lundi 9 juin 2014

Les films amateurs


Au Commencement était la convention.
Puis avec elle, les fanzines, qui sont toujours là, le cosplay, qui s'est bien développé, le karaoké, fidèle au poste, les projections idem en débit d'une baisse de régime ces derniers temps.Le développement d'internet haut débit y est pour beaucoup , avec notamment la possibilité de pouvoir visionner certains programmes légalement en VOST une heure après leur diffusion d'origine.Mais les projections publiques sont encore là, rappelant le temps où avec seulement quelques vidéos à des prix élevés , étaient un bon moyen de (re) découverte de certains titres. Mais les projections de films amateurs alors? C'est le problème: ils se sont réduits comme peau de chagrin.

D'abord, de quels films amateurs est il question?A priori il n'y a pas de terme précis pour désigner ceux qu'on projetait en convention .Ils appartiennent à la catégorie des films fait par les non-pros à travers le monde , aussi vieux que le cinéma et industrie toujours florissante notamment dès qu'il s'agit de parodie.
Par exemple , tout ce qui existe autour de Stars wars: les courts George Lucas in love et Grocery Store Wars, la websérie Chad Vader (le frère de) , et Thumb Wars inclus dans la minisérie des Thumbs (Pouces).

Un univers foisonnant donc ,intégrant tant des courts métrages originaux ou des fanfictions filmées, où l'on filme un épisode (voire un cross over) d'une série existante.A la base les courts amateurs des conventions relevaient plutôt de cette catégorie, et de la parodie qui plus est.

Petit retour dans le temps.A une époque , il n'y avait pas de convention manga en France, les petits...Tout juste certaines manifestations comme BD expo qui ne commença a intégrer un espace manga qu' au début des années 90 (alors que toute une génération était exposée aux animés depuis 10 ans via Récré A2 et Le Club Dorothée ).Ce fut à ce moment là seulement qu'on vit apparaître certains salons :Planète Manga, les Arpenteurs du rêve, Camille Sée,et Cartoonist à Toulon.






Mais alors le programme habituel (Cosplay,karaoké,jeux...) n'était pas encore établi, nombreux étaient ceux qui venaient pour les projections d’animés (durs à trouver sans le net, lancé en 1995 pour rappel.) Les premières teams de courts amateurs devront trouver un téléviseur dans une salle inutilisée des premiers salons pour montrer leur exploits filmés qui deviennent incontournables après 1994, petit tour d'horizon:




-Les Bitoman :


Au Cartoonist de 1994 ,Alex Pilot, actuel directeur des programmes de Nolife, et ses amis improvisent un tournage dans un terrain vague de Toulon, et rebaptisent la bagarre filmée "Bitoman".Un hommage bien entendu aux "Bioman" diffusés à partir de 1987 sur TF1 et premier sentai arrivé en France.(et donc faisait mètre étalon en la matière jusqu'à l'arrivée des Powers Rangers).On comptera 14 épisodes jusqu'en 2005.
Parmi les personnages récurrents on compte Mathias et Lucille (oui, ceux de Embrasse-moi Lucille) et Buu (comme dans DBZ).Il faut ajouter des noms de méchant rappelant ceux de Jetman, ou des figurants tels qu'Albator, Marc de la Bataille des Planètes,Sailor Moon, Suppaman,(de Docteur Slump),etc.Bref une parodie des sentai très référencée, assaisonnée de références manga précurseurs du cosplay.
Les Bitoman inspireront quantités d'autres teams et lancent la mode du court amateur dans les salons.





-Une Case en moins





Une association inspirée précisément par les Bitoman, en activité depuis 2000.Les guests sont variés mais Davy Mourier et Didier Richard sont les comédiens récurrents.
Les courts métrages parodient les super héros (“Comme d'habitude” version Batman et Robin) les jeux vidéos (“Pong le film” où deux joueurs renvoient indéfiniment la balle) les séries et films (l’auto parodie “les films trop faits à la maison”) et les mangas (le générique de “Lain “ au plan près.)

Sans oublier ce qui touche à des sujets divers: “La loi de Murphy “ où le sort s'acharne sur un Père Noël de grand magasin ou “Découvre Paris avec Davy” où Davy Mourier décrit le Paris que les touristes ne remarquent guère.

