amour" en français et qui désigne la personne sur qui le/la héros/ïne a des vues. Quant à un trope, c'est un modèle dans une histoire ou un trait caractéristique chez un personnage, qui apporte de l'information au public. Un trope devient un cliché quand il est trop utilisé, selon la définition d'Anita Sarkeesian dans The feminist frequency.)







Par "violence", j'entends un sujet sensible et extrêmement délicat à traiter, donc gare aux âmes sensibles justement, car je parle là des derniers outrages.

Les évoquer risque d'être une épreuve pénible tant pour le lecteur ancienne victime ou tout simplement capable d'empathie; donc là est le côté délicat, et pourtant, l'outrage est souvent employé à tort et à travers.

Tout d'abord, en dehors du contexte romantique, c'est une béquille scénaristique facile employé par certains auteurs pour justifier l'existence d'une carrière héroïque pour une femme forte, parfois à posteriori. Imaginez une amazone à la Lara Croft qui est forte physiquement, moralement, aventureuse et experte dans le maniement des armes...



Souvent, certains auteurs "repreneurs" d'un tel personnage (fréquemment dans le cadre d'une adaptation donc) n'imaginent pas qu'une femme au comportement si "masculin" puisse l'être par simple choix et de sa volonté propre comme le ferait un personnage mâle semblable. Donc ils inventent un trauma initial qui est forcément  un viol: c'est le scénario dit du "Rape And Revenge."

L'anti-héroïne Black Cat (Marvel) s'est ainsi récemment vu attribuer une telle histoire d'origine ayant  lancé sa carrière.


En parlant de contexte super-héroïque: tant les personnages de femmes fortes façon Lara Croft, mais "normales" que les super-héroïnes peuvent aussi, bien sûr, se lancer dans un tel métier par conviction et non par traumatisme.

Imaginez en particulier la catégorie de super-héroïnes au pouvoir dévastateur ou/et à la force physique surnaturelle qui pourrait leur permettre de triompher des bombes ou des séismes...






....Bref, comment osent-elles? Car en effet, la dure à cuire normale comme la super-héroïne, si elles échappent à l'histoire d'origine traumatisante , risquent de subir en cours de route  de la part d'auteurs repreneurs, (si ce n'est une mort prématurée) des outrages qui briseront un "orgueil" réel ou présumé.
En pareil cas, non, vous n'aurez pas rendu plus "humaine" une demi-déesse intimidante, vous aurez trainé dans la boue celle qui était probablement déjà une icône, en usant du stéréotype du "bon coup" qui aidera la femme libérée à "penser plus droit". Un peu de respect des minorités, par pitié!

Dans Lady Oscar, l’héroïne en titre s'habille en homme et exerce le métier de capitaine de la garde.



 Un moyen plutôt brutal de lui rappeler son sexe biologique se produit à cause de son valet André. Celui-ci s'est jusqu'alors comporté avec calme, romantisme, et en parfait gentleman.


 Et soudain, ses sentiments alors à sens unique envers Oscar vont le pousser à faire une brusque tentative très "hors du personnage".




Toutefois il cesse de lui-même, et ne retouchera à Oscar qu'une fois ses sentiments réciproques et qu'elle soit devenue elle-même consentante.



André n'en semblait pas moins en parfaite situation de déraillement. Pensez donc qu'un personnage jusqu'alors digne de confiance prendra un goût nauséabond si vous le montrez s'abaissant subitement à un tel procédé.

En fait, le viol n'est déjà dans la fiction que trop tristement commun, et ne devrait se justifier que de deux façons: en cas de guerre ou/et d'invasions (ce qui était hélas historiquement vrai) ou commis par un méchant (à ajouter à son catalogue d'atrocités).

 Ou encore, pour expliquer un personnage mauvais: son passé contiendrait un traumatisme relatif à de l'abus, dont on comprend aisément qu'il conduit à désirer une revanche contre la monde entier (dans la vie réelle, c'est souvent  l'explication derrière les agissements des serial killers).

Nakago (Fushigi Yuugi) sinistre exemple d'ex-enfant outragé.

Et encore, dans les supports visuels,  ce drame est bien trop souvent montré comme un moyen de se rincer l'oeuil pour le spectateur, difficile  de faire preuve d'empathie en ce cas.

Mais commis par un personnage sensé être positif ou pire, le héros? Si vous n'y voyez pas comme une contradiction, essayez au moins d'y réfléchir.



Rappelons que même si le crime de  viol conjugal  n'existe pas dans certains pays (comme le Japon) l'absence de consentement reste considéré comme un outrage même au sein d'un couple officiel. Y compris un couple ivre, par exemple: résister à l'emprise même des stupéfiants, n'est-ce pas le propre des héros?

