La reine des neiges, le conte le
plus long d'Andersen! Enfin adapté par Disney 70 ans après avoir
été envisagé pour la première fois! (Et finalement en CGI).
Et Wicked est forcément connu de Disney pour la raison simple de son apparition dans les arrière-plans d' Il était une fois. (Oui, avec Idina Menzel dedans, une honte qu'elle n'y aie pas chanté...).
Kristoff :
Jeune orphelin recueilli par les trolls, puis vendeur de glace à l'âge adulte, il est celui qui grâce à ses connaissances sur la montagne guide Anna. Physiquement il est ce qui reste de Kai, et aussi d'une première version de Flynn Rider (Raiponce) qui était bien plus costaud.
Comme ce dernier, il est un de ces nouveaux héros non dépourvus de défauts ou faiblesses, le premier étant de se montrer rude et impoli de prime abord. En sorte que le rapprochement final avec l'héroïne ne se fait que chemin faisant.
C'est l'inverse de Hans dans la mesure où il n'a pas de manières et où il lui manque même le côté dragueur de Flynn Rider. En fait, il dit même préférer les rennes aux hommes...Autant dire qu'avec un tel grand solitaire on aura rarement été si loin de la figure habituelle du héros.
Et pourtant. « Tel un vaillant chevalier arrivant sur son renne puant » celui avec qui rien n'avait bien commencé (pas d'une façon idéalisée du moins) illustre comment « faire passer les besoins d'une personne avant les siens. »
Moins présent que certains personnages masculins ces dernières années (Rebelle n'avait carrément pas besoin d'intrigue romantique, étant centré aussi sur un conflit entre deux femmes.) , il n'aura même pas l'occasion d'un duel avec le vilain ainsi que le scénario l'avait prévu. Kristoff ne semble pourtant jamais de trop, ne serait-ce que pour marquer le contraste avec l'amour rêvé et l'amour véritable, voir ci-dessous. Comme sa « famille » le rappelle, il mêle tout autant rudesse que tendresse et sincérité. Cela ne va pas toujours avec l'apparence de prince charmant bien sûr mais ne perdons plus de vue l'essentiel. La V.F. lui donne la voix de Félix Fixe Jr dans Les mondes de Ralph, l'année dernière (Donald Reignoux). Évidemment ça donne l'impression que les chargés de la dite version manquaient d'inspiration, mais le rendu est très bon.
Hans :
Prince des îles du sud , il a douze frères aînés dont trois auraient fait comme s'il n'existait pas pendant deux ans. Dans ces conditions, pas étonnant qu'il en aie été aigri, et décidé de devenir roi par alliance. Mais on l'a vu, il fait ça bien. Pas d'attitude arrogante et machiste à la Gaston, et surtout, bien sûr, pas de délit de sale gueule !
On pourrait trouver Anna naïve de le croire si facilement, mais c'est vrai que la malheureuse recherche surtout de la compagnie à tout prix, manque d'expérience en matière de sentiments, et toutes ses aînées se trouvaient un homme en guère plus de temps.
Ça et le fait que Hans réussit à tromper jusqu'au spectateur avant sa réplique coup de poing (« Anna, si seulement quelqu'un était amoureux de vous ! ») .
Une minute : cela veut dire que cette fois le vilain est dissimulé sous l’apparence du prince charmant, coup de foudre et duo romantique avec l'héroïne inclus ? C'est...
Oui. Paradoxalement, Hans se montre en cela bien plus redoutable que les autre méchants parce qu'il est furieusement réaliste : pas de comportement insupportable caractéristique du rival ou de l'héritier royal mal élevé classique.
Revoir le film pour comprendre ses actions est presque nécessaire, quand il parle de « trouver sa bonne étoile » (« trouver sa propre place » en V.O., plus explicite) en désignant Arendelle d'un geste de la main au début ou quand apparemment il sauve Elsa d'un trait d'arbalète en faisant pointer l'arme au plafond.
En voyant sa dégaine pour la première fois vous avez peut-être pensé comme moi : « Mon Dieu , mais qu'est ce que c'est que ça ? ». Il ne faut pas s 'y fier bien sûr. Ray dans La princesse et la grenouille faisait la même impression mais était attachant entre son amour pour Evangéline et sa mort tragique.
Rappelez-vous le premier trailer.
avec sa chanson rigolote et son obsession de l'été il y avait de quoi redouter le comic-relief très lourd. Toutefois du chemin a été fait depuis les années 1990.
Non, si bons soient -ils, contrairement au Génie d'Aladdin ,à Mushu dans Mulan, (pourtant je le trouve mignon, j'ai sa peluche!) , ou aux gargouilles du Bossu de Notre-Dame, l'acolyte des années 2010 n'a pas besoin de bavarder sans cesse.
Olaf n'est rencontré qu'assez tard dans les montagnes, et le doublage de Dany Boon se révèle agréable (même si ces dernières années le marketing des films d'animation semble reposer en entier sur « avec la voix de » ), il est de toute façon la seule « tête d'affiche » de la version française. (si ce n'est les stars de comédies musicales, mais moins connues de tous.)
Il s'exprime d'une voix douce et posée sans se sentir obligé d'en faire des caisses ou d'être vulgaire, et sa chanson est relativement courte. Certaines de ses répliques sont même l’occasion de rire aux éclats : le hurlement hors écran qu'il déclenche quand on constate qu'il est vivant, le dialogue chuchoté à Anna lui conseillant de fuir quand ils se mettent à douter de la santé mentale de Kristoff qui parle semble-t-il à des cailloux (en fait , les trolls.) . Ou bien ce « Je n'ai pas de crâne...ou de squelette... » où le comique est littéralement dans le ton.
Il n'est même pas inutile dans la mesure où c'est une réplique des bonhommes qu'Elsa et Anna construisaient petites. Elsa le crée après sa fuite une fois la sérénité retrouvée ; et incarnant les souvenirs heureux, Olaf symbolise l'ancien lien affectif . (Alors que Guimauve, le snowlem agressif, paraît symboliser la colère de la reine des neiges.)
Il sait aussi faire avancer l'intrigue en délivrant Anna de la pièce où la malheureuse avait été bouclée juste avant le climax, ou en lui rappelant que « L'amour c'est de faire passer le besoin des autres avant les siens. ». Une bonne surprise globalement.
Sven :
Le renne (restant du conte originel) monture de Kristoff. Il a beaucoup changé, ayant d'abord été envisagé comme n'ayant qu'un bois, ou étant grincheux. C'est finalement une brave bête, au comportement un peu canin ...comme un certain Maximus. Mais néanmoins attachant et ayant tendance à comprendre bien des choses plus vite que son maître.
Les trolls :
Heu..J'ai trouvé tout le monde réussi, mais là, il y a comme un doute...Jusqu'alors pour moi les trolls c'était ça :
Alors oui, que pour une fois ils aient l'alignement bon, c'est original (vu que partout ailleurs ce sont des nuisances à coup sûr, à commencer par les communautés internet.).
Peut-être faut il y voir le respect des légendes nordiques, où les trolls ne sont pas tant des monstres que de puissants esprits de la nature- plus tard diabolisés en croquemitaines locaux.
Un bon point d'ailleurs que d'avoir songé à les représenter sous forme de cailloux le jour, car la lumière du soleil pétrifiait bien (de façon permanente par contre) les trolls des mythes. Bien vu puisque presque toutes les utilisations modernes des trolls font abstraction de ce détail.
Mais quand même...Peut importe qu'ils soient bienveillants, j'aurais au moins voulu les voir plus impressionnants physiquement.
Chansons :
-Cœur de glace
Chantée
par des travailleurs prélevant des glaçons sur un fjord (l'occasion
de voir le jeune Kristoff apprenant le métier. ) , après de
sublimes cœurs nordiques (Vuelie) .
Le sens peut échapper au spectateur de prime abord, mais il se trouve qu'une première ébauche du scénario tournait autour d'une prophétie trollesque stipulant qu'un cœur de glace perdrait le royaume. Une chanson coupée, Spring pageant, y faisait d'ailleurs allusion.
Mais au fait, qu'est ce que ce conte
pour qui l'aurait oublié?
Paraît laid et mauvais tout ce qui s'y
reflète de beau et bon. Ce miroir se brise en morceaux
microscopiques dont l'un se loge dans le cœur d'un enfant nommé
Kai.
Le jeune garçon devient froid et
insensible, et un jour d'hiver, accroche par jeu sa luge à un grand
traîneau.
