samedi 21 octobre 2017

vendredi 20 octobre 2017

Légendes Macabres: les sorcières



Les sorcières! Voilà bien un monstre de conte de fées qui firent nos frayeurs d'enfant mais effraient toujours bien moins que les monstres sous le lit, les vampires, les ogres et le grand méchant loup.
Et d'ailleurs sont-elles toutes des monstres? Que sont-elles vraiment? Vaste question: sachez que ces deux personnages...sont toutes deux censées être des sorcières!





 Je vais m'efforcer de répondre à la question...



Spontanément, le mot sorcière vous a sans doute évoqué une vieille mégère au long nez (souvent orné d'une verrue)  et au menton en pointe, le dos bossu, avec un chapeau pointu, des habits noirs et un ricanement effrayant. Peut-être même la voyez -vous avec la peau verte. Elle vit seule dans une vieille masure au fond des bois, avec quelques animaux bien particuliers comme un hibou ou un chat noir.



Elle mijote des potions dans son chaudron, en note les recettes dans son grimoire (réputé résister aux flammes), vole sur un balai  et son passe-temps favori est de changer ses ennemis en crapauds. Ses victimes les plus fréquentes sont les enfants, parce qu'elle les déteste...ou les mange.



Voilà exactement le portrait de nos méchantes de contes à commencer par la Baba-yaga des russes, aux jambes d'os et aux dents de fer (pratiques pour le cannibalisme).


Mais aussi, celle d' Hansel et Gretel, à la maison de pain d'épice si indiquée pour capturer les enfants imprudents qui rôtiront ensuite au four...


Mais d'où viennent-elles? Vous n'êtes pas sans savoir que c'est le plus sérieusement du monde qu'on accusa moult personnes de sorcellerie entre 1560 et 1630, et qu'entre 40 000 et 100 000 d'entre elles furent tuées.


En effet, le Deutéronome (dans la Bible) dit "Tu ne laisseras point vivre la magicienne". On croyait aux sorcières avant mais l'hystérie collective atteignit son paroxysme dans ces années -là. Et ce dont on accusait ces sorcières était bien pire que des métamorphoses en crapaud: on parlait de catins du diable.


Plus précisément, la sorcellerie était perçue à l'époque comme une secte démoniaque acharnée à perdre l'humanité (comme les illuminatis aujourd'hui). Les adeptes étaient censés avoir été initiés par le diable en personne, et venir régulièrement écouter sa messe noire qui finissait en orgie, entendez par là que Satan connaissait charnellement les femmes dans l'assemblée. Les adeptes obtenaient en outre de sa part certains pouvoirs, destinés à faire du mal aux bons chrétiens les entourant.



Le début de la Renaissance suivait une période de calamités diverses: famines, peste noire, et guerre de cent ans. On cherchait en quelque sorte des responsables. La réforme protestante avait en outre commencé, avec les massacres (dans les camps catholiques comme protestants) qui vont avec. La traque aux hérétiques allait bon train, à laquelle il faut ajouter l'Espagne post-reconquista qui guettait les converseros (juifs et musulmans convertis au christianisme ) malhonnêtes. Bref la chasse à l'hérétique, quel qu'il soit, battait son plein.



Le nom donné aux messes noires secrètes était le Sabbat, par déformation du Shabbat des juifs. Aucun rapport si ce n'est que pour les gens de l'époque ça restait des hérétiques dans les deux cas. Ça explique aussi pourquoi on dépeignait les uns et les autres avec le même nez crochu.

En quoi tout ceci a pu influencer  la vision actuelle des sorcières? Elles représentaient le mal absolu, donc on leur voyait le corps aussi laid que l' âme.


Le noir était une couleur taboue, qui représentait l'enfer et que presque personne ne portait à l'époque (sauf en période de deuil). A l'opposé, les draps et sous-vêtements seront longtemps que blancs, car ils représentaient la propreté et la pureté . Aujourd'hui encore les sous-vêtements noirs féminins "sentent le soufre" et nos grands-parents perplexes se demandent comment on ne fait pas de cauchemars dans des draps noirs. Quant aux chats et chiens noirs, victimes des superstitions, ils sont toujours adoptés en dernier dans les refuges.


Le noir, en raison de sa sobriété, était souvent porté par les puritains, un courant religieux du XVIIème siècle si extrême que même Elizabeth 1ère n'en voulut pas en Angleterre. Ils s'installèrent dans les colonies américaines, y compris Salem. Leur terreur du péché poussa nos puritains à voir des sorcières partout et déclencha la persécution qu'on connaît.

Comme une sorcière pouvait être, littéralement, la première venue, des éléments portés par les femmes puritaines (le noir, les boucles aux chaussures et parfois le grand chapeau) vont devenir des classique de la garde robe des sorcières dans l'imaginaire américain, puis mondial.





Et parfois jusqu'au col blanc, un classique dans la garde-robe de Mercredi Addams.




 Le balai vient de ce que les sorcières étaient censées se rendre au Sabbat en volant à califourchon sur un objet qui pouvait être un balai (piloté la brosse en avant à l'époque), ou une fourche, un simple bâton, voire un animal comme un bouc.

Ça décollait avoir prononcé une formule comme "Bâton blanc,bâton  noir, vas où tu le  dois de par le diable."



A moins qu'il ne s'agisse d'une quenouille, autre instrument féminin par excellence? Freyja, la reine des dieux nordiques, fut rétrogradée après l'arrivée du christianisme à être la déesse des sorcières. On disait qu'elle fabriquait les nuages en volant assise sur sa quenouille. Une fresque la représentant, dans une église, aurait été confondue avec l'image d'une sorcière sur un balai.

 Apparemment cela marche avec n'importe quoi. Dans Hocus Pocus, les sorcières parviennent à improviser un vol avec un balai moderne, une serpillière à franges ou...un aspirateur. Dans Sabrina, apprentie sorcière, c'est pour elle une habitude d'user d'un aspirateur.


Et jusqu'à un scooter dans Nanny MacPhee et le Big Bang.

Ces choses volaient, parce que la sorcière avait fait usage de son "onguent pour le vol" contenant entre autres de la jusquiame, de la belladone ou de la cigüe.  Auraient -elles pu halluciner leurs déplacements à cause des propriétés des plantes en question? C'était l'avis des juges des premiers procès en sorcellerie, curieusement: "Satan a dû leur farcir la tête de sottises" écrivit l'un d'eux. Dans son Pénitentiel rédigé entre 1000 et 1025, Burchard, évêque de Worms, condamne non pas les femmes qui volent sur des bêtes en pleine nuit en compagnie de Diane chasseresse, mais le fait d'y croire.




Entendez par là qu'on cherchait alors  moins des magiciennes, que des satanistes. Mais lesdites sottises finirent par être prises au sérieux, d'autant qu'un autre ingrédient clé de l’onguent était de la graisse d'enfant non baptisé (donc forcément un bébé en ce temps-là, celui de la sorcière elle-même, pouvait -on penser). Les sorcières, infanticides? Voilà qui explique qu'elles s'en prennent à eux si souvent, même si ce n'est plus pour voler-souvent les sorcières veulent recouvrer leur jeunesse en absorbant la leur d'une manière ou d'une autre.

La sorcière d'Hansel et Gretel, ou Baba Yaga, les dévorent. Tout comme Mme Grippière, la sorcière (qui vit dans un immeuble, quand même) dans la série des Enfantastiques de Yak Rivais.



 Les Sacrées Sorcières de Roald Dahl détestent les enfants "d'une haine cuisante et bouillonnante" et ne vivent que pour s'en débarrasser, mais de façon subtile, les transformant magiquement en animaux, en statues, en tableaux, etc.