Et contrairement à une croyance populaire, ce n'est pas "moins grave" parce que la victime sera un homme abusé par une femme. Non seulement cela est possible en vrai, mais un double standard persistant montre souvent sous la chose sous un angle comique alors qu'en réalité la souffrance est réelle chez ces victimes.

Ou alors on montrera la victime masculine s'en "relever" très vite alors qu'en fait la torture mentale sera aussi forte (surtout s'il est mineur) que l'assaillante soit belle ou laide. (si elle est belle la réaction usuelle sera "Quel veinard!", laide, "C'est trop drôle!")


Un exemple affligeant  a concerné Batman, drogué  façon GHB et abusé par la super-vilaine Talia Al'Goul comme une simple ado fêtarde en boîte.


 Et qui en prime verra débarquer dix ans plus tard le fils bâtard produit de cet abus, (supposé mort-né jusqu'alors) qui non content de cela est un sinistre assassin précoce  comme sa mère et son grand-père...Mais ne se verra pas moins accueilli à bras ouverts! Imaginez le scandale si les sexes avaient été inversés!



Sanguinaire, arrogant, précocement assassin, mal élevé et  né d'un outrage: c'est sûr, c'est exactement comme cela que je voyais le fils de Batman, et aussi Robin. *mode sarcasme*


Ce n'est pas moins grave non plus s'il s'agit d'une tentative: la victime aura autant de mal à surmonter le trauma en repensant  à ce qui aurait pu lui arriver. Ni perpétré sur une victime inconsciente: son imagination sera une torture en apprenant la vérité. Enfin, c'est grave aussi quand le chantage, la manipulation ou la drogue ont été utilisés, car ils passent aussi outre le consentement.

Les histoires romantiques sont un contexte où l'outrage est aussi hélas très utilisé. C'est là qu'est le nœud du problème: pensez vous que ce soit la meilleure façon de démarrer une histoire d'amour?

Cela arrive généralement de trois façons:

1) Juste après l'agression voire pendant, la victime réalise que...cela lui a plu. Donc elle retourne voir le violeur et lui demande de recommencer; une relation suivie et plus classique débute alors.

2) La victime (quand c'est une femme) se découvre enceinte; soit par moralité soit parce qu'elle est dans un espace temps ne lui permettant pas d'agir autrement, elle conserve l'enfant, sans même penser à l'adoption pour ce dernier. Et curieusement, pour attribuer un  père à l'enfant , elle n'envisage pas un beau-père correct...mais le biologique, et donc criminel, auprès duquel elle devra vivre.

3) La victime a des raisons de vouloir éviter que la justice ne rattrape son agresseur. (souvent parce qu'ils étaient un couple officiel mais que l'un se sera passé du consentement de sa moitié pour leur première fois) Donc, elle le protège à postériori, prétendant avoir été consentante. De nouveau et pour couvrir ce mensonge, une relation classique doit débuter. (combiner le 2 et le 3 se produit souvent)

Et pourquoi tout cela est aussi malsain qu'irréalisable?

Cas n°1)

Car il s'agit d'un code propre au porno et qu'en dehors de cet univers précis il n'est tout simplement pas envisageable. En mars 2014, l'émission de la Saint-Valentin du Joueur du grenier évoquait le jeu japonais de 1986 177 qui montrait un homme courant après une femme et dont le chiffre servant de titre paraissait bien mystérieux.


Jusqu'à ce que le caméraman, Seb, explique qu'il s'agissait du chiffre du paragraphe du texte de loi régissant les viols au Japon. Le JDG arrachait alors légitimement la prise de la console...

Mais à ce stade je n'avais alors pas compris le but du jeu, qui semblait être d'incarner la femme et de réussir à semer l'agresseur. Ce qui aurait déjà été d'assez mauvais goût et justifierait effectivement à lui seul l'arrêt brutal de la console. Et bien pas du tout: il s'agit d'incarner l'homme, de rattraper la fille, de la coincer chez elle et d'en abuser. Deux fins sont possibles: soit vous vous y être pris comme un manche et elle appelle ensuite la police, soit le personnage-joueur est un bon coup et sa victime l'épouse. Et oui c'est un jeu classé X.

Comme disent les américains, "C'est mauvais à tellement de niveaux". Dans le porno, on dédouane l'absence de consentement (souvent voulu par le scénario puisqu'il tient sur un timbre poste) en se disant que ce n'est pas grave puisqu'au fond la victime a aimé ça, que le "héros" est tellement doué que ça ne pouvait que plaire, et que la plainte et le recours à la justice c'est juste pour les loosers qui ne savent pas procurer de plaisir (et c'est la seule chose apparemment qui justifie que la victime se mette en colère.) Les conséquences psychologiques ? La personnalité de la victime, l'impact sur sa vie? Pfft! Pas le temps pour ces palabres en raison du timbre poste évoqué plus haut.