Sortis de la ville, l'occupante
propose à Kai de venir se réchauffer sous ses fourrures. Un baiser
de celle-ci le gèle jusqu'au cœur car elle est la Reine des Neiges
, celle qui fait venir la saison froide.
Gerda, la meilleure amie de Kai, part
aussitôt à la recherche de ce dernier. Elle en passera par le
jardin fleuri d'une vieille magicienne,
un palais où elle confondra le nouvel
ami d'une jeune princesse avec Kai, et une troupe de brigands,
attirés par le beau carrosse donné par la princesse.
L'une des filles des voleurs se laisse
attendrir par Gerda et la laisse repartir sur le dos de son renne apprivoisé vers le nord.
Après un arrêt chez une finnoise puis
une laponne, la fillette arrive en vue du château de la reine des
neiges, absente car partie enneiger les volcans d'Italie.
A l'intérieur, le pauvre Kai gèle en
dedans, mais des larmes de Gerda tombées sur son cœur en font
sortir le fragment de miroir. Et ils s'en retournent à la maison sur
le dos du renne.
Andersen aurait ainsi exprimé un amour
déçu pour la cantatrice Jenny Lind, "froide comme glace"
à son encontre.
Ce qui explique que la reine soit si
lointaine, qu'on ne sache rien de ses motivations, (Pourquoi enlève
-t-elle Kai? Mystère.) et qu'elle soit carrément absente du climax.
Pas de passé, pas d'avenir. Pas étonnant que plus d'un cinéaste la
change alors en une méchante flamboyante. La preuve avec les deux
adaptations russes de 1957 et 2012,
le comics Grimm fairy tales
ou Barbie rêve de danseuse étoile. (Etant celle du ballet Le baiser de la fée.)
Seul le ballet Casse-noisette l'aura
jusqu' alors représentée sous un jour positif.
N'en est-il pas ainsi pour la plupart
des personnages aux dons glaçants?
Mister Freeze, la reine blanche Jadis,
Icy, le roi des glaces...
De fait, Disney envisagera bel et bien
la reine comme une méchante dans les ébauches du scénario dans
les années 2000-2003.
Mais chemin faisant, les scénaristes
se posèrent les bonnes questions non résolues par le conte: Qui
est- elle? D'où viennent ses pouvoirs? Pourquoi vit -elle dans la
solitude? Elle devint une souveraine gelant des prétendants
intéressés, jusqu'à l'arrivée d'un homme au bon cœur (scénario
des années 2009-2010).
On tenait là un personnage fascinant
qui devint la sœur de l'héroïne, le lien donnant une émotion
absente en présence de la reine du conte (et celle-ci fusionnant
avec Kai.) Elsa, comme elle fut baptisée, (le nom d'une
illustratrice célèbre d'Andersen) devenait une anti-héroïne
ambigüe, enviant sa sœur dans leur jeunesse, déclenchant
volontairement un hiver éternel et ne retrouvant la rédemption qu'à
la fin.
Et puis finalement le scénario actuel
fait d'elle un être totalement bienveillant.(Encouragée en cela par
sa chanson Libérée, délivrée qui tue tout.)
Un peu comme si Aurore se retrouvait
encombrée des pouvoirs de Maléfique: son tempérament ne lui permet
pas de s'en servir pour nuire, et tous les abus sont accidentels.
Gerda pour sa part semble avoir
fusionné avec le personnage de la petite princesse. Anna a tout du
look classique de Gerda (habits folkloriques et nattes dorées) mais
prend quelques années et devient la jeune sœur d'une souveraine au
sens politique du terme.
Elsa a le pouvoir de créer la neige
depuis l'enfance, (pas d'explication: une scène coupée évoquerait
un lien avec une naissance sous la pleine lune) mais blesse
accidentellement sa sœur à la tête quand elles étaient petites.
Des trolls soignent cette dernière
(eux aussi sont devenus bienveillants) et Anna oublie l'incident.
Depuis lors, Elsa traumatisée se terre loin de toute compagnie.
Malgré le danger de ses propres émotions qui déclenchent ses
pouvoirs, elle ne peut être mise vraiment à l'écart en tant que
future dirigeante de la nation d' Arendelle.
Le décès prématuré de ses parents
l'oblige d'ailleurs à ouvrir le palais le jour de son couronnement.
Un accident va hélas exposer ses dons et Elsa fuit, réfugiée dans
le château de glace qu'elle construit au sommet d'une montagne.
Sa sœur décide d'aller l'y chercher
d'autant qu'Elsa a plongé le royaume dans un hiver éternel. Elle
déniche un guide en la personne de Kristoff, montagnard sami (lapon)
et de son renne Sven.
A ce détail on aura compris que ce
dernier est un double inversé de la fille des brigands. Le bonhomme
de neige vivant Olaf, créé par Elsa, peut paraître étranger au
canon jusqu'à ce qu'on se souvienne du Bonhomme de neige, un
autre conte d'Andersen où ce dernier fasciné par le feu d'un poêle
finit par fondre. Pareillement, Olaf désire connaître l'été.
Par contre, un total étranger semble
être le prince Hans. Arrivé pour le couronnement, il demande
rapidement la main d'Anna . Laquelle accepte aussitôt, à croire
qu'elle a conscience d'être l'héritière d'une lignée où les
femmes peuvent sans problème reconnaître leur futur conjoint après
avoir simplement chanté en duo- ce que Hans et Anna viennent de
faire au demeurant.
Mais Elsa répond qu'on ne saurait
épouser un homme qu'on vient de rencontrer, la libération de la
femme est passée par là. La dispute qui suit est d'ailleurs ce qui
révèle les dons de la nouvelle reine.
C'est alors qu'Anna part en vadrouille
avec Kristoff et qu'un doute s'immisce dans notre esprit: à quoi
cela rime -t-il quand on vient de se fiancer à un autre? (Hans est
pendant ce temps laissé à la régence) . Et les héritières plus
proches dans la lignée n'avaient -elles pas tendance à finir avec
celui qui les accompagne dans un périple? (Tiana et Naveen/La
princesse et la grenouille, Raiponce et Flynn) L'avertissement
d'Elsa n'est pas dépourvu de sagesse et le duo (L'amour est un
cadeau) arrivé bien tôt dans le film par rapport à d'habitude
est aussi plus rythmé comparé aux précédents.
Les plus perspicaces auront déjà
compris que la véritable âme sœur d'Anna est Kristoff. Mais alors
que fait-on d'Hans? Et bien j'avoue: je n'en avais aucune idée
jusqu'au dernier moment. Pour comparer avec d'autres Disney,
souvenez-vous de la parodie affectueuse Il était une fois:
Giselle et le prince Edward décident eux aussi de se marier au
lendemain de leur rencontre.
Mais Giselle découvre ensuite sur
environ trois jours le moins idéaliste Robert. Quand l'héroïne
victime d'un empoisonnement a besoin d'un baiser salvateur, celui
d'Edward n'a pas d'effet. Giselle est à la place réveillée par
Robert, et Edward en est aussitôt consolé par la fiancée
abandonnée de Robert, Nancy.
Dans Kim Possible: le film, Kim
tombe sous le charme d'un nouveau prénommé Érik. Cela permettant à
Robin, ami d'enfance de l'héroïne, de réaliser ses sentiments plus
profonds que supposé jusqu'alors envers Kim. En vain? Non ,car Érik est un
androïde créé par la Némésis de Kim, Dr Drakken. Et une fois
Érik détruit, Kim remarque le plus sincère Robin.
Hans était il donc un Edward-brave
type aussi naïf que notre héroïne et retrouvant assez vite
chaussure à son pied- ou un Éric -traître infâme qui n'a jamais
aimé personne? Et au fait qui est le méchant? Les trolls sont comme
la reine des neiges devenus bons. Il reste bien l'agaçant Duc du
Weselton , mais celui-ci se révèle rapidement être une menace
mineure.
Le casting me faisait pencher pour la
version Edward car Nancy et Elsa sont toutes deux jouées par Idina
Menzel. En ce cas elle aurait été le lot de consolation de Hans. Le
fait que ce dernier la sauve du tir de deux archers puis l'enferme
vivante dans un donjon pour lui demander de faire cesser l'hiver
semble pencher en ce sens.
Mais le clin d'œil au casting ne
marche en fait pas toujours. Anna touchée au cœur par les pouvoirs
de sa sœur gèle lentement et doit être sauvée par "une acte
d'amour sincère." Et Hans...refuse de l'embrasser, préférant
la laisser geler. Oui, il est un Érik. Son but était d'accéder
plus vite à un trône (étant 13ème en ligne de succession chez
lui) quitte à arranger un accident pour Elsa plus tard.
