dimanche 16 février 2020

Des avantages des Sue.
















                                            Ceci n'est pas une Sue: les princesses Disney

Oui, il y en a. En fait, au départ, parler des Sue n'est pas simple en raison de controverses, et ce n'est pas peu dire qu'elles sont nombreuses. Certains sont prêts à soutenir, bec et ongles, que leur personnage préféré n'en est pas une, même si c'est vrai.



La critique n'empêche pas que le personnage leur soit agréable, mais ce reproche donc, leur est difficilement supportable. Inversement, qualifier de Sue un personnage qui dérange (fut-ce t-il fanon ou canon) est un réflexe qui vient rapidement quand on est gêné(e) par son existence. Les pour et les contre peuvent provoquer d'interminables flamewars sur des espaces d'échanges comme les forums ou les wikis.




 Voilà pourquoi, ces dix dernières années, ces espaces ont peu à peu banni les exemples de Mary Sue. Ils ont été effacés de TVtropes et en ajouter est aujourd'hui interdit. La même chose est arrivée sur Wikipedia bien que j'aie eu le temps de préserver la version antérieure (ici). C'est désormais une règle établie partout.

 C'est une bonne chose en fait, si l'on considère que le terme de Mary Sue a en fait un côté sexiste, du moins ces derniers temps. Certes les garçons peuvent en être aussi, nous avons analysé des Gary Stu, rappelez-vous. Mais le terme générique est féminin. Au début, je n'y ai vraiment pas vu malice. Mais, en y repensant, ce n'est pas anodin. Parce que, plus d'auteurs de fanfics sont de sexe féminin, certes, et que les Mary Sue sont souvent des avatars, c'est sûr aussi. Sans parler du fait que le terme a été inventé par une femme. Mais la coïncidence n'en est peut-être pas tout à fait une. Récemment, Daisy Ridley, l'interprète de Rey dans Star Wars, a fait savoir qu'elle commençait à trouver que le terme appliqué à son personnage était en fait une attaque sexiste.
























J'ai bien peur qu'elle ne dise vrai. En effet, on peut être légitimement déçu par Rey, parce qu'elle n'est pas Jaina Solo, parce qu'elle n'est pas une Skywalker en dépit de ce qu'elle dit dans le troisième film, et parce que vue la façon dans la saga est écrite, oui, elle a l'air de maîtriser la force assez vite. Je parle en tant que personne déçue par la postlogie, bien que je ne sois pas fan de Star Wars à la base, car je pensais qu'on adapterait en fait l'univers de Star Wars Legends.








Histoire de rajouter à ces problèmes, les scénaristes des films, puisque il y en a plusieurs et non plus un seul comme à l'époque où George Lucas chapeautait l'ensemble, n'avaient pas vraiment l'air de savoir où ils allaient, le neuvième film contre disant le huitième à souhait, et le huitième le septième.

Mais comment savoir, parmi les détracteurs de Rey, ceux qui ne l'aiment tout simplement pas parce que c'est un personnage principal féminin ? Il faut garder en tête le contexte dans lequel elle est apparue, et dans lequel ça s'est vu de taper à bras raccourcis sur le remake de GhostBusters, parfois uniquement parce que le casting était féminin.




 Il y a eu aussi des ...comment les qualifier? Disons, fans de Star Wars, pour rester polie, qui ont remonté le deuxième film de la postlogie sans les rôles féminins parce qu'ils trouvaient qu'il y en avait trop.



 Dans ces conditions, on ne peut pas exclure que leurs sentiments envers Rey soient parfois motivés par la misogynie. Et cela les enfants , ce n'est pas acceptable. Je l'ai classée dans les controversées, mais ne lui ai pas décerné le titre, pour cette raison.



 On en vient au fait que les Mary Sue, si agaçantes soient-elles, quand ce sont des personnages féminins, présentent en fait cette particularité d'être des personnages féminins proéminents, qu'on ne peut pas ignorer.

Et donc non, Captain Marvel n'est pas une Sue non plus.



Ce simple fait, encore une fois, peut suffire à énerver certains spectateurs ou lecteurs masculins, vous l'aurez compris. Oui, la société en est parfois encore là. Et voilà comment l'accusation d'être une Mary Sue, pour un personnage féminin, a pu être la version moderne du bûcher où on brûlait comme sorcières les femmes rebelles de jadis.