Maintenant, revenons sur terre et aux histoires plus classiques. Sachez que même chez la plus nymphomane des victimes ou un travailleur du sexe, un rapport forcé (ne serait ce que parce qu'on avait prévu de passer sa soirée autrement) ne sera jamais une partie de plaisir. ( et dans le second cas ce serait en prime du vol, tout travail mérite salaire) Dans la réalité, toute une préparation psychologique est nécessaire et on ne peut pas se sentir prêt(e) à la moitié ou la fin de l'acte juste parce que l'agresseur est expérimenté. Ce que la victime ne sera jamais à même d'apprécier: le consentement, voilà la clé pour que ce soit un plaisir.  Et le fait d'être assailli par un parfait inconnu met évidemment encore moins à l'aise.

Est-ce bien nécessaire de rappeler le danger de montrer le criminel "récompensé" en quelque sorte pour son acte? Non seulement il commet l'abus mais ne sera pas rattrapé par la justice et n'en tire aucune conséquence déplaisante puisque son ancienne victime deviendra un(e) petit(e) ami(e) attentionné(e)... L'acte en lui-même est illégal et en faire l'apologie au grand public, vous voyez où est le problème, rassurez -moi?

Surtout en ces temps où c'est déjà dur dans le simple cadre de la séduction de faire comprendre à certains que "Non" n'a jamais voulu dire "Insiste encore".



Quand ajouter des références tout public devient compliqué...


Et ne tombez pas dans le piège d'inverser les sexes pour que cela passe mieux! Un autre jeu porno des années 80 vous faisait incarner une femme (dans le but évident d'éviter le scandale par double standard)  entrant par les fenêtres de ses voisins pour en abuser un par un, sans qu'un seul ne s'en plaigne. Double standard à part, réfléchissez: un homme abusé par sa voisine qui sera entrée par effraction chez lui en sera-t-il si ravi que ça, si belle soit -elle? (l'apparence "tas de pixels" ne permettait d'ailleurs pas d'en juger) Et qui dit que dans son voisinage tout le monde est célibataire, hétéro, et majeur?

Mais où donc est le problème d'user des codes de la pornographie? Et bien ce faisant, vous trahissez votre source d'inspiration justement. Et l'autre raison, est que ce qui s'applique à cet univers ne fonctionne jamais ailleurs. Si vous écrivez autre chose qu'une fanfiction slash, ce serait de mauvais effet que laisser à entendre que vous avez fait votre éducation des scènes de séduction devant un monde où non veut dire oui et où les femmes "aiment" qu'on leur fasse violence: votre crédibilité d'auteur en prendrait un coup.

Cas n°2)

On a vu ce cas-là des histoires plus classiques (souvent des drames), et contrairement au précédent adoptant plutôt le point de vue du personnage féminin. Il s'agit souvent ici de démontrer son abnégation, sa force de caractère et sa pureté morale. Mais la fin justifie-t-elle les moyens, je veux dire n'existe-il aucune autre façon de démontrer ces qualités chez une héroïne? Dans la série d'animation L'Autre Monde, Sarah, une adolescente violée à deux reprises par des soldats dans un but de reproduction gardera son enfant pour démontrer sa moralité dans un monde qui n'en a plus...mais au moins dans son cas le père présumé est déjà mort.



Est-il nécessaire de demander de se figurer la difficulté psychologique de porter et garder un enfant né d'un abus, rappelant constamment cette épreuve par sa présence? La justesse d'une héroïne qui décide de ne pas sacrifier un être qui n'est pas responsable de ce qui lui arrive, admettons, (surtout à une époque aux moyens médicaux limités ce qui semblait être le cas dans L'Autre Monde ) mais mère et enfant ne seraient -il pas plus heureux si ce dernier était confié à un couple harmonieux ?

 Il existe en fait moult possibilités pour l'héroïne de ne pas subir (plus encore) les conséquences de l'abus. A part celle décrite plus haut, elle peut rester célibataire ou épouser un garçon digne de confiance par la suite...mais non. Neuf fois sur dix, on en arrive à la situation ubuesque où elle doit se marier au violeur et élever leur enfant avec lui. Pourquoi? Droit du sang? Façon de mettre ce dernier en face de ses responsabilités? Perdu: soyons justes, une vie maritale et une responsabilité de père n'ont jamais constitué un équivalent à une peine de prison. Imaginons aussi le futur  malaise quand l'enfant manifestera de la curiosité sur les circonstances de sa naissance et la rencontre de ses parents...