Shocking, même si certains
spectateurs m'ont déjà affirmé avoir vu celle -là venir de loin!
( quand on est habitué aux films d'horreur psychologiques plus qu'à
Disney en tout cas.) Pas moi, je dois bien le dire. (bien que le fait
qu'il soit à l'origine de l'accident révélant les pouvoirs d'Elsa
n'était déjà pas bon pour le casier judiciaire de Hans, il faut
l'admettre.) Un autre homme avait déjà tenté
d'épouser une héroïne de Disney (Gaston dans La Belle et la
Bête) mais le refus net de Belle ne surprenait personne. Gaston
en plus d'être désagréable n'est beau que d'un certain point de
vue ( Parce qu'entre le menton à couler le Titanic pour la deuxième
fois et la moquette sur le torse...) .
Certains personnages font confiance aux
méchants parfois. Raiponce envers Goethel, Quasimodo envers Frollo,
Simba envers Scar...Mais le spectateur, lui, n'était jamais dupe.
Qu'attendre de bien de Maléfique alors qu'elle s'annonce par un vent
mauvais, et apparaît dans des flammes vertes? De Jafar alors qu'il
est présenté comme "un homme en noir nourrissant de noirs
desseins?"
Ceci dit certains méchants "surprise"
avaient existé avant: Helga et Rourke dans Atlantide l'Empire
Perdu ou le roi Sa
sucrerie dans Les mondes de Ralph. Mais on s'est toujours
défié d'eux quand même. Helga est une femme fatale et chacun sait
qu'on ne peut raisonnablement pas leur accorder la moindre
confiance. Et bien malins ceux qui ont deviné que Sa Sucrerie et
Turbo ne faisaient qu'un mais au moins on se doutait qu'il fallait se
méfier de ce roi acharné à poursuivre nos héros . Et doublé par
le même acteur en V.O. que le duc de Weselton, toujours ce gag du
casting.
Mais là? Rien: pas de look approprié
( On est loin de Gaston), pas de rire diabolique ni même de sourire
ironique en coin. Pire, Hans est la voix de la raison pendant sa
régence, et prend soin des sujets frigorifiés. Il insiste aussi
comme on l'a vu à ramener Elsa vivante. Tout ceci est calculé bien
sûr mais entretient l'illusion. De même , sur toutes les affiches,
il ne surplombe pas la scène d'un air menaçant comme ses
prédécesseurs mais sourit d'un air bienveillant, placé sur le même
pied que les autres protagonistes.
Ce qu'on perd en salaud magnifique de
l'envergure de la Reine dans Blanche-Neige, par exemple, on le
gagne en approche mature de la figure du vilain, plus proche de son
équivalent réel (Dieu sait que le malfaisant briseur de cœur est
répandu sur le marché.). Bien sûr, si tous les méchants que nous
croisons en vrai éclataient d'un rire sardonique toutes les trois
secondes et ressemblaient à ça, on les éviterait plus facilement!
T_T
Je ne me suis pas interrogée quant à
l'impact d'un tel méchant sur les jeunes spectateurs qu'on prétend
hermétiques au principe de la moralité ambigüe. A tort
probablement. Ceci dit certains adultes ont été choqués par un
vilain si hors normes chez Disney. C'est le cas de ce vidéaste:
"Il faut qu'il y aie un méchant"?
Pas vraiment: il n'y en avait pas dans Chicken Little , Frère des
Ours, le Monde de Nemo ,ou Volt. Ou alors des fauteurs de
troubles mineurs ou peu présents à l'écran: Bambi, la Belle et
le Clochard, Dumbo, Rox et Rouky...
La fureur induite par la révélation aura fait dire à certains que ce point de scénario était mal écrit...Mais pas de mon point de vue. Ayant réellement (oui, promis, ce n'est pas une légende urbaine) vu des personnes changer aussi subitement que si on avait appuyé sur un bouton, (pas au plan amoureux, rassurez-vous) ça me semble au contraire furieusement réaliste.
La fureur induite par la révélation aura fait dire à certains que ce point de scénario était mal écrit...Mais pas de mon point de vue. Ayant réellement (oui, promis, ce n'est pas une légende urbaine) vu des personnes changer aussi subitement que si on avait appuyé sur un bouton, (pas au plan amoureux, rassurez-vous) ça me semble au contraire furieusement réaliste.
Il est même certain qu'Hans a
toujours été envisagé comme un antagoniste et qu'il ne sert à
rien d'envisager des scènes coupées où il se comporterait comme
Edward, d'autant qu'elles existent déjà dans Il était une
fois. En plus de partir sur "Les méchants n'ont pas
toujours une tête à l'être", on a vu aussi que le concept du
coup de foudre immédiat est parodié...sauf qu'on est plus dans un
film à part comme Il était une fois, mais dans un film
officiel de princesses Disney!
Les studios sont accusés depuis un
demi-siècle d'avoir une approche non pertinente de l'amour et de
donner des attentes au-dessus du réel aux filles.
Encore que, ironiquement, Il était
une fois était le seul à présenter une demande en mariage en
cinq secondes. De mariage il n'est pas question à la -seule-
rencontre des plus anciens princes et princesses, seule Cendrillon
était vue se marier à la fin. Plus d'occasions de faire
connaissance avaient lieu dans La petite sirène et Aladdin, même si un sauvetage et environ une
heure suffisait encore aux intéressés pour se savoir âmes sœurs.
Voire moins, trois secondes d'aperçu pour Éric! C'est en fait lui,
avec Philippe (La Belle au bois dormant) qui affirmait vouloir
épouser une femme dont il n'avait pas eu le temps de demander le
prénom. Des hommes, donc.
Mais pas de coup de foudre dans La
Belle et la Bête et Mulan (l’apparence d'un monstre ou
d'une personne de même sexe n'aidant pas ). Dans Pocahontas
on en est pas très sûr, dans Rebelle il n'est même pas
question d'amour romantique. Et ailleurs (La princesse et la
grenouille, Raiponce, La reine des neiges), on apprend à se
connaître chemin faisant.
Les clichés ont quand même la vie
dure, le premier venu affirme que les demandes en mariages viennent
toujours en cinq secondes chez Disney, et pour une fois c'est
rafraîchissant de voir une approche moderne et réaliste de la
chose: "Les enfants, les princesses Disney sont des personnes
formidables, mais n'imitez pas les plus anciennes en partant avec
un bel inconnu . Regardez, l'une d'entre elle s'est trompée se
faisant."
De façon plus générale, celui
pour qui Disney est encore les fleurs et les petits oiseaux, (ou plus
près de nous les films en CGI qui sont forcément des comédies très
speed) ne pourra que constater que la dimension dramatique a rarement
été si grande depuis Le Roi Lion.
On ne peut être que bouche bée devant
la série de traumatismes (la sensation d'être un danger public, de
ne pouvoir être soi-même, d'être seul au monde, de ne pas savoir
pourquoi...) endurés par les deux princesses.
En fait, des personnages humains de la
firme, c'est la cinquième fois seulement (après les pères de
Cendrillon et Tiana, la mère de Kida et les parents de Tarzan) qu'on
voit à quoi ressemblaient les parents qu'ils ont fini par perdre
prématurément. La quatrième qu'on sait pourquoi; facile de
déduire, aux traces de griffures, que les géniteurs de Tarzan ont
succombé à l'attaque du léopard Sabor, et à la vue d'une photo du
père de Tiana en uniforme de la 1ère guerre mondiale, qu'il est
tombé au champ d'honneur.
Et la seconde fois que la disparition a
lieu sous les yeux du spectateur: après la reine de l'Atlantide
aspirée par un cristal, on voit le naufrage emportant les souverains
d'Arendelle.
Et la première fois que l'enterrement
et le deuil immédiat des proches est montré.
.........Vous savez, pour les enfants!
Entrons dans les détails du scénario:
L'intrigue:
On l'a vu, c'est fort loin du conte de
départ, au point sûrement de fâcher les puristes, déjà contrits
de la survie de l'héroïne de La petite Sirène. Là ne
reste que la reine et son don, le renne, la jeune fille en périple
pour retrouver un proche, et le titre en option; puisque La Reine
de Neiges devient Frozen ("Gelé") en V.O.
C'est un mal? Pas forcément :
Hercule (1997) était par exemple une sorte de croisement avec
Superman plutôt qu'une redite littéraire des mythes connus
de tous.