Et le problème est parfois aussi rencontré par les autres minorités comme les personnes non blanches (ou POC), et les LGBT. Ceux qui trouvent qu'ils ont un rôle trop proéminent, accusent ces personnages d'avoir des défauts qui n'ont parfois pas, alors que la vraie raison qui dérange, c'est le fait qu'il ne s'agisse pas d'hommes blancs et hétéros. Autrement dit, le profil classique de la plupart des héros. Mais peu osent l'admettre haut et fort, néanmoins, et préfèrent justifier leur aversion en la disant liée à des défauts du personnage.

 Quand un personnage important appartient à une minorité, s'il n'y en avait pas avant lui ou elle, il faut parfois mettre la dose, si je puis dire.


Parce que, les minorités sont dans l'ombre la plupart du temps, donc pour faire voir de façon positive un personnage qui appartient à ces minorités, il faut exacerber ses qualités et parfois les pousser au-delà du réel pour faire comprendre que oui, elle ou il est bien capable.

 Les Mary Sue ont le problème que rencontrent les autres grandes figures féminines de l'inconscient collectif, puis de la littérature et du cinéma. Comme la sorcière, ou la princesse.





Des femmes puissantes, mais cela dérange, et qui se sont vues amoindries dans beaucoup de récits pour cette raison. Les sorcières ont été dévalorisées en les rendant systématiquement laides et méchantes et donc en position d'être détruites par le héros, puisqu' elles le méritent.



Vous pouvez me dire qu'en revanche les fées sont des figures positives, mais rappelons qu'elles sont censées ne pas être humaines. En outre, à part parrainer les enfants, la principale fonction des fées dans les contes et les légendes, c'est de tomber amoureuse d'un beau chevalier mortel. Et éventuellement de l'épouser, c'est donc un fantasme de la compagne parfaite.



Quant aux princesses, on les a rabaissées en faisant d'elles des nunuches, des faibles, et des gourdes incapables de se défendre, attendant dans une tour les hommes qui viendront les délivrer et dont elles deviendront la récompense, quand on leur donnera leur main, permettant aux héros d'accéder au pouvoir.



C'était une façon en quelque sorte d'amoindrir une figure puissante, puisque la princesse est techniquement un futur chef d'État et qu'elle possède le pouvoir temporel.



 Jusqu'à ce que, comme vous le savez , Dieu merci, les princesses Disney ont réhabilité la fonction. Ces dernières années, on a aussi eu tendance à absoudre les sorcières qui se sont parfois vues héroïnes de leur propre histoire, et donc belles et gentilles.


Mais pas seulement, elles ont parfois été récupérées par les mouvements féministes qui ont vu en elles l'incarnation du féminin monstrueux, celui que l'on cherche à rabaisser et qui est accusé de tous les maux, à cause de la vision insupportable d'une femme puissante.



Les manifestantes féministes ne s'y trompent pas, quand elles portent des pancartes avec le slogan: "Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n'avez pas pu brûler".



 Dans le même temps,les princesses Disney, en tout cas les plus récentes,  se sont mises à sauver leur prince charmant, à se sauver elles-mêmes, voire à ne pas avoir besoin de prince du tout. En fait, elles sont elles -même les héros. Parfois elles assument  le fait de régner sur le royaume.



 Les Mary Sue, elles, sont une version tragiquement exagérée d'une héroïne qui, au départ, a pas mal d'atouts qu'ils soient physiques, mentaux, ou sociaux, etc. Ce n'est pas un hasard si souvent c'est une princesse, et qu'en plus elle a des pouvoirs magiques comme les sorcières.



 Pas plus que c'est une coïncidence si un site américain initialement de pop culture, et plutôt destiné à un public féminin, (bien qu'il soit généraliste à présent), s'appelle the Mary Sue.



Le logo rappelle Rosie la riveteuse, une icône féministe américaine célèbre datant de la Seconde Guerre mondiale. Retroussant ses manches, cette ouvrière en armement rappelait qu'on "pouvait le faire" et c'était d'abord pour soutenir l'effort de guerre (les femmes remplaçaient les hommes partis au front et fabriquaient les armes). Mais, elle se verra détourner comme icône des luttes féministes.