Si ces échappatoires ne sont pas utilisés, c'est que dans les histoires romantiques le but de la manœuvre est que l'héroïne s'habitue au père de l'enfant et en tombe amoureuse. Encore une fois, ce dernier se verra donc "récompensé" même si cela aura pris plus de temps que dans le cas précédent...Mais c'est toujours illégal, et en plus, apparemment dans une histoire qui s'encombre de psychologie et s'inquiète du point de vue de la victime! La façon dont l'histoire a débuté n'est pas un obstacle naturel à surmonter pour le couple et ses sentiments, c'est rédhibitoire, point barre. Le "héros" n'en ressortira jamais grandi, l'héroïne peut exprimer sa grandeur d'âme autrement.


Cas n°3)





 Cette version est étonnamment commune dans les récits romantiques à commencer par les shojos mangas. Dans le manga/anime Reincarnations: Please Save My Earth, un groupe de scientifiques extraterrestres sont basés sur la lune et l'un d'eux, Shion, est enfermé temporairement dans une cellule après avoir commis une faute et confie à la belle Mokuren qu'il n'acceptera de s'assagir que si cette dernière couche avec lui. Le but de Shion est à la fois de nuire à Shûkaidô, qu'il déteste et qui est amoureux de Mokuren, et de déposséder cette dernière de ses pouvoirs (sur les plantes) qui exigent sa virginité.



Mokuren d'abord hésitante viendra le rejoindre sans qu'on sache exactement ce qui s'est passé. En effet, par la suite, ses pouvoirs n'ont pas disparu; n'y a -t-il pas eu que tentative à la place? Quoiqu'il en soit, les autres membres de l'équipage s'apprêtent à infliger à Shion un châtiment pire encore, quand Mokuren intervient en affirmant avoir été consentante et que Shion et elle viennent de se fiancer en secret. Il est donc libéré et une relation qui ira au-delà même de la mort commence, puisqu'elle se poursuivra sur la terre comme l'indique le Reincarnations du titre.

Quel est donc le problème des shojos avec les outrages? En effet, on voit trop souvent une relation normale et stable commencer à partir de ce stade, alors qu'en réalité c'est plus que douteux que la victime n'oublie jamais le trauma initial. Un "héros" ne saurait être perçu de façon positive ou comme un exemple à suivre s'il cède à de bas instincts tant au début de son histoire avec sa moitié qu'au milieu.

Idem dans les shonen à portée romantique.



Dans I's, Ichitaka manque d'abuser de sa love interest Iori, invoquant un trouble de la personnalité appelé "Mr. l'inversé" qui lui fait faire l'inverse de ce qu'il pense réellement...piètre excuse, qui mène au principal prétexte d'un viol ou tentative de viol à mi-course.








Soit cela est perpétré par le protagoniste lui-même, éloignant légitimement son love interest pour un temps plus ou moins long car leur confiance est brisée. Ou bien un personnage méchant s'en prend de la sorte à l'un des deux, qui se sent "souillé" et "indigne" de son love interest pendant un temps plus ou moins long encore. (bien que ce ne soit pas sa faute) Bref, c'est utilisé comme un obstacle dans la progression d'une relation.  Or, une foultitude d'autres moyens (autre qu'un(e) rival(e) bien sûr!) peut -être utilisée, comme indiqué à la fin de cet article.

Si votre personnage est un méchant, qu'il cherche à perpétrer des abus peut certes faire partie de sa nature...Mais, faites-vous plutôt un anti-héros qui ne s’embarrasse pas de manières? Qu'il respecte au moins celles-là, car sinon l'horizon moral serait à jamais franchi.



Même un héros que vous souhaitez avec une tendance au Dom Juanisme ne devrait jamais se passer du consentement de ses conquêtes. Après tout, même Nicky Larson/Ryo Saeba n'a jamais traîné ses clientes dans une rue sombre mais leur a toujours demandé auparavant si elles voulaient aller au "restaurant végétarien"! Autrement son capital sympathie aurait été fortement entamé.

Sinon, on peut toujours compter sur Laura/Kaori et sa massue.


Dernier point, un héros "irrésistible" qui se voit récompensé de ses abus ou une héroïne capable  de l'incroyable abnégation d'élever un enfant né d'un outrage portent un nom, ceux de Gary Stu ou Mary-Sue, à éviter absolument.

Si vous doutez encore de la façon dont la béquille du dernier outrage peut nuire à un récit et à un personnage, songez à l'exemple de sinistre mémoire de Mrs. Marvel. Dans un combo infernal, il a rassemblé les tropes de la super-héroïne dégradée, la grossesse non désirée, l'abuseur à la fois impuni et récompensé avec de l'inceste pour empirer le tout.



Mrs. Marvel était à l'origine Carol Danvers, qui dans les années 60 était une simple mortelle (dans la Air Force) amoureuse du héros extraterrestre Capitaine Mar-Vell.