Même chose ici : Le conte de La
reine des neiges était un enchaînement picaresque de séquences
diverses qui peuvent sembler peu palpitantes. Et puis la reine était,
on le sait, une figurante lointaine. Pourtant, un couple de vieux
serviteurs est prénommé dans le film Kai et Gerda (Même si on ne
le voit qu'au générique). Si ce sont les mêmes, Frozen
serait il alors une suite?
Où Kai et Gerda seraient retournés
vivre auprès de leur amie la princesse, mère ou grand-mère des
deux sœurs et dont l'aînée a été maudite avec les pouvoirs de
leur ancienne ennemie? Ou bien c'est une préquelle, avec plus tard
Elsa qui perdra l'esprit, des suites peut-être de la mort d'un fils
et qui enlève un jeune garçon qui lui ressemble?
L'idée de mettre Elsa au centre de
l'intrigue relève du génie même si elle reste une deutéragoniste.
On est en droit de se demander si cela n'est pas dû à une tendance
récente (le film a été définitivement relancé en 2011 seulement)
de nous montrer des "mauvaises filles" traditionnelles au
passé bienveillant.
La reine de Blanche-Neige selon
Disney en est passée par là dans le roman Fairest of them All
(qui raconte son passé) ou la série Once Upon a time.
Maléfique, dont le charisme lui a
toujours permis de retenir plus l'attention qu'Aurore (on comprend
pourquoi) : un film de 2014 centré sur elle révèle
qu'elle était une ancienne bonne fée.
Hors de Disney, on se souviendra de la
série animée Ever After High où la fille de la reine de
Blanche-Neige est une malheureuse héroïne ne souhaitant pas
refaire les mauvaises actions de sa mère.
Et puis Wicked.
Wicked est un roman écrit par
Gregory Maguire en 1995 et porté à Broadway en 2003.
Il reprend la méchante sorcière de
l'ouest telle qu'immortalisée en 1939 dans le Magicien d'Oz
de la MGM. La méchante certes, mais qui avait toutes les raisons
d'être fâchée après que Dorothy aie accidentellement tué sa sœur
puis volé les souliers rubis de cette dernière.
Gregory Maguire n'hésite à un faire
un être totalement innocent luttant contre la tyrannie du vrai
méchant, le magicien d'Oz lui-même. Il la baptise Elphaba, se
basant sur les initiales de l'auteur d'Oz, L.F. Baum. Elle s'y
révèle avoir été la meilleure amie de Glinda, bonne sorcière du
nord. Et Elphaba à cause de sa rébellion est perçue par tous
comme une vilaine sorcière. La comédie musicale renforce son
héroïsme en la rendant bien plus belle- sa première interprète
était Idina Menzel. Tiens donc, celle d'Elsa!
Pas de hasard, à commencer, par un
prénom qui finit et commence pareillement. Pour les autres
personnages, revoilà l'astuce de la base sur le nom de l'auteur:
lisez Hans Kristoff Anna Sven...C'est
ça, Hans Christian Andersen. Le magicien
d'Oz a toujours été source de frustration pour le studio
Disney, les droits du livre ayant été achetés avant d'avoir pu
être adapté en dessin animé. Et la MGM de pondre sa version live,
eux-mêmes inspirés par Blanche-Neige, sorti trois ans plus
tôt. La sorcière de l'ouest aurait même ressemblé à la Reine
Sorcière avant d'avoir son apparence de mégère.
Disney cherchera toujours rattraper le
coche en produisant une suite spirituelle en 1985 Oz, un monde
extraordinaire, (La cité d'émeraude du Pays des contes de
fées à Disneyland Paris venant de là)
Une préquelle comme Wicked
mais avec laquelle on a moins de mal à recoller les morceaux avec le
film de 1939. La sorcière de l'ouest, Théodora, (Dorothy inversé!)
est ici réellement dangereuse bien que là encore elle n'y soit pour
rien et était fréquentable jusqu'à ingérer une pomme ensorcelée.
Et Wicked est forcément connu de Disney pour la raison simple de son apparition dans les arrière-plans d' Il était une fois. (Oui, avec Idina Menzel dedans, une honte qu'elle n'y aie pas chanté...).
Et que le parolier-compositeur de la
version Broadway ne soit autre que Stephen Schwartz, auteur des
paroles des chansons de Pocahontas, Le bossu de Notre-Dame, et Il était
une fois-bien sûr.
On en est arrivés à des chansons
parfois similaires comme Defying Gravity ("Défier la
gravité")et Let it go/Libérée, délivrée. Dans la
première -pas encore traduite- Elphaba use de son nouveau pouvoir de
lévitation et devient une indépendante opposée au magicien. Et la
seconde est une démonstration des dons d'Elsa et exprime son désir
de vivre à l'écart.
Ou bien No good deed, ("Plus
de bonnes actions") et la reprise de For the first time in
forever/ Le renouveau. L'une exprime le glissement vers
l'amoralité d'Elphaba, dont la sœur vient d'être tuée et dont le
prince charmant, Fiyero, est lui-même menacé de mort. L'autre
chanson exprime aussi une instabilité mentale d'Elsa, qui vient de
réaliser que s'isoler ne met pas pour autant fin à ses problèmes.
La ressemblance est non sans humour
soulignée dans cette vidéo (Les défauts listés sont d'ailleurs
ceux que j'ai moi aussi remarqués.) :
Mais Elsa y gagne, même si elle n'est
pas aussi sombre que prévu. On ne peut qu'applaudir ce "nouveau"
conte, qui s'amuse justement des clichés des contes ( Le méchant
évident, le prince charmant rencontré très vite, l'amour
romantique mis en avant, l'héroïne gracieuse en toutes
circonstances, les pouvoirs dévastateurs réservés aux vilains ou
aux mentors.) Tout cela est déconstruit, mais l'édifice qui en
ressort, pour être modernisé, n'en est pas moins un renouveau
charmant.
Les personnages:
Vous avez dit complexe? Rien à redire
ou presque sur celle qui est depuis devenue ma seconde princesse
favorite après Belle (Car personne ne remplace Belle). Elle fut
pendant la phase de développement une forte source de frustration,
car presque ne filtrait sur elle, rien excepté des recherches
graphiques des précédentes versions du film qui la montraient plus
mal coiffée encore qu'aujourd'hui.
Se basant sur le conte on ne pouvait
que supposer qu'elle serait la méchante. D'où la stupéfaction
générale sur Internet devant ce design leaké:
Ce sourire et ces grands yeux (A
l'époque on parla aussi de cacatoès, pour la coiffure...) pouvaient
ils sérieusement appartenir à une méchante? Le doute s'insinua,
serait-elle moralement ambigüe? Avant de se révéler dévastatrice
mais bien intentionnée ce qui va rarement ensemble.
Est bien loin la femme perdue dans les
fourrures sur son traîneau, qui est là sans qu'on sache pourquoi. (
Le traîneau est même carrément absent et je le regrette! Quelle
classe infinie que cet engin parfois tiré par des rennes blancs
volants! Le traîneau de Kristoff, dans le film, ne dure guère plus
que quelques minutes.)
Ici, impossible de ne pas être
épouvanté par le désespoir d'une enfant qui peut tuer d'une
déflagration de gel-viser le cœur change peu à peu en statue de
glace. Et qui faillit nuire à sa sœur adorée, préférant depuis
ce jour rester seule. Comme Raiponce, Elsa fut recluse presque toute
sa vie, non pas pour se protéger des autres, elle et son pouvoir,
mais pour protéger les autres de son pouvoir.
Quand finalement ledit pouvoir est
exposé et qu'elle fuit, Elsa décide d'être enfin elle-même dans
Libérée, délivrée qui atteint déjà un statut de chanson
culte. Et qui fait déjà d'elle, comme Ariel, une icône de la
communauté gay ! Comme avec Partir là -bas ses membres
ressentiraient dans le vers Je ne mentirais plus jamais une
métaphore de sortie du placard. (Edit: je ne l'invente pas, lu ici à "LGBT fanbase" )
Mais en réalité la chanson revêt un
sens plus large et résonne aussi familièrement aux personnes
atteintes mentalement, ou bien -j'en parle d'expérience-
intellectuellement précoces. Après des années à tenter vainement
de ressembler à ses interlocuteurs, plus d'un vous dira le
soulagement de laisser libre cours aux talents qu'on a souvent par
ailleurs. Ça paraît excessif de comparer une telle condition et des
pouvoirs aussi dévastateurs ? C’est que dans la réalité il
peut suffire d'une différence infime -pas la peine d’en arriver au
don d'hiver éternel- pour que la pression de pairs donne envie de
s'isoler au sommet d'une montagne.