Le logo du site, donc, c'est la même pose mais vue de dos. Les visages sont variables, et représentent de grandes héroïnes féminines bien connues, comme Wonder Woman, Storm, Leela de Futurama, Mulan, Hermione Granger... Mais pas de Mary Sue à proprement parler.




Donc, doit-on voir dans ce nom, et ce symbole, le fait de mettre des héroïnes féminines sur un piédestal, en utilisant la dénomination de ce qu'elles deviennent quand elles poussent leurs caractéristiques à l'absurde ? Exactement.  Je terminerai en rappelant que dans Les enfants de la terre de Jean M.Auel, Ayla est devenue une Mary Sue à la fin, c'est sûr, que la bécasse a inventé le patriarcat, et à part ça beaucoup trop de choses pour que ce soit crédible pour une seule personne. Mais ça reste intéressant, que justement ces découvertes si importantes pour l'humanité (domestication des animaux, allumer le feu, l'aiguille à chas, la chirurgie, la fronde, la toilette moderne) aient été faites par un personnage féminin. L'idée de départ du girl power était donc bonne, c'est l'exagération qui a égaré le phénomène en cours de route.



 Fort bien, me direz-vous, mais ça n'empêche pas que des personnages masculins soient concernés, et que les Gary Stu existent bel et bien. Et que parfois, il s'agit bien du héros homme blanc stéréotypé. Il n'y a donc aucun avantage à le voir sur un piédestal.


C'est vrai, mais quand bien même: on peut créer des Gary Stu, et donc des Mary Sue, sans risquer grand-chose. Quand c'est vraiment marqué, et que cela dure longtemps, alors oui, la réputation du ou des auteurs peut en pâtir, et celle de l'acteur/ de l'actrice aussi dans le cas d'un personnage interprété en live.



L'oeuvre, de façon générale, peut aussi en retirer une assez mauvaise réputation dans les années à venir.



Mais me direz-vous, quelle importance, si cela a eu le temps de rendre son auteur riche et célèbre.


Voyons les choses en face, aucune loi n'interdit l'existence des Mary Sue. Tout ce que vous allez risquer sur le long terme si vous êtes un professionnel qui en a créé une, ce sera peut-être d'avoir la mauvaise réputation dont j'ai parlé plus tôt. Mais l'existence d'un personnage concerné par le problème ne sera pas obligatoirement effacée, son écartement (s'il a lieu) vient  d'un phénomène de ras-le-bol, et plutôt de la part de son interprète comme je l'ai dit. Quand vous désignez un personnage comme Sue, il ou elle ne risque pas grand-chose sur le moment, et c'est comme ça.

Si c'est dans une fanfic, c'est déplorable, mais il y a rien de plus à faire que d'éviter de lire. Il ne sert à rien d'en accuser un auteur, même si la prévention, comme je l'ai faite, vise à empêcher que cela ne se reproduise trop souvent.



Évidemment, mieux vaut éviter qu'un auteur professionnel  débutant ne se ridiculise en envoyant à un éditeur un premier ouvrage dont le protagoniste en est trop visiblement une. Mais, cela est en fait rare de la part d'un débutant et dans un premier volume, où il faut rester agréable à lire. L'exagération ne vient qu'au fur à mesure des tomes comme on l'a vu dans le cas de Tara Duncan ou de Bella Swan. Beaucoup de gens ont dit d'elles que c'était intéressant au départ, et que ça s'est gâté par la suite.




C'est le cas où la Mary Sue est la résultante d'un autre problème: celui des séries qui durent bien trop longtemps. La prochaine fois que vous en croiserez une dans une oeuvre professionnelle, vous saurez qu'il est temps d'arrêter les frais, du moins pour vous. Et dites-vous que ça ne saurait continuer trop longtemps, sans que l'auteur n'en voie les conséquences. Si c'est un auteur de fanfic, dites le-lui, mais toujours gentiment. Il n'y a rien de pire que de se prendre une critique non construite par un parfait inconnu.


Peut-être même que cet auteur amateur ignore la signification du terme Mary Sue. Et si ce n'est pas le cas: ne vous montrez pas agressif.