Quelques incontournables:

-Résident Kitsch 1 et 2 (2001 et 2002)

Résident evil à la sauce icône kitsch, il s'agit de combattre les frères Bogdanov ou Tatayet.Le tout en copiant exactement les piétinements d'un personnage coincé par la mauvaise direction, les inventaires, voire l'arrêt pendant la pause pipi du joueur.



-Youpi et la paille magique






Non seulement, l'épisode parodie (en live) les animés de sports parfois méconnus (le lancer de paille en l'occurrence ) et les mouvements limités qui vont avec , mais aussi les adaptations françaises comme au bon vieux temps de la cinq.C'est à dire les noms francisés, les dialogues édulcorés, le générique enjoué sans doute sans rapport avec l'original, etc .






-Vis ma vie de cosplayer (2004)






Comme l'émission du même nom, sur un sujet qui n'a été réellement abordé dans de tels shows que cinq ans plus tard.... Davy joue le cosplayer, Didier l'invité qui n'y connait rien.Le premier surjoue l’enthousiasme et le second le blocage moral. Toute ressemblance avec des personnes que vous connaissez est absolument faite exprès.





-Les Guardians 


 

Dans leur Grenoble natal, la bande des Guardians a notamment tourné la série des Damned.(depuis 1998,toujours en production).Ou une série d'affrontements entre enfer et paradis en utilisant des humains dont Sinji (Ruddy Pomarède, le réalisateur).Le tout en compagnie de Clémence Perrot, Jean-Marc Imbert et Simon Brochard, futur casting de Flanders Company.



-Capoué Fighters



Et revoilà Simon Brochard ! En chef des Capoué fighters ,un nouveau groupe de sentai en lutte contre Dark Bisounours.Sont avec lui Super Tatane, Sport Bilou (Comme Sport Billy, 1980, si ça vous dit rien c'est normal) Lyle/Lily qui change de sexe façon Ranma ½ ...Bref de la référence manga aussi, et de la bonne. 

-Atomic Ninja Masters (1997 -2001)



Irradiés par Tchernobyl comme le nom l'indique, là aussi ce sont trois combattants contre le grand vilain, Dr Gnafron.La perfection aura été poussée jusqu'à réaliser un long métrage, (Atomic ninja master le film) alors que le format court est de rigueur.





-Funglisoft (depuis 2002)



Fondé par Fabien Fournier.Entre 2002 et 2007, la série Lost levels sera produite sur le thème du MMORPG comme le nom l'indique . Une parodie de World of Warcraft version audio sur Dailymotion sous le compte Fungliboss sera aussi réalisée.

-Crash System (depuis 2001, avec Enguerran André, Nicolas Lebrun, Brice Jablonski,David Guilloux, Laurent Beynaix...)



Divers courts et moyens variés parodiant sans pitié le cinéma, les séries voire les émissions poubelles, personne ne sera épargné.

-Spirit Senshi

Le premier moyen métrage mêle des exorcistes d'horizons divers (Tokyo Babylon de Clamp,Yugen Kaisha) partis sauver la sœur de Setsuna d'Angel Sanctuary, et croiseront Skeletor, (les Maîtres de l'Univers) Nicky Larson, Yu-gi-oh et jusqu'à Pink Jack, le frère de Black.









-L'attaque des camemberts de l'espace mutants






L'hommage aux films catastrophe américains des 50's, qui remplace les envahisseurs extraterrestres classiques par des fromages ainsi que le titre l'indique.Ca tourne à la possession façon L'Invasion des profanateurs , c'est tourné en noir et blanc à la Plan 9 from outer space, comme au bon vieux temps de la SF en période de guerre froide.








-Histoires d'Otaku
Les commentaires typiques du documentaire animalier...appliqués à un otaku.En dit long sur leur statut de « bête curieuse » aux yeux des journalistes .






-Amour,gloire et cosplay






Parodie des soap opéras, mais transposé chez des cosplayers. Là aussi, les triangles amoureux , les trahisons et les coups bas règnent sur fond de réalisation d'un groupe Sailor Moon.