En fait, Elsa rappelle ces enfants
soumis à une pression de choix de carrière , tel l'artiste ou
le travailleur manuel dans l'âme contraint de faire des études de
droit ou de médecine : le jour de son couronnement nous la montre
avec très exactement le même chignon que feue sa mère ( et tentant
d'imiter la pose de couronnement de son père ) .
Mais l'une des premières choses
qu'elle fait une fois partie s'isoler est de le défaire et de
revenir à la natte africaine de son enfance. Si diriger un état ne
dérange pas Elsa, elle souhaite le faire à sa façon.
Concernant ses pouvoirs dévastateurs,
il est vrai qu'Elsa est non seulement des rares princesses Disney à
posséder un talent magique, (l’autre étant Raiponce) mais aussi la seule
avec un don offensif. En fait, l'un des plus dangereux !
De nombreux vilains sont capables de
choses terribles mais après un changement d'état (Ursula devenue
reine des océans, Jafar devenu sorcier puis génie).
Mais de naissance, seul Chernabog
(Fantasia) peut prétendre pouvoir faire mieux. Elsa doit
partager la seconde marche du podium avec Maléfique (éclairs,
ronces et métamorphose en dragon) et les dieux de l'olympe encore
que ceux -ci en dehors d'un pouvoir donné (lancer des éclairs ou
générer du feu ) ont du mal ne serait-ce qu'à se libérer des
mains d'un titan ou d'âmes perdues.
Elsa se révèle capable de faire
tomber la neige, créer en un instant un édifice de glace, tuer
d'une décharge au cœur, plonger tout un royaume (voire le monde
entier!) dans un hiver thermonucléaire et créer la vie.
Non seulement Olaf lui doit la sienne
mais aussi Guimauve, un autre « snowlem » bien plus grand
et agressif. On ne peut que se réjouir qu'une telle arme de
destruction massive soit bien intentionnée.
Autre nouveauté, déjà entamée par
Mérida en 2012, Elsa est célibataire. On l’a vu, des deux hommes
de l’histoire l’un finit avec sa sœur et l’autre est le
méchant. Mais pas de quoi en être horrifié : à 21 ans, Elsa
a tout son temps. De plus, ayant dû fuir toute compagnie pendant 15
ans, il aurait été étonnant qu’il en soit autrement. On peut
même se réjouir que la tendance initiée « Pas besoin d’homme
pour être heureuse. » se poursuive. Et à 21 ans justement, elle
apportera un peu de maturité, étant la seule princesse Disney à ne
plus être adolescente.
Peu de défauts en contrepartie. L’un
est que comme signalé plus haut, Elsa n’est quasiment vue
qu’inquiète, désespérée ou en colère, ce qui pourrait la faire
sembler « emo girl ». L’autre est lié au
premier : tout simplement, on la voit trop peu ! Anna est
la vedette et laisse beaucoup moins de temps d’exposition à Elsa,
fatalement. On n’a même pas un plan de la reine assise sur son
traditionnel trône de glace, ou avec une couronne de stalactites sur
la tête. Son costume est néanmoins superbe, bien que rappelant une
robe de soirée estivale, et qu’Elsa elle-même soit
merveilleusement belle ne gâche rien.
Elsa est une vraie bête de charisme,
pouvant se vanter de dépasser la Bête en tant que personnage le
plus complexe et tourmenté de Disney jusqu’alors.
Anna :
Plus classique à beaucoup de points
de vue. Les premiers leaks de son design ont aussi suscité une
polémique, lui trouvant une forte ressemblance physique avec
Raiponce.
Mais pas tant que ça : la
première a les cheveux entre blond vénitien et roux clair, la
seconde les a blonds dorés qui se révèlent bruns de naissance- et
leur longueur n’a rien à voir. L’une a les yeux bleus, l’autre
verts…tout juste les taches de rousseur sont en commun. Elles ont
aussi chacune des changements de couleur de cheveux, mais avec des
raisons de départ très différentes.
Raiponce arbore longtemps une mèche brune qui lui a été coupée étant bébé puis toute la chevelure une fois coupée entièrement, lui faisant perdre les pouvoirs solaires de ses cheveux. |
La ressemblance est plus frappante au
niveau de la personnalité. Comme Raiponce, ou Ariel (ces deux dernières
étant des héroïnes crées par Glenn Keane, normal) Anna est gaie,
heureuse
de vivre, et plutôt naïve concernant le monde extérieur. Normal
puisque là encore on les en a tenues à l’écart. Etre confrontée
au monde (Pour voir les lanternes dans un cas ou pour le couronnement
d’Elsa dans l’autre.) les rend toutes deux folles de joie, et que
dire du manque de connaissance dans les relations humaines ?
Les conseils perfides de Mère Gothel
dans Raiponce, à propos de Flynn Rider, ne sont en fait pas
dépourvus de sens à bien y réfléchir. (« Tu crois
l’impressionner ? » demande-t-elle.) Il s’avère
que Flynn, premier homme rencontré par Raiponce après sa période
d’isolement, est digne de confiance et que Gothel a tort.
Mais seule la chance semble avoir fait
que c’est le cas. Dans la même situation, les conseils de prudence
d’Elsa à propos du premier homme rencontré se révèlent exacts.
Anna tombera quant à elle dans le piège du bel inconnu même si
elle rencontre un garçon correct dans la foulée.
...Qu'on ne puisse plus dire que, tout comme Triton se méprenait sur le
compte d'Eric, jusqu'alors chez Disney la morale de l'histoire était que
quand il y a conflit entre la figure parentale et le petit ami, le
premier a forcément tort, le second est forcément irréprochable et
l'héroïne bien avisée de fuir avec ce dernier (le summum de la conduite à
haut risque en réalité, bien souvent) . C'est cela...ou le contraire,
comme dans la vraie vie.
On peut même qualifier Anna de très
malchanceuse en comparaison de Raiponce; elle ne parviendra pas pour sa
part à développer de multiples talents pour s’occuper dans sa
période de solitude, et tentera toujours de solliciter Elsa.
Mais ça prouve l’attachement de la
pauvre enfant pour son aînée, étant petites elles sont passées de
dormir dans la même chambre à ne plus se parler.
En fait de talents, elle ne semble en
posséder aucun en particulier qu’il soit surnaturel ou non. On ne
peut que méditer de la qualification de « jeune femme tout ce
qu’il y a de plus ordinaire » au début du film. La volonté
de se dresser devant la reine des neiges dans les premières
ébauches du scénario pouvait lui faire prêter volontiers un grand
courage.
Mais en réalité, Anna se lance sans
s’interroger après sa parente, sûre qu’elle ne lui fera pas de
mal.
En revanche, saluons son endurance :
peu d’entre nous pourraient marcher en robe de bal d’été dans
la neige jusqu’à ce que la nuit tombe-et arriver à un bazar
vendant des vêtements d’hiver.
Les deux costumes sont d’ailleurs un
bel exemple de royauté modeste. Ils sont simplement ornés
de « rosmaling », les motifs norvégiens traditionnels.
Tout le film ayant une esthétique norvégienne jusqu’à ce qu’on en arrive au sauna. Ils l’ont aussi, mais c’est plus répandu en Finlande. |
Modeste, simple (surtout en comparaison
de sœur) et, pourrait-on croire, naïve. Il faut l’être pour
tomber dans le piège d’un prince menteur, et le croire alors qu’il
est le premier homme qu’on rencontre, n’est-ce pas ? Mais
c’est un peu plus compliqué que cela. D’abord le spectateur se
fait avoir lui aussi, dans 50% des cas. On est pas sans excuses quand
on a passé près de quinze ans isolée, au point de confondre coup
de foudre et indigestion de chocolat.
Et quand on a fait son opinion d’après
les livres de contes (on dirait presque qu’Anna a été élevée
aux Disney des années 30-50), évidemment que l’idée d’un homme
vous emmenant vers une vie plus mouvementée paraît séduisante-la
seule pour échapper à une existence vide, en fait.
Mais la rédemption par le mariage
rapide (au quatrième rendez-vous , selon une expression consacrée) est une
idée démodée que le film se doit de démonter. Non seulement avec
Hans, cela se révèle un piège mortel, mais même avec le bon
garçon (Kristoff), une tentative de mariage immédiat tentée par
les trolls est court-circuitée par un malaise d’Anna. Et à la fin
du film ils en sont encore au stade des premières sorties.
Anna est en fait carrément moderne au
regard de sa qualité principale : du courage (oui, elle en a
malgré tout) poussé jusqu’à la témérité.