 (à ne pas confondre avec le Capitaine Marvel de Fawcett Comics).

Celui qui dit "Shazam".



Une manipulation génétique plus tard, elle gagna des pouvoirs pareils aux siens, et devint une acolyte/majorette féminine caractéristique avec un costume également semblable.


 (comme Supergirl, Batgirl, Hawkgirl, Bullet-girl, Doll-girl...).


"Des auxiliaires féminines en costume mais surtout des pom-pom girls" (documentaire  Super-héros l'Eternel Combat.)

Mais Capitaine Marvel fut racheté par DC Comics après que Fawcett Comics eut mis la clé sous la porte et la confusion devenait inévitable.  Capitaine Mar-Vell mourut donc et Mrs. Marvel commença une carrière solo. Ses pouvoirs en font l'équivalent de la Maison des Idées (Marvel éditions, donc) de Wonder Woman.



Tout allait bien jusqu'en octobre 1980 où Mrs. Marvel à l'époque célibataire se réveilla enceinte sans savoir comment, elle avait donc été abusée.


La grossesse ne dura que trois jours et le bébé, un garçon prénommé Marcus, grandit si vite qu'il était adulte en peu de temps. Il révéla avoir remonté le temps pour hypnotiser Mrs. Marvel et, sans son consentement, s'être engendré lui même. Oui: il avait abusé de sa propre mère!

Comme un air de déjà vu avec Batman...




Fry de Futurama avait la décence d'avoir conscience d'être un dépravé après avoir engendré son père dans le passé!



Il semblerait logique, après cette aveu monstrueux, que Mrs. Marvel aie repoussé Marcus, son fils abuseur et incestueux. Pas du tout! Encore une fois, son viol "lui a plu" et Mrs. Marvel suit Marcus pour régner avec lui sur les limbes.



Et normalement c'est là que vous devriez avoir besoin d'un de ceux-ci



Cette histoire était si embarrassante qu'elle élimina Mrs. Marvel des comics pendant une année, afin de se faire oublier. (après quoi Mrs Marvel affirma avoir suivi son fils contre sa volonté).



Autant dire qu'elle eut la chance de faire un come-back solo (on sut seulement que Marcus était décédé depuis), d'avoir acquis pour elle-même le titre de Capitaine Marvel, ayant laissé celui de Mrs. Marvel à une ado pakistanaise, Kamala.



 Son nouveau compagnon est un scientifique devenu lui-même surhomme des suites d'un accident de laboratoire et connu sous le nom de Wonder Man .





Non, aucun lien. (pas son cousin!)

 Mais, sa femme reste une fois n'est pas coutume la plus célèbre des deux...Voilà qui aurait pu plus mal finir pour elle.

Preuve ultime de "Ça s'est fait mais ne doit plus se faire" le trope polémique  Rape Is Love a été effacé de TV tropes malgré son utilisation effective pour éviter d'encourager la pratique.

jeudi 22 janvier 2015

2) Ce qu'il ne faut pas mettre dans une histoire: Il ne (doit) pas y avoir d'amour heureux



Suite de ce qu'il ne faut pas mettre dans une histoire d'amour.

(note: j'use du terme anglais love interest, plus clair et concis que "intérêt amoureux"  ou "sujet d'amour" en français et qui désigne la personne sur qui le/la héros/ïne a des vues. Quant à un trope, c'est un modèle dans une histoire ou un trait caractéristique chez un personnage, qui apporte de l'information au public. Un trope devient un cliché quand il est trop utilisé, selon la définition d'Anita Sarkeesian dans The feminist frequency.)









Vous connaissez la chanson: soit disant les histoires d'amour finissent mal, en général...Sauf que ce n'est pas vrai: si les histoires de nos parents avaient toujours mal fini, nous ne serions pas là pour en parler.

C'est sûr, une histoire d'amour retient l'attention parce qu'elle subit des péripéties ...Mais au point que ça ne finit jamais bien? Brassens quand il chantait qu'Il n'y a pas d'amour heureux suivait une mouvance selon laquelle bon nombre de chansons nous content en effet une telle histoire. Mais au-delà d'une chanson de trois minutes, réfléchissez.

Mal finir peut vouloir dire mort ou rupture. Dans le premier cas, OK: c'est la base des tragédies façon Tristan et Iseult ou Roméo et Juliette.



Mais évitez le/la héros/oine dont les love interests meurent vite et successivement comme des mouches: une fois qu'ils seront habitués à cette règle, le lectorat ne s'attachera pas à eux et ne ressentira pas la perte.

Les ruptures à répétition sont certes un prérequis des shojo mangas et des soap operas, on les lit ou regarde entre autres pour cela. Mais ailleurs? Sincèrement, oubliez.