Les sœurs Sanderson dans Hocus Pocus capturent les enfants pour recouvrer leur jeunesse en absorbant la leur avec une potion magique.


Les sorcières Lamia, Empusa et Mormo dans Stardust  se régénèrent en mangeant régulièrement des cœurs d'étoiles qui ont l'aspect de jeunes filles innocentes.


Dans Les contes de la rue Broca de Pierre Gripari, la sorcière de la rue Mouffetard essaie de manger la petite  fille de l'épicier à la sauce tomate pour retrouver la jeunesse.



Alors qu'à l'origine il leur fallait juste un peu d'onguent...Les balais des histoires plus modernes n'en ont plus guère besoin. Pourquoi n'a t-on gardé que les balais dans les engins volants? Peut-être parce que l'équipage de Baba Yaga (elle s'asseyait dans un tonneau, le faisait avancer avec un gourdin et effaçait les traces avec un balai) était un peu compliqué, et que le balai pouvait suffire.


 Peut-être aussi parce que le balai était fortement associé aux femmes qui étaient les seules à le toucher alors, et que trouver un balai dans une maison, même pour un inquisiteur, ne soulevait guère de commentaires.



La verrue au bout du nez? Sans doute un dérivé de la "marque du diable". Selon le manuel du chasseur de sorcière, Le marteau des sorcières (XVIème siècle) , Satan était censé l'apposer avec sa griffe, sur ses adeptes. Il en résultait un point insensible à la douleur, sous la forme d'un grain de beauté ou d'une verrue, justement. Les chasseurs de sorcières enfonçaient des aiguilles sur le corps des accusés pour trouver ledit point. On prétendait aussi qu'une sorcière jetée à l'eau surnageait.


Nos satanistes, donc, ne pourraient supporter ce qui est sacré. Les sorcières étaient paraît- il incapables d'entrer dans les cimetières et les églises, et redoutaient le sel, qui est considéré pur. Le sel n'entrait jamais dans les ingrédients du festin servi à chaque Sabbat.





Les animaux de compagnie?  C'étaient censé être des "familiers", ou petits démons offerts par le diable et cachés sous un aspect animal. D'un des sept d’animaux qu'on disait créés par le diable justement:  le chat (noir, il est en plus réputé porter malheur), le loup, le crapaud, le hibou, le rat, l'araignée et la chauve-souris (certains y ajoutent la chèvre, le corbeau et le papillon de nuit). Concernant les araignées, elles étaient censées proliférer jusqu'à faire des rideaux de toiles aux fenêtres. Une sorcière pouvait ordonner à son familier de voler et espionner pour elle.


Le chapeau pointu? Plus dur à expliquer; en tout cas concernant sa forme, tout juste sait- on que dans certaines régions les juifs devaient porter des chapeaux coniques pour être reconnus...et un tel chapeau est utile pour identifier la sorcière au premier coup  d’œil.




On a aussi avancé un lien avec les brasseuses de bière britanniques (la tâche était typiquement féminine jusqu'en 1300), car on les reconnaissait  à un grand chapeau noir.


Elles utilisaient des chaudrons, étaient souvent âgées, avaient un instrument semblable à un balai pour remuer la bière, et aussi des chats pour éviter les invasions de souris dans leurs réserves de grains. Passé le XIVème siècle, les hommes voulurent avoir le contrôle du marché de l'alcool et celles qui faisaient de la résistance étaient vite qualifiées...de sorcières.


La solitude? En cas d'incendie, d'épidémie, de mauvaise récolte, de pis de vache tari ou de mort inexpliquée, on soupçonnait en premier les personnes les plus marginales d'avoir usé de magie noire. C'est à dire les femmes célibataires ou veuves, souvent âgées, possédant des chats ou des boucs, vivant à l'écart et connaissant la science des plantes.


 Ben oui: comme disait Michelet, "la sorcière était l'unique médecin du peuple". Des sages-femmes furent aussi souvent accusées de sorcellerie. Car, si on connait les herbes qui guérissent, on connait forcément celles qui empoisonnent aussi pas vrai? Selon le film Les sorcières d'Eastwik, la chasse aux sorcières aurait été en partie déclenchée par les médecins, désireux de retirer aux sages- femmes le marché des accouchements.


Attention toutefois, les sorcières n'étaient pas forcément vieilles: les femmes jeunes et belles, considérées comme tentatrices, étaient souvent accusées aussi.



 Voyez Elvira ou Miss Tick, adversaire récurrente de l'oncle Picsou...





Mais la psychose augmentant (on attribuera à la sorcellerie la tempête qui frappa le bateau du roi Jacques 1er d’Angleterre et de sa femme Anne en 1589!), on en viendra à accuser n'importe qui, y compris les membres de la bonne société...Trop c'est trop: en France, on ne peut plus être poursuivi pour sorcellerie à partir de 1682.

Reste qu'en pays latin, on condamnait les accusés au bûcher. Pas en pays anglo-saxon, où c'est la pendaison qui les attendait: ils étaient reconnus coupables d'un crime de droit commun et pas d'hérésie, là-bas.



Mais les flammes, auxquelles on livrait en fait tous les hérétiques (cathares, protestants et juifs compris) frappent les imaginations et on montre des sorcières condamnées à être  brûlées (dans l’Amérique contemporaine!) dans  l'épisode Intolérance dans Buffy contre les vampires ou La chasse aux sorcières de Charmed.





Egalement dans le film Elvira maîtresse des ténèbres qu'on vient chercher avec des torches et des fourches.


Dans le film The love witch, on hurle à propos d'Elaine Parks, soupçonnée de meurtre (à juste titre) "Brûlons la sorcière!" mais elle a le temps de fuir.

Dans Charmed, le bûcher, high-tech, est alimenté au gaz-pas d'injection létale ou même de pendaison pour l'accusée, Phoebe.



La seule exception est Hocus Pocus, qui montre bien la pendaison des sœurs Sanderson au début.
 Depuis, et même dans les histoires les plus fantaisistes, les bûchers peuvent être évoqués-dans le film Un amour de sorcière, on dit même que les sorciers se liquéfient au contact des flammes, une sorte d'adaptation évolutive!


Et ironiquement, la grande sorcière de Sacrées sorcières réduit en cendres d'un simple regard les collègues dont elle n'est pas satisfaite.

Que s'est -il vraiment passé à l'époque de la chasse? Croyant (en Dieu et au diable) ou non, aujourd'hui, on ne peut qu'être sceptique devant ces histoires de conspiration sataniste. Les "sorcières" n'étaient- elles que des pauvresses qui ont affirmé tout ce qu'on voulait sous la torture et désigné n'importe qui quand il fallait nommer des complices, entretenant la persécution? A la fin, aucun doute.


Au départ, c'est moins sûr. Rappelez-vous ces "sottises" auxquelles les juges ne croyaient guère au début.  Et même menacées de mort, certaines accusées ne nièrent jamais être sorcières!



L'anthropologue  britannique Margaret  Murray (1863-1963) étudia le phénomène et en conclut que les sorcières étaient en réalité des païennes. Sa théorie paneuropéaniste stipule que les celtes croyaient à deux dieux, une grande déesse régnant du 1er mai au 1er novembre, et un dieu cornu sur le reste de l'année.



La première est manifestement inspirée de la déesse mère déjà connue sous la préhistoire et le second du dieu Cernunnos, à tête de cerf.





Cela dit le panthéon des celtes était en fait plus complet (comptant Taranis, Toutatis, Bélénos, Bélisama, Lug, Epona, Dagda, Esus, etc).