Personne n'aime tomber sur une Mary Sue, mais croyez-moi, en revanche, vous aimeriez sûrement en être une...En fait, certains genres de fictions sont réputées être des catégories à part sur ce point, comme les contes de fées, les comics de super héros, la romance ou les histoires pour enfants.  Normal que les héros de ces univers, escapistes, soient meilleurs que la moyenne. D'autres diront qu'ils préfèrent de tels personnages à des "héros" trop réalistes, qui ne font guère rêver...


lundi 9 décembre 2019

Ceci n'est pas une Sue: les princesses Disney























Poursuivons avec les personnages qui ne sont pas des Sue bien qu'on aie souvent dit le contraire. En l'occurrence, les princesses Disney.




La première fois que j’ai vu le mot" Mary Sue", c'était sur le forum  Disney central plaza. Un sujet avait été créé sur cette question: Belle était -elle une Mary Sue? Aujourd'hui, je peux dire que non, ni elle, ni les autres.



En plus d'être régulièrement accusées d'être de mauvais role models pour les petites filles, on les juge rapidement trop parfaites. Parce que princesses, et toutes très belles, deux traits communs chez les Sues. Mais pas si vite...D'abord, desquelles parle-t-on? Rappelons qu'il est question d'une quinzaine de personnages féminins, nées entre 1937 et 2016, avec tous les changements de personnalité, en accord avec l'évolution des femmes dans la société, que ça sous-entend.



Bien sûr, si on met toutes les princesses dans le même sac, c'est que la plupart d'entre elles sont réunies dans la populaire franchise  de merchandising "Disney princesses". Dans un souci d'exactitude, je n'évoquerais que celles qui font partie de cette franchise, pas les autres princesses Disney qui ont raté leur examen d'entrée (Eilonwy, Kida, Nala, Charlotte Leboeuf, Lily la tigresse, Vanellope) ou les princesses appartenant aux studios satellites (Atta, Dot, Leia) et celles qui appartiennent à d'autres supports comme la télé ou les jeux vidéos (Sofia, Elena...).



Celles qui font partie de la franchise, et celles qui devraient y appartenir, bien que ce ne soit pas officiel (mais c'est traité comme tel), seront étudiées ici. En effet, la franchise comptait six princesses au départ, en 1999: Blanche-Neige, Cendrillon, Aurore, Ariel, Belle et Jasmine.


Dix ans plus tard, devant le succès, on augmentera leur nombre, quitte à accueillir une  princesse venue de Pixar (Mérida), et des héroïnes plus ethniquement diverses. Même si leur statut de princesses peut-être discuté (Pocahontas, et surtout Mulan). Tiana, dont le film venait de sortir, fut ajoutée à celles-ci au cours d'une cérémonie officielle de couronnement. Tout comme Raiponce, puis Mérida, deux ans plus tard. Enfin Vaiana ferait partie du lot depuis 2019.  Elles sont officiellement douze, bien que curieusement et contrairement aux onze précédentes, Vaiana n'aie jamais eu de cérémonie officielle de couronnement.



Elsa et Anna n'en font pas partie? Non, car devant le succès de La reine des neiges, il a été décidé que les deux sœurs auraient leur propre franchise à part. Et pourtant: on retrouve leurs produits vendus auprès de toutes les autres,  avec qui elles sont  dans les parcs Disney. Et elles sont bien quatorze dans leurs fameuses scènes de Ralph 2.0. Disons qu'Elsa et Anna  sont des officielles officieuses, qu'on va comprendre dans le lot.




Allons-y par ordre chronologique:

-Blanche-Neige (1937), de Blanche-Neige et les sept nains.




Bon, Blanche-Neige, c'est censé être la plus belle femme au monde, c'est pour cela que sa marâtre veut la tuer. Et puis elle est gentille, polie, sans responsabilités politiques apparentes. Son passé est rude, entre la mort de ses parents, et sa belle-mère qui la fait travailler comme souillon. Sans parler de la tentative de meurtre perpétrée sur elle au début et sa quasi résurrection à la fin. Oui mais: on dirait plus une petite fille mignonne, de l'aveu des animateurs, que la plus belle de toutes. Y compris dans sa robe de "princesse", pourtant plus modeste que bien des robes de ses consœurs, plus tard.

