Critique film d'origine partie 01
Critique film d'origine partie 02
Critique film d'origine partie 03(climax)
Critique film d'origine partie 04 (climax)
(Version audio de ceci, mais je raconte, en plus, la genèse du film en début de podcast.)
L' original étant un produit des années 1990, il relevait de la catégorie "animation dérangée".
C 'est à dire: ce qu'on a pu observer, de façon intensive, dans l'animation en général et dans les grands classiques en particulier, du début de la décennie, et de façon de plus en plus moindre jusqu'au début du siècle suivant.
Les plus attentifs me feront remarquer qu'il y avait eu Bernard et Bianca au pays des kangourous au milieu.
Mais il se distingue du lot pour plusieurs raisons: non musical, moins rentable, thématique très différente...et pas tant d'animation dérangée que ça (sauf quelques blessures amusantes et certains personnages comme Franck et Joanna).
En revanche, dans une comédie musicale, on a le champ libre pour se lancer dans ce qu' on a depuis appelé la "Disney acid sequence" ou "séquence Disney sous acides" . Semblant être faite sous substances illicites, plus précisément.
La parade des éléphants roses (Dumbo) est un exemple précoce.
Ce sont ces moments un peu spéciaux, d'un point de vue visuel, avec une chorégraphie démente et si en plus la magie peut être impliquée, on en prend plein la vue. Le film cesse d'être réaliste et se transforme en illustration plus abstraite de la musique.
Et c'est là qu'un personnage polymorphe devient intéressant. Lors des interviews de réalisateurs présentes sur le DVD de 2006, ceux- ci ont dit qu'Aladdin pouvait être fait en live action et avait été fait de cette façon d'ailleurs (Y compris, plus tard, par la France, hélas! ) .
Mais quelle valeur ajoutée pouvait apporter une version en animation ? On en conclut que ce serait un génie sujet aux métamorphoses permanentes (difficiles à faire sous un autre médium à l'époque, il est vrai).
Sauf que, presque simultanément, devait se développer une technologie permettant de montrer une réalité fantaisiste. Cinq ans après la sortie d' Aladdin, le film The mask nous montrait Stanley Ipkiss (Jim Carrey) sujet à divers changements d' apparence et autres clins d' œil culturels lui aussi.
Et vu la source d' inspiration apparente des métamorphoses du génie, on dirait que, comme Stanley, il a passé beaucoup de temps devant les cartoons de Tex Avery (ils vont jusqu'à faire la même caricature, celle d'un french lover) .
En visionnant The Mask, j'ai souvent pensé : "Ça alors, ça veut dire qu'on pourrait faire le génie en live action. " En fait oui et non. Techniquement parlant c'est possible, encore plus facilement aujourd'hui.
Seulement voilà :contrairement au génie original (et au Masque ), celui de la version live n'est pas un imitateur. En tout cas pas dans les proportions du dessin animé.
Sans doute pour éviter un écueil apparu au fil des ans : j'avais déjà dit qu'en tant qu'en tant qu'européen on pouvait être perdu devant les différentes caricatures de célébrités confidentielles hors des frontières américaines.
Là par exemple c'est Rodney Dangerfield. Qui est?... Bon, peu importe. |
Mais ce n' est pas tout : pour apprécier pleinement toutes les imitations du génie, à l' époque, il fallait non seulement être américain, mais être adulte. Et aujourd'hui, ça ne suffit plus : même nés aux États unis, beaucoup de spectateurs actuels ne voient plus de qui il est question...Bref ces allusions datent terriblement l' Aladdin de 1992, et on peut supposer qu' on a voulu éviter le même écueil avec celui de 2019.
J'avais dit aussi, question humour, qu'on était alors alors en plein dans l'animation dite dérangée, déjà bien visible dans La petite sirène ou La Belle et la Bête. Concrètement, c'était un style évoquant le cartoon de l'âge d'or façon Tex Avery avec des déformations parfois extrêmes qui n'épargnent que les personnages harmonieux
Jafar, en tant que méchant glacial (tenu à une certaine dignité), est normalement épargné par les gags mais on ne résistera pas à l'envie de nous le montrer éclaté derrière une porte dans Prince Ali.