L'idée de Margaret  Murray était qu'après la christianisation, certains vieux cultes et leurs adeptes  auraient eu la vie dure. C'est vrai en partie: c'est pour éviter la célébration par habitude  de fêtes et rituels païens, qu'on fixa les fêtes chrétiennes ces jours là (exemple, Noël célébré au solstice d'hiver des romains).




Selon Margaret  Murray, on fêtait Samhain à la Toussaint, ou Beltaine le 1er mai (les fameuses transitions entre les deux dieux).


Enfin toujours selon Murray, les sabbats étaient réels mais les gens d'alors auraient confondu le dieu cornu avec les représentations classiques du diable et fait de ces prêtresses païennes secrètes et adoratrices de la nature des satanistes. Mais notez que pour les chasseurs de sorcières ça n'aurait rien changé: un païen reste un hérétique.



Dans les années 1940, l'écrivain ésotériste Gerald Brosseau Gardner baptisa Wicca (un terme qui veut dire connaissance) ladite religion.


Vous n'avez peut-être jamais entendu ce mot mais il est courant en pays anglo -saxon, il est écrit sur tous les livres d'ésotérisme (ce qui n'est pas le cas en France). Toutefois la majorité des livres vendus comme étant de sorcellerie aujourd'hui, même en pays non anglo-saxon, sont en réalité de Wicca.



On les reconnait en ce qu'il n'y est jamais question de potions, les formules en référent souvent à des dieux (ou déesses) païens et qu'il faut souvent allumer des bougies (ou des encens) de couleurs diverses et user de cristaux, de calices,  et d'athamés (dagues), élever des autels...

Leurs symboles sont la triple lune, la triquetra celtique et le pentagramme à l'endroit.

On y  parle pas de magie mais de "magick". Les wiccans expliquent le lien entre sorcières et balais en ce qu'ils s'en servent pour balayer les influences négatives au sol, et récitent des rituels en extérieur tout en étant parfois "vêtus du ciel" (comprenez: nus). Le chiffre trois est pour eux sacré. C'est le cas pour les chrétiens et la sainte trinité me direz-vous. Mais dans le cas de la Wicca, c'est peut- être une référence aux trois formes de la déesse mère (rouge, blanche et noire, séductrice, jeune et vieille). Ils récitent souvent "Par le pouvoir de trois par trois."



Donc les sorcières jadis pourchassées n'étaient que les paisibles adeptes d'un culte oublié? Et bien...Pas si vite.

D'abord parce que dans The wicker man, les païens sont loin d'être peace and love.

Cette explication satisfait les plus cartésiens mais pas moi. Elle s'applique surtout aux pays sous influence directe des pays anglo-saxons en général, et des Etats-Unis en particulier. Mais les sorcières tziganes, asiatiques, ou  les mambos (sorcières vaudou), la wicca, aujourd'hui encore, elles ne connaissent pas.

  D'abord,  ne soyons pas naïfs, les sorcières satanistes existaient et existent encore même si elles cherchent plus le profit personnel (ou celui de leur clients) que nuire à la société en général. Catherine Montvoisin dite la veuve Voisin (1640-1680), voyante ayant pignon sur rue, était très connue de la haute société pour ses ventes de poisons. Elle procura à Mme de Montespan, maîtresse de Louis XIV, des philtres d'amour puis voyant que c'était sans effet la Voisin fera dire des messes noires pour elle. Oui, des vraies où il a été avéré qu'on a égorgé des nourrissons.



Aujourd'hui encore, à Paris, il est possible de consulter Hécate, qui se présente selon sa carte de visite comme "sorcière luciférienne" (sic).



Je me demande même si Picsou magazine n'a pas parodié la wicca (la VF ne permettant pas de le dire), car Miss Tick, la sorcière noire, est un jour passée incognito dans une BD en tant que sorcière vêtue de rose et couronnée de fleurs, déblatérant des choses mystiques sur l'aura et la nature...




Il existe bien des pratiquantes de magie noire, dites sorcières noires justement.  Mais aussi des  blanches, selon la couleur de la magie.


 Les sorcières noires attaquent leurs ennemis, les blanches viendraient en aide à qui en a besoin. J'ai lu il  y a longtemps dans un livre pour enfants dont je ne sais plus le titre, que c'étaient les sorcières blanches qui avaient besoin de grimoire pour noter leurs formules et que les noires s’efforçaient de les retenir par cœur, mais ça ne semble pas être une règle.



Voilà qui répond à la question: les sorcières sont elles toutes méchantes? L'existence des blanches prouve que non. Elles sont souvent belles, élégantes, et se servent d'une baguette.


Au point, convenons-en, qu'elles en viennent à être difficiles à distinguer des fées. Mais attention: mis à part la pratique de la magie, rien à voir! Les fées sont des êtres surnaturels, et les sorcières des mortelles, du moins en théorie.  Les fées peuvent être très petites, ont souvent des ailes, vivent à l'écart des humains (pour résumer car il y aurait beaucoup à dire sur les fées aussi).


La grande encyclopédie des fées de Pierre Dubois fait référence aux sorcières blanches sous le terme d'enchanteresses, ou mortelles capables de magie bienfaisante.





Sachant qu'à l'inverse, on trouve de fées malveillantes! Maléfique, pour ne citer qu'elle, appartient bien à la catégorie fée noire; le film qui porte son nom prouve qu'elle a de vraies cornes, et avait des ailes aussi. Elle use d'un bâton magique et pas d'un balai, mais en même temps possède un familier corbeau (Diablo)...



Certains personnages entretiennent une certaine confusion du grand public pour les êtres capables de magie...Il est des fées noires, les makrâlles et les chorchiles, qui ressemblent aux sorcières noires en tout point sauf qu'elles sont immortelles (et usent de leur balai volant comme d'une baguette magique). Et carrément, les sorcières elles-mêmes sont-elles bien humaines pour commencer?



C'est l'hypothèse défendue par Roald Dahl dans Sacrées Sorcières: les sorcières seraient des monstres qui ressemblent à des femmes, qui  font tout pour y ressembler davantage et se fondre dans la masse. Elles cachent un crâne chauve sous une perruque, des griffes sous des gants, des pieds à bouts carrés, ont la salive bleue et la pupille colorée (on est assez loin de la verrue insensible).


La sorcière grandissime, qui les dirige, a en plus une tête caricaturale de vieille sorcière de conte. Mais une fois déguisées elles sont comme n'importe quelle jolie jeune femme, sans habit distinctif.



Les autres histoires, en général, ne les montrent pas si différentes du reste des gens, mais une sorcière immortelle, ce n'est pas rare. C'est notamment censé être le cas dans Sabrina apprentie sorcière, et les vieux sorciers surtout affichent plusieurs centaines d’années au compteur . Albus Dumbledore est notamment mort à 115 ans; faut-il y voir un lien avec l'alchimie, branche de la magie qui vise à rendre immortel?



Même si une sorcière a la même longévité que les autres, elle peut néanmoins présenter des signes physiques distinctifs. Dans La trilogie des charmettes d'Eric Boisset, les sorcières (obligatoirement bienveillantes sous peine de perdre leurs pouvoirs!) ont toutes un grain de beauté dans le cou, héritage lointain de la marque. Elles sont aussi  allergiques aux aliments rouges, ont les yeux qui changent de couleur quand elles sont en colère, ont un décalage avec leur reflet, font sonner les portiques de détection, brouillent les portables, sont floues sur les photos...Bref beaucoup de signes qui relèvent de la technologie moderne en fait.



Toutefois cela reste rare, malgré l’obsession des auteurs du Marteau des sorcières, elles ne sont pas si faciles à repérer. Pas même par une laideur distinctive. Dans Le magicien d'Oz, Glinda est belle car elle est la bonne sorcière du nord.