Blanche-Neige paye un lourd tribut au fait d'avoir été faite à une période où on maîtrisait encore mal l'animation des humains harmonieux, donc elle n'est pas aussi présente qu'elle devrait l'être.  En tout cas moins que les nains. Contrairement à ce qu'on a dit ,   elle fait le ménage en arrivant,  non pas parce que c'est une femme soumise  mais tout simplement pour se concilier les futurs propriétaires de la maison où elle s'est réfugiée. C'est vrai que c'est toujours mieux que d'entrer,  vider le frigo,  et s'endormir en digérant devant la télé,  si on veut demander aux gens de nous garder ensuite.
Cependant Blanche-Neige a fait quand même preuve d'un peu d'autorité  quand elle ordonne aux nains  d'aller se laver les mains avant de dîner. Ce n'était pas encore une femme très libérée,  mais pas si mal pour son époque.

 -Cendrillon ( 1950) du  film du même nom




 Cendrillon est  encore une fois très jolie,  plus que ses belles-sœurs, c'est sûr. Pour elle la vie a été rude:  pas de mère,  puis bientôt plus de père, et la maltraitance par les membres de sa famille. Au bal, tout le monde va la remarque,  et enfin un mariage princier.
 Toutefois, on  était encore à une époque où les personnages féminins gracieux étaient peu maîtrisés. Donc Cendrillon, tout compte fait, on la voit un peu moins que les souris. Mais quand on la voit,   elle a quand même un peu de cran.  Elle est prête à donner des coups de balai à un chat qui a anéanti tout son travail. Ou alors,  elle est consciente  des piètres performances vocales de ses demi-sœurs,  et tient tête au moins à sa belle-mère quand il s'agit d'aller au bal. Sur ce point,  c'est un personnage de chair et de sang.

Parfois les injustices l'atteignent, comme quand sa robe de bal  (la première) est mise en pièces.




Légitimement, Cendrillon  trouve ça vraiment trop insupportable. On a pu la trouver trop irréalistement optimiste, mais parfois,  trop c'est trop. On peut considérer ensuite qu'elle a  eu  beaucoup de chance mais en même temps, c'est la base de cette histoire, ce qui en fait le charme. Cendrillon est une héroïne "escapiste", c'est-à-dire qui passe à quelque chose de fantastique en peu de temps, car ce sont les règles du drame.

 -Aurore (1959) du  film La Belle au bois dormant 




On l'a déjà dit, les héroïnes sont à l'époque peu présentes,  etc. Mais avec  Aurore tous les records sont battus.

 Au début,  les marraines fées lui font des dons,  donc elle est à la fois belle, et avec une jolie voix.
Mais ensuite on la voit adulte un petit moment quand elle rencontre Philippe, puis chante avec lui. Après, on lui apprend qu'elle est une princesse,  puis elle va au château, se pique...Et c'est tout:  après elle s'endort. Donc au total on la voit 17 minutes pendant lesquels elle ne parle que la moitié du temps.

 En fait, on n'a pas vraiment le temps de faire connaissance, c'est un peu court. C'est une princesse qui ne savait pas qu'elle en est une, mais Aurore n'accapare guère l'écran, dans une histoire où les fées sont les vraies héroïnes. On n'en saura plus que grâce aux matériaux supplémentaires de la  franchise. A savoir,  le téléfilm Disney Princess: enchanted dreams. On y apprend qu' Aurore a tout pour être une souveraine avisée.



- Ariel ( 1989 ) film La Petite Sirène



 Elle est ce qu'on appelle la première héroïne libérée.  Bien sûr comme toutes les précédentes, elle cherchait l'amour, et  l'avait découvert  en peu de temps. Mais à côté de ça,  elle avait quand même sauvé son prince charmant, deux fois ( ce n'était vraiment pas le cas avant).  On la voyait longtemps,  puisque désormais l'animation des humains était totalement maîtrisée. Et puis surtout, Ariel est jolie, elle a une belle voix,  mais en plus, elle est expressive.

 Et curieuse, étourdie, parfois tête brûlée ...un personnage vraiment vivant. Elle n'est pas sans défauts,  notamment parce qu' elle peut oublier de se rendre à un concert,  et n'hésite pas à désobéir à son père.  Ou  prend  des décisions dont n'importe qui dirait  qu'elles sont hasardeuses- on le dit même dans Ralph 2.0.