Elle affirme non sans raison être née
prête. Une meute de loups enragés, un vilain snowlem , une chute
libre du haut d’une falaise ? Broutilles que tout cela,
contrairement à ce que c’était pour beaucoup de ses
prédécesseures. Et directive également, souhaitant prendre la tête
des opérations au moment d’échapper aux loups. Disons que ça
change des oies blanches hurlant de terreur.
(Raiponce, pour ne citer qu’elle, se
montrait déjà plus craintive au premier abord.)
Mulan était jusque là le mètre
étalon du courage en matière de princesses Disney mais celle –ci
ne craint tout simplement rien, et c’est loin d’être là toute
sa modernité. Allant d'ailleurs finalement jusqu'à régler ses
comptes avec Hans de manière inédite-d'un bon coup de poing.
Une chanson coupée au montage, We
know better, (« Nous le savons mieux ») montrait en
détail l’enfance des sœurs. Elles énuméraient les clichés
existant à propos des princesses avant visiblement d’en prendre le
contre-pied. Un bruit de rot après le vers « On dit qu’une
princesse n’est jamais vue en train de manger », laisse à
penser qu’elles faisaient peu cas de la recommandation.
La chanson a disparu mais pas les
caractères décrits par celle-ci. Les manières d’Anna laissent
étonnamment à désirer comparées à ses aînées, et au vu de son
statut social. La remarque lui en est d’ailleurs faite tout haut
quand elle pose les pieds sur le traîneau de Kristoff, et on la voit
même parler ou plutôt chanter la bouche pleine une fois qu’une
poignée de chocolats a été fourrée dedans…
Je vous laisse apprécier le chemin
parcouru puisque mise à part la scène de petit déjeuner forcé de
Mulan (pas prévue pour rejoindre les princesses à l’époque) ,
la seule héroïne de conte précédente
vue vaguement goûter à quelque chose était Belle (en grande
partie dans la chanson C’est la fête, mais originellement
prévue pour son père ! ).
Bref une fille comme les autres avec
ses défauts et non pas un idéal de pureté inatteignable. Petite
nouveauté, Anna fait également preuve de maladresse physique
(gesticulant quand elle parle au point de presque éborgner Hans ou
s'auto-assommant avec son éventail.)
Oui, c’est sa tête au réveil. |
On le voit, Anna est aussi loin d’avoir
le sommeil impeccable d’Aurore et de sembler déjà coiffée et
maquillée au réveil. Sa « touffe » explique
probablement pourquoi on la voit que les cheveux attachés.
Ses deux nattes enfantines sont un
défaut pour moi car je n’ai jamais pu souffrir une telle
coiffure ! (et oui, c’est comme ça. Et les recherches
graphiques ne la montraient pas ainsi.)
Sa sœur n’est jamais montrée non
plus les cheveux libres, non plus par limite techniques ( la tignasse
de Raiponce donne la preuve que le CGI permet plus d’aisance en
animation de ce point de vue ) mais pour des raisons artistiques. Et
moi de fantasmer de pouvoir voir cela un jour.
Dans la catégorie défauts, Anna est
en quelque sorte pulvérisée par la charismatique Elsa que je me
suis mise à préférer dès le leak des designs. Elles rappellent
la « paire » formée par des sœurs qui l’étaient en
revanche par le cœur, Charlotte et Tiana dans La princesse et la
grenouille.
Tiana et Elsa, les voix de la raison,
étaient plus terre à terre et faisant preuve d’un froid bon sens.
Moins hystérique que Lottie, Anna est en revanche comme elle encline
à accepter des noces avec le premier prince venu- sans véritablement
savoir qui se cache derrière lui. A la différence que cette fois
c’est Anna qui est mise en avant.
J’avais déjà une préférence
envers Tiana, une héroïne pleine d’innovations à tant de points
de vue. Pour moi donc Anna restera moins charismatique qu’Elsa,
bien qu’ayant son charme. Sa scène de sacrifice héroïque et la
transformation terrifiante qui s’ensuit resteront notamment dans
les annales. Tout comme le fait d’être la seule sauvée
d’elle-même (le fameux acte d’amour devait venir de sa part) ou
par amour sororal plutôt que romantique. Car oui, ça existe aussi.
Kristoff :
Jeune orphelin recueilli par les trolls, puis vendeur de glace à l'âge adulte, il est celui qui grâce à ses connaissances sur la montagne guide Anna. Physiquement il est ce qui reste de Kai, et aussi d'une première version de Flynn Rider (Raiponce) qui était bien plus costaud.
Comme ce dernier, il est un de ces nouveaux héros non dépourvus de défauts ou faiblesses, le premier étant de se montrer rude et impoli de prime abord. En sorte que le rapprochement final avec l'héroïne ne se fait que chemin faisant.
C'est l'inverse de Hans dans la mesure où il n'a pas de manières et où il lui manque même le côté dragueur de Flynn Rider. En fait, il dit même préférer les rennes aux hommes...Autant dire qu'avec un tel grand solitaire on aura rarement été si loin de la figure habituelle du héros.
Et pourtant. « Tel un vaillant chevalier arrivant sur son renne puant » celui avec qui rien n'avait bien commencé (pas d'une façon idéalisée du moins) illustre comment « faire passer les besoins d'une personne avant les siens. »
Moins présent que certains personnages masculins ces dernières années (Rebelle n'avait carrément pas besoin d'intrigue romantique, étant centré aussi sur un conflit entre deux femmes.) , il n'aura même pas l'occasion d'un duel avec le vilain ainsi que le scénario l'avait prévu. Kristoff ne semble pourtant jamais de trop, ne serait-ce que pour marquer le contraste avec l'amour rêvé et l'amour véritable, voir ci-dessous. Comme sa « famille » le rappelle, il mêle tout autant rudesse que tendresse et sincérité. Cela ne va pas toujours avec l'apparence de prince charmant bien sûr mais ne perdons plus de vue l'essentiel. La V.F. lui donne la voix de Félix Fixe Jr dans Les mondes de Ralph, l'année dernière (Donald Reignoux). Évidemment ça donne l'impression que les chargés de la dite version manquaient d'inspiration, mais le rendu est très bon.
Hans :
Prince des îles du sud , il a douze frères aînés dont trois auraient fait comme s'il n'existait pas pendant deux ans. Dans ces conditions, pas étonnant qu'il en aie été aigri, et décidé de devenir roi par alliance. Mais on l'a vu, il fait ça bien. Pas d'attitude arrogante et machiste à la Gaston, et surtout, bien sûr, pas de délit de sale gueule !
On pourrait trouver Anna naïve de le croire si facilement, mais c'est vrai que la malheureuse recherche surtout de la compagnie à tout prix, manque d'expérience en matière de sentiments, et toutes ses aînées se trouvaient un homme en guère plus de temps.
Ça et le fait que Hans réussit à tromper jusqu'au spectateur avant sa réplique coup de poing (« Anna, si seulement quelqu'un était amoureux de vous ! ») .
Une minute : cela veut dire que cette fois le vilain est dissimulé sous l’apparence du prince charmant, coup de foudre et duo romantique avec l'héroïne inclus ? C'est...
Oui. Paradoxalement, Hans se montre en cela bien plus redoutable que les autre méchants parce qu'il est furieusement réaliste : pas de comportement insupportable caractéristique du rival ou de l'héritier royal mal élevé classique.
Revoir le film pour comprendre ses actions est presque nécessaire, quand il parle de « trouver sa bonne étoile » (« trouver sa propre place » en V.O., plus explicite) en désignant Arendelle d'un geste de la main au début ou quand apparemment il sauve Elsa d'un trait d'arbalète en faisant pointer l'arme au plafond.
Un bref coup d’œil
d'Hans vers le haut prouve qu'il visait en fait bel et bien le lustre
du plafond et escomptait sa chute, mais pas la survie d'Elsa à
celle-ci (souvenez-vous qu'il désirait que cela paraisse
accidentel.).
Place à plus épouvantable encore que le supervilain ayant tous les pouvoirs magiques de l'enfer à sa disposition, voici l'hypocrite à gueule d'ange, aux dégâts lourds en conséquence en ce bas monde !
C'est d'ailleurs cela qui fait que, personnellement , je le trouve détestable ! Il a déjà sa fanbase, mais, ayant des raisons solides d'en vouloir aux hypocrites , je le torturerais de mes mains si Hans me croisait.
Olaf :
Place à plus épouvantable encore que le supervilain ayant tous les pouvoirs magiques de l'enfer à sa disposition, voici l'hypocrite à gueule d'ange, aux dégâts lourds en conséquence en ce bas monde !