Seules les méchantes sorcières, comme celles de l'est et de l'ouest, sont laides. Mais ce n'est pas si simple! On l'a vu, jeune, une méchante peut être belle, en tant que femme fatale vile tentatrice.

Ou l'inverse: la Befana était réputée laide, mais portait des cadeaux aux enfants italiens à l'épiphanie et est donc bienveillante.


Nanny MacPhee  est également bienveillante, mais laide tant que les enfants dont elle s'occupe ne sont pas disciplinés. Elle porte du noir, a un bâton magique, des verrues et un gros nez, mais aussi une immortalité qui suggère une ascendance féerique.

Dans le téléfilm Les sorcières d'Halloween, Agatha Cromwell dit qu'il est des sorcières comme des gens, les uns mauvais et les autres bons.



Le 20ème siècle apportera le principe de la "cute witch" ou sorcière mignonne (comme Vanilla, Chocola, et Kiki),


bien souvent une petite fille.


Sous l'influence de la série Ma sorcière bien-aimée dans les années 1960, la plupart des premières magical girls japonaises étaient des gentilles sorcières : Sally, Magic Tickle, Chappy, Meg la sorcière...


Jusqu'à Caroline en 1967, qui trouve un poudrier magique.


 Un objet magique qui souvent se change en baguette et confère des pouvoirs à qui la détient, lui permettant de changer son apparence; on tient le concept définitif de la magical girl. Un peu enchanteresse (sa magie est bénéfique), un peu fée (la baguette et les costumes), un peu sorcière parce qu'elle est à l'origine une humaine ordinaire qui a été initiée, et même super héroïne quand elle affronte des méchants.



Dans Sacrées sorcières elles sont en théorie toutes mal intentionnées...Sauf dans l'adaptation filmée où la secrétaire mal traitée de la grandissisme sorcière, Miss Irvine, décide d'user de sa magie pour le bien une fois devenue la seule sorcière survivante du Royaume- uni-elle l'utilisera pour rendre son aspect humain au héros du film, changé en souris.


Quant aux sœurs Halliwell, Samantha Stevens, et Sabrina Spellman, ce sont de célèbres exemples bienveillants.

On a vu leur aspect et alignement moral, reste une autre question: les sorcières sont-elles toutes des femmes? Au vu des victimes de la chasse aux sorcières qui étaient des hommes à 20 %, non. Catins du diable oui, mais qui vous a dit que ce dernier dédaignait les hommes? Urbain Grandier et Gilles de Rais font partie des condamnés pour sorcellerie célèbres . On se souvient aussi que l'église de Wicca a été fondée par un homme.



Et pourtant: Roald Dahl affirme au début de Sacrées Sorcières que celles-ci sont toujours des femmes, alors qu'un géant ou un vampire est toujours un homme. Dans La trilogie des charmettes aussi, tout porte à croire que les sorcières sont des femmes par défaut. Dans Verte de Marie Desplechin , les pouvoirs d'une sorcière ne sont transmis qu' à sa fille aînée,  de sorte qu' elles  n'en mettent au monde qu' une. De par le fait les sorcières sont des femmes le plus souvent, y compris dans la fiction. Vous avez sans doute déjà traité une femme désagréable, comme votre institutrice sévère ou votre vieille voisine acariâtre, de sorcière.

Hetty Green, toujours vêtue de noir, devait être la personne la plus radine du monde et d'une hygiène douteuse, on la surnommait sans surprise "La sorcière de Wall Street". 


En revanche, appeler "sorcier" un méchant homme ne vous est sans doute jamais venu à l'esprit.

En 1999, Françoise d' Eaubonne écrira   Le Sexocide des sorcières, entendant par là que la chasse aux sorcières fut un génocide, mais spécifiquement envers les femmes.



 La chasse aux sorcières, crime misogyne? Bien possible, car on attribuait aux sorcières des défauts reprochés aux femmes, comme la luxure ou la ruse. Un homme qui avait des différends était invité à les vider sur le pré et à enfoncer une lame dans le ventre de qui l'avait offensé, mais la seule ressource d'une femme était souvent le poison...l'arme secrète des sorcières, qui agissent dans l'ombre faute de pouvoir le faire sur la place publique. La sorcellerie, alliée des faibles? Voilà qui explique l'aphorisme "Pour un sorcier, cent mille sorcières" de Jules Michelet.



La sorcière illustrait la peur de la femme dans toute sa laideur...mais justement: la sorcière est puissante, en raison de ce dont elle est capable, et indépendante (le plus souvent sans mari). Elle fait du balai, l'instrument symbolisant les corvées est qui la lie au foyer, un instrument de pouvoir sur lequel grimper et voler.



Son imagerie perdit progressivement son aura maléfique, et séduisit les mouvements d'affirmation de la femme.



"Prenez garde, les sorcières sont de retour " disaient les pancartes de manifestations italiennes féministes des années 1970. Voire, selon le slogan qui sert encore aujourd'hui: "Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n'avez pas pu brûler".




Selon le télévangéliste illuminé Pat Robertson en 1992, le féminisme pousserait "les femmes à pratiquer la sorcellerie (sic)en plus de détruire le capitalisme, devenir lesbiennes,  quitter leurs maris et tuer leurs enfants", (ou l'inverse)  enfin bref...


Sorcières étant le titre choisi par une revue féministe des années 1970



"Sorcières de la nuit" était le qualificatif donné par les allemands, pendant la seconde guerre mondiale, aux aviatrices russes qui bombardaient de nuit.

La prépondérance des femmes est expliquée dans la Wicca par le fait que les femmes sont plus proches de la nature (les règles synchronisées avec les phases de la lune notamment), et en donnant la vie acquièrent le pouvoir de création de la déesse mère.



Pourtant, des sorciers, vous en connaissez forcément pas vrai? Généralement âgés et bienveillants comme Merlin, Gandalf, Dumbledore et Eusebius.


 Ils descendent des druides qui étaient effectivement des prêtres païens . Mais aussi des astrologues, alchimistes  et devins de cour que les puissants gardaient près d'eux comme John Dee et Nostradamus, qui ont respectivement œuvré près des reines Elizabeth 1ère et Catherine de Médicis, cette dernière ayant paraît-il possédé un miroir magique dans lequel elle voyait l'avenir.


Ces enchanteurs sont parfois malveillants mais restent des mages à bâton magique au service des grands de ce monde (ou le sont eux-même) comme Saroumane, Zangdar, Elias le fourbe,Cédric (Princesse Sofia) et Voldemort.



Rien à voir avec la mégère pauvre et solitaire, au fond des bois... (style Dame Mim dans Merlin et la sorcière de Rebelle.).


Voilà qui correspond bien aux zones d'actions qu'on laissait traditionnellement aux hommes et femmes. La lumière et les lieux de pouvoir ou l'ombre et le foyer. Tant qu'il est en fait compliqué de trouver des versions de genre inversé de chaque archétype. Glinda du Magicien d'Oz peut évoquer le mage de cour en version féminine, tout comme les marraines de Cendrillon et de la Belle au bois dormant , même si, (malgré les chapeaux pointus) leurs ailes en attestent, ces dernières sont des fées.



Maléfique aussi, mais elle rappelle un mage noir, à l'instar de la reine de Blanche -neige. Du moins jusqu'à sa métamorphose en sorcière classique.


Malgré leur qualificatif de fées, Morgane (enchanteresse noire) et Viviane (enchanteresse blanche) étaient des mortelles enseignées par Merlin.



Quant à la mégère solitaire en version mâle je n'en connais qu'un, Gargamel des Schtroumphs. Merlin l'enchanteur est au fond des bois au début aussi, mais s’installe vite dans le château où vit le futur roi Arthur.