Egalement, il y a les gags à base de sous- vêtements révélés à motifs ridicules, les objets tranchants jetés au kilo, les petits oiseaux au -dessus de la tête d'un personnage qui s'assomme, la mâchoire qui tombe, etc.
Les animateurs ont admis qu'Aladdin poussait très loin l'art du grotesque pour un grand classique. Et il y a un rythme soutenu dans les chansons. Mais difficile de retranscrire tout cela en live, n'est-ce pas? Il avait déjà été fait mention que La Belle et La Bête (2017) avait un rythme bien plus posé sur ce point.
En y repensant et depuis que je connais la VO du dessin animé, la VF me paraît...disons problématique sur certains points. Comment cela, elle est très bien, comme toutes celles d'époque me direz-vous? Et bien question choix des interprètes, pas de doute.
Richard Darbois, Eric Métayer, Féodor Atkine (et sa voix grave bien effrayante), ou Paolo Domingo qui savait aussi chanter contrairement aux interprètes VO: juste excellents. De quoi avoir envie de pleurer des larmes de sang quand Domingo sera écarté pour d'obscures raisons de droits (?) et remplacé partout ailleurs (sauf dans Le retour de Jafar) par Guillaume Lebon qui contrairement à ce que son nom indique...Non, il n'est pas très bon, en tout cas pas dans le rôle d'Aladdin (mais dans Death note par contre, je ne l'avais pas reconnu, bon point).
C'est sur le texte que je suis plus perplexe. Question jeux de mots, la VF s'en sort pourtant généralement bien, arrivant parfois à caser un équivalent ailleurs quand c'était vraiment trop intraduisible.
Le "Bee yourself" du génie changé en abeille, c'est "sois toi-même", mais le "sois " ("be") est prononcé "bee" ("abeille"). Hum, on comprend qu'en VF il se contente d'un "Vole de tes propres ailes." Mais une minute avant, là où il laissait échapper un "Oh, ça va!", en VO, en VF c'est "Tu me fiches le bourdon!" Là, oui, c'était brillant.
Mais on ne peut pas en dire autant des chansons...Comme tous les maudits français de France, je suis accoutumée à Ce rêve bleu, et écouter la version québécoise me ferait sursauter.
Reste qu'appeler la chanson Un nouveau monde était effectivement plus judicieux puisque A whole new world (VO) ça signifie "Un tout nouveau monde " (la version québécoise prouve que la rime était sans aucun doute possible, pourtant).
Et ça fait plus sens au vu de ce qu'il se passe (on parcourt le monde, en effet!). La notion de rêve est même contraire à l'intrigue. Le vers "Où personne ne nous dit, c'est interdit, de croire encore au bonheur" se disait en VO "Personne pour dire non, où aller, ou qu'on est seulement en train de rêver".
La réalité du voyage était donc importante. D'où vient le mystérieux titre VF, de l'esthétique de la scène? Alan Menken a pourtant dit qu'il trouvait que c'était le meilleur des titres, mais sait-il ce qu'il signifie? A la fin de la VF c'est Jasmine seule qui dit "Pour toi et moi" avant que le duo ne finisse par "toute la vie", alors qu'en VO un "Pour toi et moi" est le vers final. J'ai une préférence pour quand c'est ce vers qui est chanté simultanément justement.
Ça change le sens de quelques matériaux supplémentaires, aussi, comme le roman Twisted tale: A whole new world (2015). Les Twisted tales sont des romans "Et si?" où les méchants des classiques Disney gagnent en apparence, et où la victoire finale est plus dure à arracher.
Donc, Jafar qui a la lampe plus tôt que d’habitude, ça produit en effet un nouveau monde...
Le double sens n'est plus vraiment conservé dans le titre VF.
Il est quelques chansons que je suis venue à ne plus regarder qu'en VO comme Je vole qui était One jump ahead (difficilement traduisible, ça implique une notion de s'échapper à la dernière seconde). Et c'est cette difficulté qui la rend moins bien rythmée en français.
Et puis les dialogues qui, parfois, m'ont menée à me demander si la VF n'avait pas dû être faite dans la précipitation (ou bien la synchronisation trop difficile?) Je n'ai pas les moyens d'enquêter, mais reste qu' après que la VO soit si connue sur le net (référencée ou citée, etc) la VF (de France) est parfois dérangeante dans sa différence.