 Elle était alors en état de détresse,  donc oui Ariel se laisse guider par ses émotions, elle n'est pas parfaite. Et la première princesse "humaine", proche du public de base. Contrairement à  ce qu'on laisse parfois entendre,  Ariel n'obtient tout ce qu'elle veut à la fin: le prince oui, mais elle doit se couper de sa famille.

-Belle (1991) du film  La Belle et la Bête 




Il y a eu des gens pour dire qu'elle avait l'air snob,  parce qu'elle ne se mêle pas aux autres.  Et puis bien sûr que ce prénom, Belle,  on dit qu'il lui va comme un gant. Tout le monde le dit, qu'elle est belle. Oui mais voilà: pour la  première fois on cherchait à en faire une héroïne plus cérébrale,  une qui aime lire.

 Il se trouve que les femmes à cheveux foncés ont l'air plus intellectuel.  Elle devient donc la première princesse Disney brune.  Plus précisément on lui ajoute  aussi des yeux bruns,  et des cheveux mi-longs. On tient là le portrait-robot de la première fille qui passe ou presque,  en Occident.
 Les autres princesses ont des traits plus impressionnants,  notamment des cheveux plus longs ou une  couleur de cheveux plus originale.  Belle,  c'est celle qui ressemble le plus à tout le monde,  paradoxalement. Même si,  bien sûr,  en tant que princesse Disney avec de beaux, grands yeux,  Belle est effectivement jolie.

Mais contrairement  à ce que disent les gens,  elle n'a pas l'air de l'être tellement plus que les autres femmes du village.  En particulier que les trois bimbos blondes,  dont on se demande comment un type aussi superficiel que Gaston ne les remarque pas.



 C'est aussi l'une des premières princesses qu'aiment plusieurs hommes en même temps. Mais, je ne sais pas si on peut considérer le fait que Gaston veuille de vous comme très flatteur.  Belle tentera un sacrifice héroïque pour sauver son père,  mais elle a ses faiblesses. Elle prendra peur devant la Bête dans l'aile ouest: elle rompt sa promesse, et  fuit. Même quand la Bête l'a sauvée des loups, Belle voulait d'abord fuir à nouveau et l'abandonner jusqu'à son   sursaut de conscience.



 Contrairement à ce qu'on prétend,  elle n'a jamais été vénale: tout ce qu'elle a vu, c'est un château à l'abandon,  avec tout le mobilier dévasté.  On ne lui a jamais dit que la Bête est un prince,  et dans le film live elle ne peut pas le savoir, puisque un sort d'amnésie a été jeté à tout le monde concernant l'identité du prince. Je n'ai jamais perçu son manque d'intégration aux autres comme du snobisme, mais tout simplement comme la marque des intellectuels qui effectivement, trouvent rarement quelqu'un avec qui discuter, parce qu'il faudrait qu'il puisse soutenir en fait leur conversation. Donc elle ne rejette pas autrui,  c'est juste qu' autour d'elle personne ne connaît le contenu des histoires qui la passionnent,  et les conversations ne voleraient pas très haut,  ce qu'elle sait probablement .

-Jasmine (1993) du film Aladdin 




Alors une fois de plus, ce personnage est très belle, et contrairement à Belle donc, impressionnante. On peut même dire que c'est une des premières tentatives de rendre les princesses  sexy, avec son nombril à l'air. Encore une fois elle n'est pas parfaite pour autant.  Franchement, fuir son palais à cause de son manque de liberté, et  bien ce n'est pas terrible d'un point de vue des responsabilités d'un futur chef d'État. Bien sûr, aussi,  on peut la trouver pas des masses aimable, mais c'est vrai que on lui a jamais laissé faire ce qu'elle veut.


Son pire défaut à mon avis, c'est cette tentative de  la rendre experte en drague alors qu'elle est jamais sortie de chez elle:  comment sait-elle tout ça ? Dans Le livre des héroïnes Disney (Christian Renaut, Dreamland, 2000),  on peut lire: "Si les scénaristes avaient voulu en faire une vraie émancipée, ils auraient alors perdu la dernière once de crédibilité qui en fait une femme arabe." Sic. Ah bah c'est normal qu'elle accepte un mariage arrangé, c'est juste qu'elle veut choisir avec qui c'est,  quoi... Au secours!  Bon de ce point de vue-là, la version live (entre autres) a évacué cet aspect. Mais même si globalement elle autant perdu de ce côté allumeur, qu'elle a gagné en badassitude



  (et toujours plus en insoumission) dans la plupart des adaptations, Jasmine a quand même gardé pour principal défaut d'être têtue parfois jusqu'à l'imprudence.