Par un intéressant paradoxe, l'un des sorciers les plus célèbres au monde, Harry Potter, est un garçon (jeune qui plus est), comme une exception confirmant la règle.




 Il est l'un des seuls à piloter un balai grâce au sortilège de coussinage bien pratique parce qu'un bâton entre les jambes pour  un homme c'est ...Enfin, je crois qu'un balai, il vaut mieux être assis dessus en amazone.

Ou comme ça?


J.K. Rowling ne croit pas à la magie (selon elle, celle qu'elle décrit n'a rien à voir avec la Wicca). Ça explique les descriptions volontairement farfelues. Dans son monde, les sorciers, vivent selon leurs propres lois, ont leur propre vocabulaire, sont  totalement en marge de la société au point de rien savoir de celle-ci à commencer par le fonctionnement des appareils électriques.

A part ça, cette société reflète exactement la nôtre, y compris dans l’organisation patriarcale. Les premiers ministres de la magie britanniques sont toujours des hommes et il paraît  y avoir le même quota homme/femme que nous.



Les femmes ne semblent avoir aucune prépondérance dans la pratique de la sorcellerie ici, sauf pour les soins aux licornes qui préfèrent de prime abord la douceur féminine (reflétant les mythes anciens où elles ne se laissaient approcher que par les pucelles).




C'est une société où l'on côtoie les créatures fantastiques, et où le balai sert à faire du sport. Le "sceptre des femmes" n'est pratiquement associé aux hommes que dans cette histoire. D'habitude, quand les sorciers veulent voler, ils se transforment plutôt en animal qui en est capable, comme un oiseau (ou un dragon, pour Maléfique!).



Glinda, la mage au féminin, use de bulles plus poétiques que le balai de la méchante sorcière de l'ouest.



La métamorphose est certes plus badass que d'user d'un objet ensorcelé...comme une manière de dire qu'un sorcier masculin est plus puissant.

Sauf dans Sacrées sorcières et sa grandissime sorcière, (mais elles sont toutes des femmes, rappelez-vous), quand une personne dirige le monde de la magie, il s'agit presque toujours d'un homme. Le premier ministre d'Harry Potter, mais aussi le grand sorcier d'Amandine Malabul par exemple.




Dans cette série de romans précurseurs d'Harry Potter, Amandine est élève à l'académie supérieure de sorcellerie, pour filles, et où tous les professeurs sont des femmes. Mais c'est peut-être simplement dû au fait que l'académie est pour filles; dans les séries télé qui l’adaptent, il est question d'école de sorciers pour garçons, voire mixtes.



L'école Groosham Grange dans le roman l'Ile du crâne est mixte, et le héros, David, un garçon. Tout comme Colin de Plancy dans le roman Le duel des sorciers.


Dans Le magicien d'Oz , le magicien éponyme est censé être le seul assez puissant pour ramener Dorothy chez elle, les bonnes sorcières (car celle du sud apparaît aussi, dans les romans et les autres films) ne le pourraient pas. Pourtant le soit -disant magicien est un escroc sans pouvoirs, bien moins capables que les sorcières...Pourquoi lui a -t-on accordé cette prépondérance? Réflexe patriarcal?



Chez les Halliwell (Charmed), on invoque les mères, filles et aïeules pour les baptêmes. D'où la surprise de Penny, la grand-mère, quand Piper accouche d'un fils qui se révèle néanmoins l'enfant magique le plus puissant de la terre, et aura un second fils sorcier aussi par la suite. Ça ne manque pas de sel quand on sait que la sorcellerie fut longtemps une affaire de femmes...

Si elles ne sont physiologiquement pas si différentes des autres humains, les sorcières peuvent vivre en dehors de ce monde. Même pas en marge comme dans Harry Potter, carrément dans des dimensions différentes comme dans Les sorcières d'halloween, qui vivent réfugiées avec les autres créatures fantastiques dans la ville d'Halloween et ne peuvent visiter la terre que tous les 31 octobre grâce à un portail magique.



Ou dans Sabrina apprentie sorcière. Dans cette histoire, les sorcières sont immortelles et vivent au contact de créatures magiques. Et de gadgets fabuleux comme le grille-pain qui sert de boîte aux lettres, ou le placard par le fond duquel on accède au monde des sorciers. Dont on ne serait peut-être pas sortis si Sabrina, la cute witch bienveillante,  n'était pas mortelle par sa mère, et par conséquent elle fréquente ce monde.



Mais en général, les sorcières se fondent au contraire dans la masse. Parmi nous, littéralement, se pliant aux mêmes règles et aux même lois, ne portant pas l'habit distinctif, et pour cause: fut un temps, il valait mieux pour elles passer inaperçues. Elles n'ont pas non plus de vocabulaire ou de façon spécifique de se saluer (comme le "Mes respects" d'Amandine Malabul), sauf les Wiccans qui s’apostrophent à coup de "Soyez bénis".



Enfin, la magie, inné ou acquis? On ne sait pas trop, la magie est souvent présentée comme héréditaire. C'est une affaire de famille, littéralement, pouvant faire évoluer les sorcières comme une race à part. Elles deviennent sorcières parce que leurs mères et grand- mères l'étaient avant.  Les Halliwell (Charmed) , les Spellman (Sabrina), et les Cromwell (les sorcières d'Halloween) sont autant de clans de magiciennes. Les rejetons, s'ils ont été élevés à l'écart de la magie pour leur sécurité, peuvent découvrir brusquement  leur nature à un âge donné. Sabrina, demi-mortelle, ne développe ses dons qu'à 16 ans. Camryn et Alex, les "soeurcières", à 21 ans (quand elles se retrouvent). Un sorcier du monde d'Harry Potter peut ignorer qu'il ou elle en est un jusqu'à recevoir sa lettre d'admission à Poudlard, à 11 ans.



Dans L'Ile du crâne et Les sorcières d'Halloween, l'initiation d'une sorcière doit commencer à ses 13 ans. Si on attend après son 13ème halloween dans le dernier cas, elle peut même perdre ses pouvoirs.Dans Les sorciers de Waverly place, c'est pire encore, seul l'un des trois enfants Russo gardera ses pouvoirs à l'age adulte...raccourci scénaristique pour justifier du suspens cependant: les pouvoirs ne s'égarent pas comme un mouchoir de poche.

Les talents des sœurs Halliwell ayant été mis en sommeil depuis leur petite enfance, elles ne les retrouvent que lorsqu'elles ont plus de 20 ans. Elvira, dans le film du même nom, est adulte quand elle apprend être une sorcière, à la mort de sa grande-tante dont elle a hérité le grimoire. Et ne parlons pas des magical girls par acquisition, qui n'ont leurs pouvoirs qu'entre 12 et 16 ans.



Les clans de sorcières peuvent se retrouver à être des sociétés à part entière comme on l'a dit. La société des humains et ses chasseurs n'aiment guère les sorcières, mais souvent celles-ci le leur rendent bien.

D'ailleurs comment appelle -t-on les non-sorcières? Ça dépend des histoires, et seul Harry Potter invente le mot complètement inconnu de moldu. Ailleurs, on parle de nonsos, ou "non-sorciers"(Tara Duncan), de personne non-magique (Amandine Malabul), ou encore de normaux ou d'humains (dans le film Le bal des sorcières par exemple), mais le terme mortels (dans Sabrina apprentie sorcière ou Charmed) est le plus commun malgré que les sorcières soient techniquement parlant mortelles aussi.