Petit détail pour commencer, la VF a été expurgée toute allusion à Allah (le voleur Gazeem, au début, s'exclamait "Par Allah!" en VO et "Par tous les saints!" en VF). Parce que?...
Il n'a échappé à personne néanmoins que nous sommes malgré tout dans un royaume musulman: la loi coranique qui prévoit l'amputation d'une main des voleurs a été évoquée deux fois dans l'histoire.
Au début du film, la caverne dit n’accepter qu'un "diamond in the rough", un diamant brut. Ça fait parfaitement sens au vu du parcours du personnage principal, car un diamant brut est moins impressionnant en apparence qu'un diamant qu'on a pris le temps de polir et tailler. Mais en VF, le "diamant d'innocence" me laissait perplexe quand j'étais enfant car devoir voler, je ne trouvais pas ça très innocent...je suppose que cette expression est due à des questions de rythme .
La VO voyait Aladdin être régulièrement qualifié de "street rat" ("rat des rues"). En VF les gens disent "vaurien" et à première vue ce n'est pas très grave...sauf que, dans le film proprement dit, on ne comprend pas très bien pourquoi Razoul (le chef des gardes) qui n'a pas reconnu Jasmine sous son déguisement l'appelle "souris des sables" ("street mouse", "souris des rues" en VO). Et puis il y a eu tout le matériel supplémentaire où l'emploi du terme original aurait expliqué pas mal de jeux de mots ou de gags visuels.
Par exemple, dans Once upon a time, Jafar métamorphose des voleurs pris sur le fait en rats (littéralement). Evidemment, quand on ne connait que la VF du film d’origine, on ne voit pas pourquoi des rats, plutôt que des crapauds ou des cafards (même le titre VO de cet épisode, c'est "Street rats"!).
Souvenez-vous, au début, du prince Achmed qui cherche à corriger deux enfants qui lui ont coupé la route. Ce n'est évidemment pas digne d'un homme élevé pour veiller sur plus petit que soi...Non sans raison, Aladdin lui fait un reproche dont, enfant, je ne comprenais absolument pas la portée (les leçons de politesse).
En VO, tout s'éclaire, il est dit qu'on pourrait attendre du prince qu'il pourrait "afford some manners" ( littéralement "s'acheter une conduite"), une expression courante en anglais qu'on adresse à tous ceux qui font preuve de rudesse-peu importe leur niveau de vie. En VO, ça crée un jeu de mots entre la notion d'achat contenue dans l'expression et le pouvoir du prince à ce niveau-là. Mais c'est sûr qu'en français, il aurait fallu une expression équivalente...attendez voir, elle existe, puisque c'est "s'acheter une conduite." Alors je ne saisis pas...
Il y a aussi (hélas) ce qui est normalement la grande phrase de Jasmine, celle qui la résume magnifiquement, celle qui est toujours citée ou imprimée sur des tee-shirts: "I'm not a prize to be won", "Je ne suis pas un prix qu'il faut gagner".
Elle est loin d'être si fameuse en français et pour cause: Jasmine y affirme ne pas être le premier prix d'une tombola...Un anachronisme assez mal venu, en dehors du fait que le mot m'a toujours fait resurgir des souvenirs de kermesse scolaire en tête (rien à voir avec le contexte).
Ouiiiii!!!!! Et donc ça nuit à la solennité du moment. |
Même enfant, je savais déjà que le concept de loterie n'existait pas à l'époque où se situe le film (en dépit de ses anachronismes comiques mais là, il n'est pas question de faire rire). Pire, je savais même que l'islam bannit tout jeu de hasard et d'argent. Donc, en ce temps et et dans cette culture, Jasmine, après sa sortie, n'aurait pas dû obtenir un silence gêné...Mais plutôt: "Heu, pardon...le premier prix d'une quoi? Quel est ce mot?"
Dans Once upon a time, pendant une scène équivalente, Jasmine mentionne plutôt qu'elle n'est pas "un trophée" (bien vu: on retrouve la notion d'"épouse trophée") dans la VF de la série.
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