C'est d'ailleurs cela qui fait que, personnellement , je le trouve détestable ! Il a déjà sa fanbase, mais, ayant des raisons solides d'en vouloir aux hypocrites , je le torturerais de mes mains si Hans me croisait.
Olaf :
En voyant sa dégaine pour la première fois vous avez peut-être pensé comme moi : « Mon Dieu , mais qu'est ce que c'est que ça ? ». Il ne faut pas s 'y fier bien sûr. Ray dans La princesse et la grenouille faisait la même impression mais était attachant entre son amour pour Evangéline et sa mort tragique.
Rappelez-vous le premier trailer.
avec sa chanson rigolote et son obsession de l'été il y avait de quoi redouter le comic-relief très lourd. Toutefois du chemin a été fait depuis les années 1990.
Non, si bons soient -ils, contrairement au Génie d'Aladdin ,à Mushu dans Mulan, (pourtant je le trouve mignon, j'ai sa peluche!) , ou aux gargouilles du Bossu de Notre-Dame, l'acolyte des années 2010 n'a pas besoin de bavarder sans cesse.
Olaf n'est rencontré qu'assez tard dans les montagnes, et le doublage de Dany Boon se révèle agréable (même si ces dernières années le marketing des films d'animation semble reposer en entier sur « avec la voix de » ), il est de toute façon la seule « tête d'affiche » de la version française. (si ce n'est les stars de comédies musicales, mais moins connues de tous.)
Il s'exprime d'une voix douce et posée sans se sentir obligé d'en faire des caisses ou d'être vulgaire, et sa chanson est relativement courte. Certaines de ses répliques sont même l’occasion de rire aux éclats : le hurlement hors écran qu'il déclenche quand on constate qu'il est vivant, le dialogue chuchoté à Anna lui conseillant de fuir quand ils se mettent à douter de la santé mentale de Kristoff qui parle semble-t-il à des cailloux (en fait , les trolls.) . Ou bien ce « Je n'ai pas de crâne...ou de squelette... » où le comique est littéralement dans le ton.
Il n'est même pas inutile dans la mesure où c'est une réplique des bonhommes qu'Elsa et Anna construisaient petites. Elsa le crée après sa fuite une fois la sérénité retrouvée ; et incarnant les souvenirs heureux, Olaf symbolise l'ancien lien affectif . (Alors que Guimauve, le snowlem agressif, paraît symboliser la colère de la reine des neiges.)
Il sait aussi faire avancer l'intrigue en délivrant Anna de la pièce où la malheureuse avait été bouclée juste avant le climax, ou en lui rappelant que « L'amour c'est de faire passer le besoin des autres avant les siens. ». Une bonne surprise globalement.
Sven :
Le renne (restant du conte originel) monture de Kristoff. Il a beaucoup changé, ayant d'abord été envisagé comme n'ayant qu'un bois, ou étant grincheux. C'est finalement une brave bête, au comportement un peu canin ...comme un certain Maximus. Mais néanmoins attachant et ayant tendance à comprendre bien des choses plus vite que son maître.
Les trolls :
Heu..J'ai trouvé tout le monde réussi, mais là, il y a comme un doute...Jusqu'alors pour moi les trolls c'était ça :
Alors oui, que pour une fois ils aient l'alignement bon, c'est original (vu que partout ailleurs ce sont des nuisances à coup sûr, à commencer par les communautés internet.).
Peut-être faut il y voir le respect des légendes nordiques, où les trolls ne sont pas tant des monstres que de puissants esprits de la nature- plus tard diabolisés en croquemitaines locaux.
Depuis les trolls sont effectivement représentés dans l’artisanat norvégien comme de charmantes petites créatures... |
Qui ont donné, dans l'industrie du jouet...OH MON DIEU!!!!!! |
Un bon point d'ailleurs que d'avoir songé à les représenter sous forme de cailloux le jour, car la lumière du soleil pétrifiait bien (de façon permanente par contre) les trolls des mythes. Bien vu puisque presque toutes les utilisations modernes des trolls font abstraction de ce détail.
Mais quand même...Peut importe qu'ils soient bienveillants, j'aurais au moins voulu les voir plus impressionnants physiquement.
Chansons :
Côté
bande originale, elle est l'oeuvre de Christophe Beck, compositeur de
Buffy contre les
vampires.
Et
du du couple Robert
Lopez et Kristen Anderson-Lopez côté chanson, le premier ayant
écrit la comédie musicale The book of mormons et
la seconde les chansons du film Winnie l'ourson
en 2011.
Et
la comédie musicale Avenue Q ,
aussi, qui parodiait 1, rue Sésame.
Comprendre
qu'ils ont écrit ça :
-Cœur de glace
Le sens peut échapper au spectateur de prime abord, mais il se trouve qu'une première ébauche du scénario tournait autour d'une prophétie trollesque stipulant qu'un cœur de glace perdrait le royaume. Une chanson coupée, Spring pageant, y faisait d'ailleurs allusion.
La pauvre Elsa se
croyait évidemment concernée. Il en reste une trace en plus de
cette chanson : Quand Anna annonce à Hans que « Le seul
cœur gelé ici » est le sien.
-Je voudrais un bonhomme de neige :
-Je voudrais un bonhomme de neige :
Premier débat VO-VF : Anna y dit en VO : Do you want to build a snowman, « Veux-tu faire un bonhomme de neige ? » qui induit mieux l'idée du jeu commun. La VF elle donne la curieuse impression que le bonhomme est demandé d'une façon qui laisse à supposer qu'Anna se souvient des dons de sa sœur...mais la requête reste sans réponse au cours des années (puisque cette chanson traduit le temps qui passe.)
-Le renouveau :
Idem : Anna induit ici l'idée d'un recommencement, la VO la totale nouveauté puisque qu’elle s’appelait For the first time in forever, « Pour la première fois depuis toujours. » Anna se réjouit du couronnement et de la fête qu'il implique ; elle fait part aussi de son souhait de rencontrer l'amour le jour même sachant qu'elle n'aura pas d'autre chance .
Une chanson « I want » traditionnelle de l'héroïne au style très broadwesque, surtout dans une sorte de dialogue alterné avec Elsa.
Les compositeurs
viennent de la scène et cela se sent comme au temps d'Alan Menken.
Détail amusant, Anna annonce en VF, qu'elle est « enflammée,
exaltée, surexcitée » alors qu'en VO elle ne sait pas si elle est
« Surexcitée, ou a des gazs ! » La classe ! Les
« vrots » de Vanellope dans Les mondes de Ralph ne
sont pas loin, et prouvent qu'actuellement les princesses ne sont
plus vraiment la grâce incarnée.
-L'amour est un cadeau
-L'amour est un cadeau
Aïe la VF, cette fois ! La VO l'appelle Love is an open door, « L'amour est une porte ouverte ». Et Dieu sait si la thématique de la porte est présente : celle derrière laquelle Elsa se terre et qu'elle n'ouvre pas à sa sœur, celle qu'elle claque derrière elle dans son château à la fin de sa chanson, les portails qui doivent être ouverts en grand le jour du couronnement puis refermés, la porte derrière laquelle Hans enferme Anna à clé, etc.
Cette chanson -ci est leur duo, mais qui semble arriver trop tôt (au début plutôt qu'au deux tiers du film) , et semble aussi plus rythmée que les slows rituels. La VF inverse un vers clé, car en VO Hans dit qu'il semble incroyable qu' un inconnu finisse vos ...sandwiches, complète Anna, sans se douter qu'il allait dire « vos phrases » selon l'expression consacrée mais Hans s'empresse de rectifier que c'est bien ce qu'il allait dire...Pas le moins du monde bien sûr mais c'est pour entretenir l’illusion. Sauf qu'en VF il est bien question de « vos phrases. », supprimant l'indice qu'on aurait pu avoir sur la nature de Hans.
Et pour cause, quand on connait le twist : doit-on la considérer comme le moins conventionnel des duos romantiques (puisque le couple n'en est pas vraiment un) ou des chansons de méchant ? Débat ouvert, d'autant que quand une chanson de méchant semble exceptionnellement guillerette d'habitude, c'est qu'une autre chanson ou une reprise plus sombre arrivera ultérieurement (Gaston/Tuons la Bête , Mine/Des sauvages dans Pocahontas et les deux versions de N'écoute que moi dans Raiponce.) Enfin ça ne s’applique pas à Yodel-adle-eedle-idle-oo, la chanson de méchant dans La ferme se rebelle qui aurait été une parodie volontaire.