Les sorcières peuvent à l'occasion développer un racisme anti-mortel, qui atteint son paroxysme dans le dernier tome d'Harry Potter. Quant au père de Sabrina Spellman, il passe pour un phénomène pour s'être reproduit avec une mortelle et Sabrina sera confrontée pour un épisode à la xénophobie entourant sa nature hybride. La pauvre Samantha Stevens (Ma sorcière bien-aimée) se voit tous les jours reprocher son mari mortel par sa famille.



 Une sorcière à la double origine, ou dont les talents en font la première de sa génération, peut  être considérée de "seconde zone" par ses pairs; les fameux  "sang-mêlé" et "sang-de-bourbe" d'Harry Potter. Dans sa deuxième adaptation en série, Amandine Malabul est parfois méprisée car née d'une mère mortelle. Bien que surdouée, la petite Beatrix, dans Le bal des sorcières, a le même problème même si née d'un père sorcier, et malgré que sa mère s'initie pour devenir elle-même sorcière.



Quant aux "cracmols", ces mortels nés de sorciers, cela arrive souvent parce qu'ils sont des garçons (une affaire de filles, on vous dit). Dans Les sorcières d'Halloween, à priori seules Marnie et Sophie, les deux filles de la famille, semblent capables de pouvoirs magiques, et pas leur frère, Dylan, du reste désespérément cartésien...mais il développe pourtant brusquement des talents magiques à la fin du premier film. Prue Halliwell, dans la première saison de Charmed, disait que ses dons se transmettraient à  ses filles même si plus tard cela est contredit par les pouvoirs de ses neveux.


Similairement, le même Roald Dahl qui a pourtant écrit Sacrées Sorcières laisse à entendre que la terrible Grandma est une sorcière, mais aux origines bien humaines. Sa fille n'en est pas une, mais son petit -fils, Georges Bouillon, prouvera qu'il a de qui tenir en faisant une potion qui fait grandir (dans La potion magique de Georges Bouillon).




Dans Harry Potter, apparemment la magie ne s'apprend pas et vient de la naissance mais c'est quasi le seul univers où c'est le cas. Dans Amandine Malabul, la première série, Edith Aigreur dit qu'on est sorcière de naissance, ou après de longues années d'apprentissage.



Naissance ou apprentissage peuvent donner des sorcières à part égales dans Le bal des sorcières (la mère humaine de l'héroïne est proclamée sorcière le soir du bal, après des années d'études). Dans Dangereuse Alliance, Sarah est qualifiée de sorcière-née (elle a déjà eu des manifestations psychiques), d'autant que sa mère en était une aussi. Ses trois acolytes ne le sont apparemment pas, mais parviennent quand même à faire de la magie.




Dans L'apprentie Sorcière, comme le titre l'indique, Églantine Price apprend la sorcellerie à partir des pages d'un grimoire qu'elle reçoit par la poste.

Comment voulez-vous emmener des passagers sur un balai?


Mieux encore, chaque femme aurait-elle ça en elle, en quelque sorte? Dans le film  Les ensorceleuses, les Owens sont des sorcières depuis des générations et sont mal vues pour cela...Jusqu'au jour où Gilian Owens est possédée par un esprit mauvais. Pour  libérer sa sœur, Sally appelle  les mères de familles du coin (pourtant pas enthousiastes envers la magie jusqu'alors...) et...elles récitent la formule en faisant un cercle protecteur avec leurs balais! (qui servent aussi à mettre les influences négatives à la porte). Pourquoi cela fonctionne? On en est pas très sûr, apparemment il suffit que les femmes "essaient".


Dans Les sorcières d'Eastwick, les trois héroïnes réalisent qu' elles forment une assemblée le jour où leur désir mutuel d'échapper à un discours barbant en extérieur fait soudain éclater un orage.

Même de naissance, une sorcière a besoin d'apprendre ses formules de toute façon pas vrai? Harry Potter a popularisé le concept d'école de sorcellerie même s'il existait déjà avant (dans Amandine Malabul et L'île du crâne, sans oublier Little witch academia).



Elles sont soit cachées, (comme celle de la saison 5 de Charmed) soit sont de vraies écoles, mais les élèves usent d'un double astral pour suivre les cours de magie en même temps que les classiques (Duel de sorciers). En réalité, on prétend qu'il existait des écoles de magie près de Tolède ou dans les Carpathes...mais dans les faits, une telle école n'aurait pas pu exister longtemps sans être détruite par les chasseurs de sorcières. Donc celles-ci apprenaient plutôt à domicile, sous l'égide d'un mentor.

Le mythe de la solitude  prend un coup car il est avéré que les formules de sorcières sont plus efficaces si elles sont plusieurs à les prononcer! Il leur fallait donc se rassembler-le but initial des sabbats.


A la date de Beltaine, les veilles de 1er mai, se tenait bel un bien un sabbat important, dit de la nuit de Walpurgis. En France ça ne signifie plus rien d'autre que la fête du travail, mais dans les pays du nord on croise encore des enfants (ou des adultes!) déguisés en sorcières ce jour-là.



Un groupe de sorcières était qualifié en anglais de "coven", un dérivé de couvent. En français, le terme utilisé est assemblée ou cercle. Le problème, c'est: où trouver les autres sorcières, sans risque de dénonciation? Voilà pourquoi les partenaires d'assemblée étaient souvent membres d'une même famille, d'autant que la magie semble  héréditaire.



Une assemblée était donc souvent constituée d'une grand-mère, d'une mère et d'une fille, ou encore de trois sœurs. Pourquoi trois?




On en revient au "pouvoir de trois par trois": Symbolisant le naissance, la vie, la mort, le chiffre forme un cercle parfait.



Ce trio féminin remonte aux trois moires grecques, qui tissaient, filaient puis coupaient le fil de la vie...ou les nornes, les mêmes personnages dans la mythologie nordique. Les grées qui avaient le don de divination étaient aussi trois.



Les trois marraines -fées des baptêmes de princesses, représentant naissance, vie et mort, sont aussi leurs descendantes. Les grecs voyaient trois visages à la déesse de la lune: Artémis ou Diane, la chasseresse, Séléné, qui conduisait l'astre, et Hécate, connue pour être la déesse de la sorcellerie. Les romains les ont  parfois rassemblées sous le terme "Trivia, déesse de la magie et des carrefours". on sait aussi que les celtes ont vénéré une déesse triple sous le nom de Brigid.



Le néo paganisme les symbolise avec deux croissants liés à une lune pleine.


Depuis, on appelle ces aspects les trois faces d'Eve, alias les trois destins traditionnels pour une femme: la vierge, la mère et la séductrice. On parle de ces faces quand au sein d'un trio, l'une est sage et maternelle, une autre une innocente jeunette, et la dernière une séductrice indépendante.


 Dans le surnaturel, on parle des "sœurs Hécate" , avec une naïve innocente, une rigolote parfois un peu enveloppée et une désabusée plus âgée (du moins en comportement). On parle  de "sœurs étranges" quand des femmes qui ont des dons surnaturels sont trois et c'est souvent le cas.



Ça remonte au Macbeth de Shakespeare, quand le personnage éponyme consulte un trio de sorcières resté fameux, penchées sur leur chaudron bouillonnant et prédisant que "Something wicked this way comes" (quelque chose de mal arrive).


Elles  ont probablement eu une influence sur Goulue, Grièche, et Griotte, les trois sorcières du Chaudron magique,  chargées de garder ce dernier.



La "triquetra" sur le grimoire des sœurs Halliwell rappelle leur nombre, et elles partagent le "pouvoir des trois".



Wendy et ses trois tantes, dans un univers où les sorcières sont censées être les ennemies héréditaires des fantômes, mais  c'est propre à Casper et Wendy.