L'émission Ces dessins animés là qui méritent qu'on s'en souvienne ont évoqué ce cliché sous le titre "Les couples heureux ne font pas vendre" dans leur numéro consacré aux recettes les plus foireuses (qui dénonce aussi celle du triangle amoureux sous le nom "Heureusement, il y  a William") et ont  résumé cela de façon parfaite.

Voir ici.



En gros, un couple se déclare enfin et on est impatient de voir ensuite comment ils vont gérer le fait d'être en couple...non, l'un est déjà fiancé, meurt, devient amnésique voire le bouton "reset" est pressé pour les deux à l'épisode suivant.

Par reset j'entends l'habitude fatigante de faire oublier les avancées dans une relation d'un couple dans une série, parfois pas aidée par un grand nombre de scénaristes. Ce fut le cas dans Futurama où après  avoir été repoussé quatre saisons durant par Leela ( et avoir trouvé une copine venue de nulle part dans le second film), Fry concluait avec cette dernière à la fin du quatrième film...et Leela annonçait  qu'elle "n'avait pas de petit ami" à l’épisode 8 de la saison suivante! Par chance, un sursaut de lucidité avec la finale de la série les fera aussi repartir comme en 14.






En haut: Fin du dernier film  de la série ayant servi de saison 5. En bas: épisode 8 de la saison 6 où Leela affirme n'avoir que son extraterrestre de compagnie pour l'accompagner au bar. Alzheimer à son âge, c'est triste.




Parce que hein, en arriver enfin à ce stade de l’officialisation, les lecteurs ou spectateurs vont décrocher c'est sûr...Seule l'ivresse du début compte selon les tropes appelés "Lit de mort du coupling" ou "Le grand amour est ennuyeux". En réalité, faire durer ladite relation est un challenge tout aussi intéressant à explorer.

Et oui, des enfants qui vivent le divorce de leurs  parents ou la rupture de frères ou sœurs aînés seraient rassurés de savoir que parfois l'amour marche.

J'ajouterais qu'une telle recette devrait être évitée non seulement dans les dessins animés et les œuvres consacrées aux enfants mais aussi ailleurs! Une relation stable, ennuyeuse?

Sur quels critères? En réalité, ce n'est souvent le cas que si l'un des participants est une Mary Sue (autre piège d'écriture sur lequel je suis revenue). Autrement dit un être parfait et effectivement ennuyeux. Sinon?  Mais oui, des tas de choses peuvent encore se produire: problèmes d'entourages, dispute, gérer sa carrière de front, demande en mariage, enfants, etc.




















Comme expliqué dans L'article précédent, les auteurs de Marvel ont trouvé pertinent en 2007 d'effacer de la continuité le mariage de Spiderman et Mary Jane via un pacte avec un démon. (arc One more day)

Pas étonnant que cette image illustrait ce point dans  Ces dessins animés là qui méritent qu'on s'en souvienne.


Depuis? Mary Sue  power entre le self-insert de la fille de l'éditeur ou la "Spider-woman" aux mêmes pouvoirs, aux capacités encore plus grandes, au nom très "Sue" (Cindy Moon) et avec le spider-sens "Accouplement automatique" (sérieusement). Bref c'est du niveau de Fanfiction.net sauf que c'est sensé être officiel.


Baptisée Carlie comme la fille du patron certes, mais au moins ressemblait à une girl next door comparée à celle qui va suivre.


Cindy ayant soit disant été piquée par la même araignée en 1962. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu.





Et à quoi bon puisqu'on sait qu’apparemment Spider-man n'est  digne d'attention que seul? Donc on ne s'attend pas à ce que toutes ses nouvelles relations durent.

Et effectivement ce ne fut pas le cas.






Même problème chez DC comics où l'on a pensé rendre les personnages plus "intéressants" en les rendant célibataires. (du moins jusqu'au reboot de 2016) Problème: avait-t-on oublié leurs conjoints pour autant? Non.

C'est le souci de vouloir réécrire un couple mythique (dans le sens d'iconique), dans le cas d'une adaptation. Par mythique, je n'entends pas au centre d'une histoire romantique comme Roméo et Juliette. Mais ceux qui se sont créés dans le cadre d'une histoire d'action et d'aventure, ceux dont un nom cité fait immédiatement apparaître celui de l'autre dans la case recherche de Google:

Robin des bois et Marian ,Adam et Eve, Tarzan et Jane, Mickey et Minnie, Bonnie et Clyde, Homer et Marge Simpson, Morticia et Gomez Adams, la Belle et la Bête, Ken et Barbie, Superman et Lois, et Spider-man et Mary Jane donc.