 -Pocahontas (1995) du film du même nom 




Là c'est  un peu particulier, elle est censée avoir été un personnage historique. Mais,  un personnage historique,  dans la vie, c'est très différent. On sait de la Pocahontas réelle qu'elle  était maigre, pas très belle,  chauve et avait seulement 12 ans quand elle a rencontré John Smith.  Rien à voir avec le mannequin qu'est la version Disney. De ce  point de vue-là, elle a  beaucoup embelli,  elle a aussi apparemment des dons chamaniques (faisant souffler le vent ou la rendant polyglotte) et selon son père, elle est d'une sagesse surprenante pour son âge,  puisque qu' elle saura éviter une guerre.
 Cela étant dit, elle ne  s'est pas montrée très prudente:  rencontrer un Britannique au nez et à la barbe  de tout le monde?  Total, cette imprudence a conduit au décès de l'un de ses compatriotes.  De plus, Pocahontas, c'est la seule qui n'a pas obtenu, en quelque sorte, ce qu'elle voulait à la fin:  puisque John Smith, qui est blessé,  doit repartir dans son pays .

-Mulan (1998) du  film du même nom




 Dans ce film, l'héroïne est loin d'être parfaite, même si elle est jolie.  Au début, on le voit, elle est la seule fille de son village à ne pas arriver à convaincre la marieuse, et donc déshonore sa famille.  Elle cherche donc une façon un peu moins classiques d'aider celle-ci  en se faisant passer pour un homme, et donc en remplaçant son père à la guerre.  Mais Mulan n'est pas non plus très douée à ça. C'est à dire  dire qu'elle fait un garçon qui est souvent  peu convaincant, mais en plus elle manque de force et d' entraînement.  Ça se voit dans les scènes de  campement. Toutefois elle saura compenser par une certaine malignité, à deux reprises (en grimpant à un mat en s'aidant des poids, puis dans la bataille finale).



Mulan aura même l'occasion de sauver son pays tout entier en tuant la plupart des Huns, puis leur chef. Ce qui fait d'elle la seule Princesse Disney qui a du sang sur les mains, je vous laisse réfléchir à ça... mais cela valait bien effectivement d'être nommée princesse à titre honorifique. Franchement, elle le méritait. C'est aussi la seule des princesses qui passe plus de temps en armure qu'en robe longue.

-Tiana (2009) du film  La Princesse et la Grenouille 




Tiana est un cas particulier: c'est un entrepreneur. On peut donc dire qu'elle n'est vraiment pas feignante, mais justement:  elle rencontre pas mal d'obstacles et  de problèmes divers.  Rien ne lui arrive tout rôti dans le bec, loin de là.  Donc ça explique qu'elle travaille dur, mais elle n'obtient pas toujours ce qu'elle veut, du moins au début. C'est aussi quelqu'un qui a un peu perdu son imagination et tout besoin de se détendre, la rendant quelque peu rigide. Tiana n'est pas non plus sans défauts, parce qu'elle a toujours eu besoin de se débrouiller seule, et  ça l'empêche d'ailleurs de se reposer sur les autres. Une leçon qu'elle apprendra d'ailleurs au cours du film.  Sans oublier le fait qu’elle a la forme d'une grenouille plus longtemps que celle d'une princesse dans son histoire.  C'est même, en fait,  la première princesse  à  se transformer en animal.


-Raiponce (2010) du film du même nom




 On retourne ici dans quelque chose de plus classique. C'est-à-dire que  Raiponce est très belle, qu'elle est assez naïve, que c'est une personne très gentille et même un peu maladroite, s'assommant avec sa propre poêle. C'est une princesse qui ne sait pas qu'elle  en est une, comme Aurore. Mais en même temps, elle  sait se montrer badass, tout en étant paradoxalement un peu peureuse en raison de la façon dont Mère Gothel  l'a élevée (à dessein),  pour éviter qu'elle ne cherche à sortir.  On peut même dire que Raiponce est l'une des princesses les  plus trouillardes,  en dépit du fait qu’elle sache taper à coups de poêle à frire sur quelqu'un.