 Dans Les ensorceleuses, on voit collaborer trois sororités de deux sœurs: Bridget et Frances Owens, les tantes, Gilian et Sally les nièces, et les deux filles de Sally. Dans Hocus Pocus, les trois sœurs Sanderson s'organisent selon les trois faces d 'Eve:  l'aînée Winifred est la blasée et la plus mortelle, le deuxième, Mary, est l’enveloppée enjouée, et Sarah, la plus jeune, est la séductrice. D'après le dialogue, leur mère était sorcière aussi.


Les Cromwell des Sorcières d'Halloween sont aussi une fratrie de trois. Dans Un amour de sorcière, les cinq sorciers qui restent sur terre sont tous apparentés. Empusa, Mormo, et Lamia sont aussi sœurs dans Stardust, comme Icy, Darcy et Stormy, les Trix de Winx. Dans un épisode d'Halloween des Simpsons, Marge est accusée de sorcellerie...à raison, et l'on découvre qu'elle forme une assemblée avec ses sœurs jumelles.

Et histoire de donner dans le stéréotype, on les accuse de manger les enfants.

Sabrina Spellman, elle, en forme une avec ses deux tantes. Minima, la nièce de Miss Tick, a aussi ses dons. Les sorcières de l'est et de l'ouest dans Le magicien d'Oz sont sœurs.

Et avaient au départ une apparence bien moins déplaisante.


Deux sœurs étaient sorcières dans Sleepy Hollow, mais l'une est solitaire dans les bois, et l'autre a l'aspect respectable de la femme du bourgeois Balthus Van Tassel. Elle est sataniste, contrairement à sa belle-fille, la sorcière blanche Katrina.



Mais même sans sœurs, on peut quand même former une assemblée avec des amies proches-et de confiance! Dans l'épisode des Simpsons Apprenties Sorcières, les trois sorcières adolescentes sont trois amies. Fille unique, Penny  Halliwell dans Charmed recourra aussi à cette solution.

Et comme on est à Springfield, on tentera la torture de sorcières à l'ancienne...

Comme les trois sorcières d' Eastwick, qui certes contre leur volonté portent les enfants d'un homme qui pourrait être le diable, mais qui le feront disparaître par le vaudou.


Dont Michelle Pfeiffer, future Lamia.

Ou comme la comtesse Isabelle Thoreaux dans la saison 4 de Smallville, qui fut brûlée avec ses deux complices. Enfin malgré le classique du chiffre trois, les sorcières peuvent être plus comme dans Dangereuse alliance, où l'assemblée est constituée de quatre sorcières. Ces dernières désirent en effet invoquer les quatre éléments et les quatre points cardinaux, tout comme les quatre sorcières de La trilogie des charmettes. Les héroïnes de W.I.T.C.H sont cinq  et sont aussi reliées aux éléments.

Qui tiennent aussi de la fée et la magical girl.


Ou moins, comme les deux sœurs Christie et Billie dans la dernière saison de Charmed. Ou les jumelles Alex et Camryn  dans Des amours de soeurcières. Et rappelons-nous que les magical girls travaillent en bande désormais...




A ce stade, on sait que la magie est affaire d'inné ou d'acquis, que les sorcières sont plus souvent des femmes, qu'elles ont des familiers, souvent solitaires mais que leurs assemblées sont en général  une affaire de famille, que méchantes elles s'en prennent aux enfants, mais qu'elles peuvent être gentilles, qu'elles peuvent être païennes ou satanistes, qu'elles furent persécutées...

Et bien! Qui a raison? A peu près tout le monde: la plupart des histoires de sorcières rassemblent tous ces éléments.

Charmed est l'une des histoires qui retient le plus  des éléments de la Wicca, notamment parce que les Halliwell appellent leur grimoire Le livre des ombres (comme c'est d'usage dans le neo- paganisme).



Certains mariages, et enterrements, sont célébrés par des prêtresses, mais d'un autre côté les deux plus jeunes sœurs se marient à l'église. Quand les trois sœurs voyagent au XVIIème siècle, elles sont accueillies par des proto -prêtresses qui leur disent que les chapeaux pointus servent à attirer les forces de l'univers et les balais à chasser les influences. Ce qui n'empêche pas Phoebe de grimper sur l'un d'eux en usant de son don de lévitation... Mais quand même, le cliché n'a sans doute pas été créé suite à une unique vision de sorcière volante bien sûr.

Le premier épisode de la saison 2 montre Piper et Phoebe invitées  à une cérémonie Wicca pure et dure, les participantes étant "revêtues du ciel " , ce qu 'initialement Piper refuse légitimement de faire. Et par la suite les sœurs ne recommenceront jamais (ça a beau être préconisé par le neo -paganisme, cette pratique apparaît plutôt rare à cause des risques d'attentat à la pudeur).

Enfin, un jour elles protègent une sorcière propriétaire d'une boutique ésotérique, qui veut chasser les ondes négatives et ranger les herbes en bon ordre...bref une vraie wiccane. "C'est une sorcière, mais pas comme nous." disent les sœurs. On peut douter qu'elles soient des wiccanes authentiques, en fait, elles semblent même être athées!

Le film Dangereuse Alliance y fait aussi allusion, les sorcières usent d'un athamé et disent adorer un "mélange de Dieu et du diable" baptisé Mamon...mais Mamon est en fait, un nom de démon! Curieux quand on sait que l'une des actrices, Fairuza Balk, est une authentique wiccane...et qu’elle a déjà joué une sorcière, Amandine Malabul, en 1986!




 Dans Les ensorceleuses, Sally Owens trace des pentagrammes en invoquant Hécate, et  défend que ses filles dansent nues à la pleine lune, mais rien d'autre dans l'histoire ne relève du néo-paganisme. Et Willow, dans Buffy contre les vampires, cesse vite de fréquenter les wiccanes du son campus qui s’intéressent plus  à la spiritualité qu'à la magie à proprement parler.

Pour le reste, il n'est guère question de paganisme-dans Harry Potter on fête Noël et Pâques plutôt que le sabbat de Yule ou Beltaine; tout le monde semble en fait athée.

Pures allégations visant à lui nuire de la part des bigots donc.


Les persécutions sont abordées assez souvent: on l'a vu, dans Charmed les sœurs Halliwell échappent au bûcher dans le futur et à la pendaison dans le passé.


Dans Harry Potter, il était rare qu'un vrai sorcier soit capturé, auquel cas il jetait un sort de gèle-flamme au bûcher. Le film Hocus Pocus commençait par la pendaison des sœurs Sanderson...mais elles étaient loin d'être  innocentes, elles sont satanistes de source sûre, appelant "Maître" un habitant de Salem déguisé en diable. Ça explique qu'il faille se protéger d'elles avec un cercle de sel et qu'elles ne puissent entrer dans un cimetière.


Dans Les visiteurs, la sorcière de Malcombe que Godefroy veut brûler a de réels pouvoirs...et lui causera de vrais ennuis.



Et seul son lien avec le shérif dans Robin des bois, prince des voleurs  permet à la terrible sorcière Mortianna de ne pas être inquiétée.




 Au contraire, Ichabod Crane de Sleepy Hollow se souvient que sa mère était "innocente" mais condamnée pour sorcellerie au supplice de la vierge de fer. Sabrina Spellman sera confrontée à un camarade de classe dont les gènes sont ceux d'un "chasseur de sorcière" : s'il dit  à une sorcière qu’elle en est une, elle se change en souris.