Dites encore, au regard de ceux-là, que tous les couples mariés sans tensions sont inintéressants...

Comme on peut le constater, l'ancienneté ne change pas grand chose à l'affaire: certaines de ces paires ont une origine qui se perd dans la nuit des temps et d'autres juste un quart de siècle, et peut être que leurs auteurs originels ne les appréciaient même pas (Jane, avec Edgar Rice Burroughs).



Comment sait-on qu'un couple est mythique? Leurs noms sont souvent cités pour flatter son conjoint: "Je suis ton/ta [insérer nom de la moitié mythique] de ton/ta [insérer autre nom]."

Comme dans la chanson The one de Teebc "I'm your Superman and you're my Lois Lane ,I'm Spiderman and you're Mary Jane , And I got your bat - Bruce Wayne" ("Je suis ton Superman et tu es ma Lois Lane, Je suis Spider-man et tu es Mary Jane, et j'ai ta chauve-souris, Bruce Wayne.")

Une fois iconique, un couple reste indéboulonnable. Ce qui ne veut pas dire que certains n'essayent pas y compris chez les entreprises possédant lesdits personnages.

Il y eut One more day, mais aussi Blaine chez Mattel. En 2004, et étrangement sur vote public, Mattel évince Ken et déclare la poupée Blaine (blond, surfeur, et décérébré: le combo gagnant) nouveau petit copain de Barbie.




 Et? Rien. Les films en CGI de Barbie ne changèrent pas et Ken interprétait toujours les rôles masculins. Il était également toujours fabriqué mais en tant qu'ami de Barbie. Autrement dit une fillette était toujours libre de l'acheter plutôt que Blaine et de continuer le même business. Tant et si bien qu'après sept  ans Ken fut réuni à Barbie le jour de la Saint-Valentin (juste à temps pour Toy Story 3) et Blaine n'est plus vendu; peu de gens se rappellent en fait son existence.

Dans leur cas, on peut parler de prédisposition génétique à être ensemble.


 Était-ce bien malin de vouloir l’enfoncer entre des gens littéralement "faits l'un pour l'autre"?
























Lady Marian subit elle aussi les pires vicissitudes ces derniers temps, avec la version tournée pour la télévision (BBC) entre 2006 et 2009 de Robin des Bois.


Elle fut tuée à la fin de la seconde saison, laissant à Robin le choix entre Kate (autre Mary Sue insupportable) et Isabella...jusqu'à ce que la série cesse par manque d'intérêt, que Robin soit tué aussi et montré retrouvant Marian dans l'au-delà.



Dans la série Once upon a time qui s’embarrasse peu de logique, Marian aussi meurt et Robin s'en console étrangement auprès de la Reine Sorcière de Blanche-Neige.





 Mais un voyage dans le temps ramène Marian vivante...et celle-ci, contre toute attente, déclare tranquillement qu'elle "s'écartera de leur chemin". C'est finalement une malédiction à  base de gel, et le fils de Robin et Marian qui obligera les trois à s'établir loin de la  Reine (Régina) rétablissant apparemment un peu le canon.






Vu que Once upon a time s'inspire des versions Disney, ne pensez pas trop fort au fait que deux des intéressés sont à l'origine des furries! (animaux anthropomorphes!)
















Bon, je me disais aussi: En fait la méchante sorcière de l'ouest  avait revêtu l’apparence de  "Marian"  tout ce temps, et donc était effectivement morte pour ce qui la concerne. Pas étonnant que "Marian" se fiche autant de l'histoire avec Regina...Pour autant, Marian en tant que telle  est maltraitée en de multiples autre adaptations:  Robin  (Max Boublil) dans Robin des bois la véritable histoire affirme la trouver moche tandis que Blackadder (Rowan Atkinson) dans son long-métrage  séduit Marian sans problème en voyageant à l'époque de Robin des Bois!



Et...encore une fois, rien. Cela a-t-il éliminé Marian de la mémoire collective? Non.




Qui dans le grand public sait que Spider-man n'a plus Mary Jane? (n'avait plus jusqu'en 2018 du moins?) Peu de gens notamment grâce aux adaptations en films (qui souvent racontent l'histoire d'origine et n'ont pas le temps pour les autres subtilités des comics). Et c'est ce qui compte.

 Vous avez le droit de réécrire de la sorte un couple mythique, d'inventer quelqu'un d'autre dans la vie du/de la héros/ïne. Ça prouve que vous avez des tripes et on saluera sûrement votre audace dans un premier temps. Mais même si vous être un auteur "canon", ça s'en tiendra là: n'imaginez pas que votre vision des choses va forcément s'imposer et supprimer et annuler tout ce qui s'est produit auparavant, là ce serait avoir une tête bien enflée.