-Libérée, délivrée
Attention, poids lourd, cette chanson personnelle d'Elsa est entre autres ce qui aurait changé son statut de vilaine à gentille en cours d'écriture. Plutôt du type « Je deviens » , elle exprime le sentiment de libération d'Elsa ainsi que le signale la VF. En VO, Let it go, « Laisser aller » s'applique plutôt audit pouvoir.
La VF s 'y révèle plus vague que l'originale ; là Elsa dit vouloir « Pas de tourments, de sentiments », « Laisser son enfance en été » pour la VO il est question de « Et bien maintenant ils savent » , « Je me moque de ce qu'ils pourront bien dire » et exprime mieux le fait de ne plus se conformer à un idéal social (présent dans les deux versions « That perfect girl is gone !/Plus de princesse parfaite ! »).
Curieusement c'est plutôt Anna qui use d'une telle phrase dans le version française du Renouveau : « Ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent », en lieu et place du vers sur les gazs. En VO pour Let it go, il est aussi question de « claquer la porte », explorant une thématique moins présente en VF. Accessoirement, le dernier vers également vague « Le froid est pour moi le prix de la liberté » donne à penser qu'elle est prête à l'endurer, mais pourquoi ne pas avoir fabriqué des vêtements plus épais ? C'est simple, parce qu'en VO il est question de « Le froid ne m'a jamais dérangée de toute façon ! » . Rassurez-vous, Elsa possède un pouvoir secondaire qui la rend insensible aux basses températures.
Et toute la chanson est épique, de la musique qui monte triomphalement, aux paroles exprimant la nécessité d'être soi en passant par les prodiges à l'image d'Elsa, tant sa robe qu'elle crée en glace (ne me demandez surtout pas comment ça bouge) ou son château qui sort de terre : juste grandiose. La scène et la chanson qui définissent le film à eux tout seuls, façon scène de lever de soleil dans Le roi lion, de bal dans La Belle et la Bête, ou Ce rêve bleu et Partir là-bas.
La chanson a tout comme ces dernières de fortes chances de devenir un classique archi-connu et repris.
-Les rennes valent mieux que les hommes
Ce court intermède sert surtout à établir la connivence entre Kristoff et Sven (avec la tendance du premier à parler à la place du second, qui a dit que chez Disney tous les animaux savent parler?) Et puis il n'a pas tort, moi aussi plus je connais les hommes, plus j'aime mon chat.
Rigolo et court avec Olaf qui a son compte de scènes anachroniques...En attendant je ne comprends pas, mais alors pas du tout comment on peut vouloir à ce point l'été. Oui, je n'aime pas la chaleur. T_T
-Le renouveau, reprise
Le renouveau sous un nouvel éclairage puisque c'est un dialogue direct entre les sœurs. Non, Elsa n'a pas accueilli Anna à grands coups de blizzard (la fameuse scène de blizzard du trailer est d'ailleurs absente. ).
Et celle-là aussi, pas de torches à l'intérieur |
Mais si
elle accepte de discuter, elle ne s'attendait pas à la nouvelle
comme quoi loin d'avoir trouvé un abri, elle a enneigé tout le
royaume .
On pourrait
anticiper un dialogue classique plus qu'à une chanson ici,
mais ça fonctionne parfaitement : tandis que le ton monte, Elsa
laisse échapper une salve de ses pouvoirs qui blesse Anna, menant à
la malédiction du cœur gelé...seule explication possible à cette
nouvelle version du scénario où ce n'est plus volontaire.
-Nul n'est parfait
La chanson des trolls, où ils expliquent à Anna que nul n'est parfait et qu'en conséquence elle ne devrait pas se laisser rebuter par Kristoff. Cela a parfois été mal interprété, menant à penser dans certains milieux que le conseil était « Il ne faut surtout pas chercher à changer un homme, même plein de défauts. (les femmes, par contre...)»
Mais c'est en fait plus subtil : il s'agit pour Anna d'accepter un homme aussi réalistement terre-à-terre que ses sentiments sont vrais ; plutôt qu'un garçon qui simule tout comme Hans. Sa vraie nature n 'est pas connue au moment de la chanson mais les trolls n'en déclarent pas moins qu'il faut se « débarrasser du fiancé » (sic) .
C'est ça, planquons le cadavre ! |
A croire qu'ils voient dans l'avenir, ils devinent également les sentiments de Kristoff et Anna avant qu'ils n'en soient conscients. D’ailleurs si ces deux là n'ont pas eu de duo puisqu'Anna le chante à la mauvaise personne, on peut ranger Nul n'est parfait dans les chansons romantiques interprétées par un personnage secondaire comme Embrasse-la ou Histoire éternelle.
Analyse :
L 'univers visuel est une merveille quand comme moi on raffole de la neige. Toutefois les seules chose thématisées « glace » visuellement sont le château et la robe d'Elsa. Pour le reste, l'univers visuel est judicieusement (car oui, la neige, ils ont habituellement beaucoup) sur la Norvège en été, ses lacs limpides, ses toits de bois, ses rosmalings peints ou brodés sur des habits de laine. Le tout situé vers 1840, époque de rédaction du conte. Encore que pour peu qu'on pinaille question Histoire, on peut s'étonner de voir la petite Anna traverser les couloirs sur un vélo à pédales inventé seulement en 1861.
Peu de neige en déco, mais en abondance dans le paysage bien sûr, parfaitement recréée (poudreuse, tassée, épaisse...) et loin d'être uniformément blanche : il faut voir les reflets bleus ou magentas selon l'heure de la journée ou l'humeur d'Elsa. On en oublierait le défaut récurrent des films d'animation qui se passent à basse température, à savoir l'absence de condensation des respirations (sauf le dernier souffle d'Anna.)
Le point d'orgue
étant sa superbe maison à la structure pleine de cristaux de neige,
bien qu'on puisse regretter de ne pas en voir davantage à
l'intérieur (sont absents la chambre à coucher ou le piano aperçus
dans les recherches graphiques officielles.)
Même maîtrise sur la robe de reine de neiges, une merveille scintillante qui risque d'être un cauchemar à reproduire en cosplay (depuis la technique CGI et l'arrivée des vêtements brodés à tout va, en fait!), et qui vaut à Elsa le statut de première Disney princesse vraiment en bleu (Aurore est systématiquement en rose dans la marchandise, inversement Cendrillon dans son film a une robe grise et blanche.).
Mais une robe qui est aussi une merveille d'anachronisme par sa ressemblance avec une robe de soirée moderne. Bien sûr c'est justifié par le fait que dorénavant Elsa s'habille en faisant fi des convenances, mais ça ne veut pas dire que personne ne la regarde pour autant....Oui, c'est ça, les spectateurs, notamment masculins. On dirait que c'est pour leur faire plaisir que la robe a le combo infernal jupe fendue+talons aiguilles, une chance qu'on aie échappé au décolleté plongeant en prime.
"Come at me sis! |
Cet aspect et quelque autre (la disparition du damoiseau en détresse initial, de la fille qui part seule et sans aide masculine le sauver...) ont fait soupçonner le film d'antiféminisme avant même la sortie...(en plus d'être d'être soit -disant raciste car une version inuit aurait été envisagée. Cela dit la ressemblance avec Frère des Ours aurait peut-être été trop forte.) Mais sans raison, car faut-il le rappeler le second film Disney (après Rebelle, encore que ce dernier était un Pixar) à se centrer sur la relation de deux membres féminins d'une même famille.
Certes les relations romantiques et les hommes ne sont ici pas absents, mais sont présentés comme dangereux parfois, et passent presque au second plan. Un film de filles dans tous les sens du terme, passant le test de Bechdel avec brio, que demande le peuple ? On est pas loin de la conclusion du film Utena la fillette révolutionnaire, au détail près qu'il y s'agissait d'amour lesbien plutôt que familial, où les deux héroïnes tuaient (au sens propre cette fois) le prince charmant.
Celui qui ose
qualifier Elsa de « damoiselle en détresse » ne sait pas
de quoi il parle visiblement car elle est la première à parvenir à
s'échapper de prison sans l'aide de personne depuis Clochette en
1953. Dans tous les autres films Disney un sauveteur est nécessaire,
pour les hommes comme les femmes, même s'il faut admettre qu'il
s'agissait rarement d'une sauveteuse (sauf les trois fées libérant
Philippe dans La Belle au bois dormant).
On ne peut que se réjouir que de telles femmes (les deux en même temps, une fois n'est pas coutume) entrent dans la franchise des Disney princesses même si l'une est une reine. Les nouveaux modèles féminins sont des femmes fortes qui vivent comme elles l'entendent ou n'ont peur de rien ,les enfants !
A l'heure qu'il est, les scores et les multiples nominations du film laissent augurer un futur classique.
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