-Envoyé à la une et ça se débat :

Parodies des émissions du même nom, anticipant leur intérêt futur pour les cosplayers.Rien n'y manque du discours alarmiste de la voix -off au « survivant » débusqué qui s'est trouvé une pire addiction, en passant par le psychologue au discours moralisateur mais hypocrite.Culte chez bien des cosplayers.








-France Five (depuis 2000)



Après la parodie avec Bitoman,Alex Pilot souhaitait démontrer que la France pouvait respecter les sentai et ne pas les voir que sous l'angle parodique des Bitoman ou des Bioumen des Inconnus.Et que le genre pouvait s'exporter en France justement.
En respectant exactement les codes  : quatre gars et une fille, qui se transforment grâce
à un scientifique et son assistante robot, un empire extraterrestre maléfique, un monstre différent par épisode qui devient géant pour mieux être vaincu par le robot gigantesque des héros à la fin, etc.

Mais transposé à Paris, et tout le rappelle.D'abord la défense de la tour Eiffel, un totem d'exorcisme puissant qui maintient les méchants à l'écart, les qualificatifs des héros (Fromage, Accordéon, Beaujolais...) le titre complet qui veut dire Escadron Mousquetaire, la machine « Chanteclerc » ,etc.






Il existe cinq épisodes dont le dernier est un « grand final » ressemblant ainsi à une saison classique en plus court.




-Les Chasseurs de la ville





Autrement dit, la traduction de City Hunter .Du doublage à l'envers en quelque sorte : il s'agit de tourner en live un épisode d'animé au plan près puis de le sonoriser avec la bande de l'épisode d'origine.En VF pour Ranma 1/2 et les trois épisodes de Nicky Larson, en VO pour Cat's Eye.







-Gotohwan 





Un cas un peu particulier : c'est une association non de tournages mais de doublages parodiques.Ça consiste à coller le dialogue d'une réunion précédant Cartoonist (la grande convention d'avant Japan Expo) sur une scène de Battle Royale ou une dispute de « pauvres » sur Olive et Tom.Gotohwan a parfois aidé d'autres teams (Une Case en moins, pour Youpi) et sont passés au doublage professionnel depuis .









N'oublions pas des courts métrages indépendants comme Shojoland (combats d'héroïnes de Shojo contre des héros de Shônen ,de Praline.) Ou bien ceux réalisés avec l'aide d 'équipes comme les Guardians pour les courts Sailor Drunks (les Sailors moons qui défendant la consommation d'alcool) et Ça marche ,la chanson du Roi Soleil tournée en costumes d'époque.


L'arrivée des caméras numériques et de logiciels tout publics tels qu'After effect a mis fin aux images floues et bruits parasites du caméscope de papa tandis que les effets spéciaux ont fait un bond en avant.Mais il est difficile désormais de trouver en convention des stands de films amateurs.Normal : pour s'exposer ils se sont repliés sur les plates-formes de vidéos communautaires. 
Beaucoup de teams évoquées plus haut se sont rencontrées entre 1995 et 2002, et étaient actives dans ces années là.Celles qui existent toujours sont passées « pro » et sont diffusées sur la chaîne Nolife pour la plupart. C'est le cas d'Une case en moins qui produit Nerdz (avec Davy Mourier, Didier Richard , Monsieur Poulpe et Maelys Ricordeau), un huis clos d'un nerd et des ses colocataires.





C'est aussi le cas de la Funglisoft qui s'est lancée dans Noob , toujours à propos des MMORPG et reprenant certains personnages comme Gaea et Zell le blanc changé en Omega Zell.



Enfin, les Guardians aussi, avec Flander's Company , une compagnie recrutant des supers vilains et apparue dans Damned





Crash System est encore en activité en tant qu'amateurs (on les croise encore sur leur stand à Epita)mais commence à tourner des courts métrages soit sans référence aucune (Barnabé) soit non parodiques (Stargate Explorer qui ressemble à un véritable épisode de 20 mn).



Quant aux cinéastes amateurs , ils débutent aujourd'hui plutôt en tant que web série sur les plate formes (Hello geekette, qui confronte ladite geekette à un colocataire « normal ») 




pour éventuellement finir sur Nolife (Le visiteur du futur)



Une page se tourne dans les courts amateurs et leur charme indéniable.Les parodies filmées de manga vont sans doute se raréfier à présent.Merci les gars, vous étiez tordants....

Liens et sources :
















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