N'importe qui a le droit d'écrire Pénélope et Zeus comme un couple dans son livre ou scénario. Ça ne la fera jamais cesser d'être la femme d'Ulysse dans la mythologie. Une mythologie c'est la liste de quelques faits que tout le monde et sa mère sait sur un personnage célèbre, c'est se battre contre des moulins à vent que d'aller contre cette mémoire collective; mieux vaut aller avec le courant.

Soit. Mais si votre travail est 100% original, si ce n'est pas une adaptation, pourquoi votre personnage titre ne connaitrait -il pas des relations à répétition? Pour plusieurs raisons: des ruptures et déprimes post-ruptures trop nombreuses distrairaient le lecteur ou spectateur de l’intrigue principale si le sujet n'est pas romantique.



Le personnage gère au contraire les ruptures comme si elles n'étaient rien? Cela sape le réalisme: votre protagoniste en paraîtrait froid et sans émotions.

Les conquêtes du personnage meurent toujours ou c'est lui/elle qui se fait toujours jeter? Il/elle en aura une belle réputation de malchanceux/se avec qui le public n'a guère envie de s'identifier, et de s'attacher à ses love interests. (La malchance est certes au cœur de Spider-man mais justement, on appréciait d'autant plus qu'il aie un break. )

Au contraire, le protagoniste est toujours celui/celle qui rompt le/la  premier/ère? Bravo (sarcastique) vous avez obtenu un parfait butor!  C'est un méchant? Ça ne fait rien, continuez. C'est supposé être un personnage positif? Comment peut on encore considérer comme positif et à valeur d'exemple un/une héros/ïne qui trompe son copain/ine avec le frère, la meilleure amie ou l'adversaire de ce/tte  dernier/ère?

Le Cid de Corneille disait déjà que  "L'infamie est pareille et suit également, Le guerrier sans courage et le perfide amant. " Votre héros/ïne semblera bien peu crédible et digne de confiance si elle ou il manque à ses vœux avec sa moitié. Si vous espérez qu'elle ou il gardera néanmoins son potentiel sympathie et qu'on lui pardonnera tout: vous avez pondu une Mary Sue, dont l'une des bases est justement que "tout le monde est amoureux de lui/elle".

J'ajouterais que personne n'a envie de suivre l'histoire d'un(e) héros/ine et de son/sa love interest principal(e), dont on n' a cessé de nous dire qu'ils étaient importants l'un pour l'autre, pour tout casser dans les dernières minutes de la fin et les faire marcher chacun (ou l'un d'eux) au bras d'autres protagonistes  moins intéressants. Dire qu'ils sont heureux quand même ou/et que ces autres protagonistes sont mieux de toute façon, n'y change rien: c'est du "Raconte et ne montre pas", une grosse faute. Ce que l'on montre est important dans la fiction: c'est le principe du "fusil de Chekov", on ne montre que les objets qui comptent. Peu importe le nombre d'histoires d'amour qu'un protagoniste est censé(e) avoir eu ou aura avant ou après le moment présent, ce qui compte c'est la romance qu'il ou elle vit à cet instant  précis. Indépendamment des qualités du ou de la love interest d'ailleurs. 

Pas de retour en arrière possible, ou à la fin, le lecteur/spectateur aura l'impression que cette histoire d'amour où il/elle était investi(e) personnellement par le simple fait de la vivre au jour le jour, n'était finalement que le récit d'un échec cuisant. Echec dont elle ou il aura la sensation que c'est le sien, par effet d'empathie. Pas terrible pour la postérité. Exemple, la regrettée Gazette du geek avait écrit à propos de Tara Duncan que Robin nous faisait pour finir l'effet de Jean-Claude Dusse version elfe, ayant brusquement  été jeté par Tara au tome 10 (et sans autre raison que parce que SAM, l'auteure, le pouvait, apparement?). Si une deuxième adaptation animée a eu lieu, pour le reste, je l'ai dit, la deuxième série littéraire s'est arrêtée brusquement, plus d'adaptation live, de comédie musicale, de traduction anglaise, le court-métrage Origines fut annulé aussi, bref ce revirement n'a pas porté bonheur. Et les adaptations animées (pas de hasard) évitent sagement la question romantique.


Créer une moitié aussi mythique que le héros/ine de l'histoire au point de ne plus envisager l'un sans l'autre est un exercice difficile, mais gratifiant.  Si vous inventez un Tarzan, envisagez de lui donner une Jane, et surtout pour garder l'intérêt du public après qu'ils aient officialisé, évitez le rival: L'article précédent énumérait à la fin tout ce qui est encore susceptible d'arriver, parce que dans la vraie vie aussi "Une histoire ne s'arrête pas au moment de la déclaration."

"Toi, moi , et le bois dont on fait les légendes."