Les familiers sont rarement des démons à présent: ce sont des fées à l'aspect de chats dans Charmed, qui aident les sorcières débutantes (puis deviennent humaines en récompense). Dans Sabrina apprentie sorcière, Salem présente la particularité d'être un sorcier changé en chat pour expier ses crimes. Dans Les nouvelles aventures de Sabrina, c'est un gnome qui a pris cette forme. Oui, cette série où les pouvoirs de Sabrina passent d'innés à d'origine satanique (?).


Dans Hocus Pocus, c'est au contraire un innocent, ennemi des sorcières, qui a pris cette forme.


 Il est  d' ailleurs rare qu' un familier, ou  "proche" dans l' épisode Nos  plus belles années de Charmed, soit déloyal  (mais c'est dans le but de devenir un humain qu'un chat familier l'est dans l’épisode). Des familiers corbeau et chat dans Wounchpounch sont des espions qui font échouer  les malédictions de leurs sorciers  (car ils ne sont là que pour apporter le malheur a leur communauté ).

Ou ce sont des animaux tout simplement, comme Azraël des Schtroumphs ou le corbeau de la méchante reine. Peut-être aussi le chat d'Elaine dans The Love witch, décrit comme son meilleur ami, mais mort avant le début du film.


Dans Harry Potter, les hiboux servent en prime à porter les messages tels des pigeons, y compris le jour,  mais cela est douteux, car ces animaux sont nocturnes et très difficiles à dresser.


Dans Le bal des sorcières, les familiers portent des messages aussi: si on leur fait manger une racine magique, ils répètent les paroles de leur maître, par l'entremise de l'animal familier de leur interlocuteur qui les répercutent  à leur tour, comme une alternative au téléphone.


 Les "simples" animaux peuvent aussi être entraînés à parler comme Archimède le hibou de Merlin l'enchanteur. Dans La trilogie des Charmettes, l'apprentissage de la parole aux animaux est un pouvoir des sorcières dont elles usent sur tous leurs animaux de compagnie.



Enfin, les baguettes sont elles l’apanage des fées? En principe...mais Harry Potter les attribue à toutes les personnes magiques, même malveillantes.



Harry Potter qui, justement, démontre par son énorme succès une tendance arrivée avec le 20ème siècle: le phénomène de "Cool witchcraft".



Les sorcières n’effraient plus, les histoires qui font d’elles les grande méchantes ne sont pas si nombreuses, à part Hansel et Gretel, Hocus Pocus, Le projet Blair witch et Le magicien d'Oz; la sorcière de l'ouest étant à l'origine de pas mal de clichés dont la peau verte.



Mais par contre, on les admire! Seuls les vampires, peut-être,  sont les autres créatures surnaturelles qu'on envie et qu'on deviendrait volontiers (cf Twilight, Vampire diaries, et Vampire kisses) . Harry Potter, Charmed, ou encore Les sorcières d'halloween commencent tous avec l'excitation des personnages principaux à se découvrir des pouvoirs. La catégorie des magiciens de tout poil est de rigueur, aussi, dans tous les jeux de rôles désormais.



Car les persécutions n'existent plus, et les sorcières ne sont pas obligatoirement méchantes...Alors comment ne pas rêver à des pouvoirs magiques qui permettent de faire ce que l'on veut?

Lucinda, la cute witch de Princesse Sofia, parvient même à initier les princesses...


 Surtout maintenant qu'on sait que les haillons et la laideur ne sont plus non plus un prérequis. Comme les sœurs Halliwell, Sabrina Spellman et Samantha Stevens , on peut être belle et habillée comme les mortels.




Voire être en rose comme les magical girls, ou Mlle Talisman dans Amandine Malabul.



On peut aussi, en même temps qu'on est une magicienne, être une princesse (comme les princesses Precure, Sailor Moon, Vanilla et les "soeurcières")



 ou une reine (La marâtre de Blanche-Neige, Glinda dans Oz un monde fantastique), avec tout le décorum qui s'ensuit...et parfois, avec un sceptre en guise de baguette magique!


(Barbie Secrets Spells est le seul modèle de la franchise à être plus sorcière que fée  -elle fait des potions au sein d'une assemblée de trois- mais est quand même en rose).



S'habiller d'une façon inspirée des sorcières est même possible aujourd'hui grâce à la tendance "Strega" (sorcière en italien),  liée au mouvement gothique. Un branche du mouvement lolita (voir ici)  s'inspire aussi des sorcières sous le nom de mahou (sorcière en japonais) lolita.




Si on prend une large définition, bien des gens peuvent être perçus comme sorciers aujourd'hui. Les médiums, les voyants, les astrologues, les rebouteux, les hypnotiseurs, les guérisseurs, les herboristes, etc. Tout pouvoir, si humble soit-il, compte.



N'importe qui peut -il donc être une sorcière aujourd'hui? Il faut croire que oui. Cela implique-t-il forcément d'être wiccan? Même pas: suivre son "own path" (propre chemin) est le credo des sorcières modernes sur Tumblr.



Une sorcière peut estimer que les pouvoirs ne sont pas une grâce accordée par des dieux païens mais un talent de naissance. Donc, il existe des sorcières chrétiennes, ou christowitches (comme les sorcières roumaines qui commencent leurs invocations par "de par Dieu"). Voire, juives (suivant la tradition de la cabale), musulmanes, hindouistes, etc (toutefois elles disent qu'il faut s'attendre à subir une désapprobation des deux côtés...).  Ou même athées.


Une christowitch est en effet un paradoxe sur pieds pour la wiccane: ne pactise-t-elle pas avec l'ennemi en quelque sorte? Ben non: l'inquisition cherchait en réalité des satanistes, plutôt que des païennes. Et bien plus de formules anciennes usaient de prières et invoquaient les saints qu'on ne le croit. Comme : "Sainte Barbe, Sainte Fleur, qui avaient porté la couronne de Notre Seigneur, quand le tonnerre grondera, Sainte Barbe nous gardera. par la vertu de cette prière, que je sois gardé() du tonnerre." (Pour se garder de la foudre).

Certaines sorcières préparent des potions plutôt qu'user de cristaux et bougies. D'autres se préoccupent plus de nature (green witches) .




Il y  a celles qui fonctionnent en assemblées et les solitaires, celles qui travaillent avec les fées, les sorcières qui font avant tout des cérémonies, celles qui se préoccupent surtout de voyance, et celles du foyer qui usent d'herbes et enchantent leur cuisine.




La marque de Satan ça ne marchait peut-être pas, mais les inquisiteurs, aujourd'hui, seraient étonnés de voir que-parfois- on reconnait les sorcières à leurs accessoires. Les sacs et bijoux portant diverses effigies sont devenus courants.



Ces symboles sont les pentagrammes droits, les triples lunes, cristaux, l'arbre Yggdrasil, les planches Ouija et les triquetra (wicca),


mais aussi les pentagrammes et les croix renversées, les têtes de morts et les démons (satanisme);


ainsi que du plus neutre comme les chats, les yeux (renvoyant à la voyance) les croissants de lune et les étoiles( athéisme).







De loin en loin, la christowitch pourra aussi trouver une croix droite parmi tout ceci!

Avec des symboles athées et wiccans?






Le symbole "relique de la mort" d'Harry Potter est également populaire.


Et la couleur dominante est le noir dans tous les cas. Les accessoires sont parfois confus en ce qu'ils présentent plusieurs de ces symboles, parfois en contradiction.



Il n'en demeure pas moins qu'on reconnait une sorcière moderne, en ce que, tout simplement, c'est marqué dessus.



Les sorcières, des femmes haïes, redoutées et persécutées aux créatures que le monde entier envie.



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Salem, théâtre d'une grande chasse, est aujourd'hui une ville complètement vouée à la sorcellerie.



 Les chasseurs doivent en faire des loopings dans leurs tombes....