C'est toutefois plus dû à son éducation qu'un trait de caractère personnel, et elle aura le courage de pointer son nez dehors quand même. Raiponce, évidemment, peut sembler assez mauvais juge de caractère aussi encore une fois. Mais  la seule personne qu'elle connaissait était Gothel, pendant longtemps. Raiponce ne pouvait  pas savoir que cette dernière a essayé de la manipuler mais quand même: elle a fait confiance à quelqu'un qui l' a tenue enfermée pendant pas mal de temps, donc on ne peut pas dire que Raiponce se trompe jamais.

-Mérida  (2012) du film Rebelle




Mérida, c'est évident,  n'aime ni se coiffer, ni s'habiller,  et ça se voit.  C'est en quelque sorte une beauté sauvage. Elle a des difficultés pour apprendre pas mal de choses, à commencer par ses devoirs de base. C'est une princesse, mais qui n'aime pas en être une, et comme n'importe quelle adolescente rebelle,  elle ne s'entend pas avec sa mère. Mais en plus, c'est la seule princesse  Disney qui ne sait pas chanter, ni jouer de la musique même, et de façon générale elle ne donne que dans un seul art,  apparemment: le tir à l'arc. Mérida n'est pas non plus du style à admettre ses erreurs: il lui faudra du temps pour reconnaître que ce qui était arrivé à sa mère était sa faute. L'une des princesses finalement les plus humaines,  avec le plus de défauts.  Et ce fut la première à ne pas avoir de prince charmant.

-Anna  (2013) du film La Reine des Neiges




(Je ne tiens pas compte de la suite car bon nombre d'entre vous ne l'ont sûrement pas vue: no spoilers. Et surtout elle n'ajoute en fait pas grand chose au caractère et possibilités des deux sœurs).

Anna est en fait plus mignonne que vraiment belle, elle aussi.  C'est notamment la première à ne pas dormir de façon, disons, impeccable. Entendez par là qu' elle se réveille avec les cheveux en bataille, comme une femme normale.



On est assez loin d'Aurore qui, c'est vrai,  semblait dormir maquillée et coiffée. Avec ça,  Anna a quelques défauts comme le fait d'être peut-être naïve, assez mauvais juge de caractère avec Hans, ou le fait d'être plutôt obstinée. Ce qui est la fait déclencher la découverte des pouvoirs d'Elsa. Ou bien le fait se lancer après cette dernière, alors qu'elle n'a presque rien préparé. Anna a eu de la chance de tomber sur le refuge d'Oaken puis sur Kristoff, bien sûr, pour la guider. Et peut-être a-t-elle un certain manque de manières aussi,  puisque  Kristoff fait remarquer à juste titre que quand on a été élevée dans un château, on ne pose pas  ses pieds sur un traîneau tout neuf.

 -Elsa, même film, toujours 2013 




Cette fois, c'est plus compliqué: Elsa a des pouvoirs de fou, et  elle est la première a en avoir. Bien sûr, elle est très belle, et sait un peu mieux juger les gens malgré qu'elle n'en n'aie pas connu beaucoup. Et puis la reine, ce sera elle, mais elle a été tellement traumatisée par son pouvoir que finalement, elle est loin de ne jamais faire d'erreurs. En fait, elle a même tellement peur des faux pas que cela l'empêche de faire beaucoup de choses. C'est sa phobie à l'idée de déclencher une catastrophe qui  en fait quelqu'un de terriblement anxieux. Maintenant, elle peut sembler plus confiante au moment de Libérée Délivrée, mais cela disparaît vite.



Et puis bien sûr, comme Elsa le dit elle-même, son fameux pouvoir, au début, elle ne sait absolument pas le contrôler. Autant dire que tout ne lui a pas été facile dès le départ, même si on peut trouver que créer la vie,  c'est un pouvoir incroyable.  Dernier point, et non des moindres, elle n'a pas de conjoint bien que cela aie était souvent demandé.



-Vaiana (2016) du film du même nom 




Encore une fois,  on a affaire à une célibataire, et surtout à une des héroïnes Disney modelée de façon plus réaliste, c'est-à-dire qu'elle a exactement les proportions d'une polynésienne,  et donc beaucoup moins fine que les autres héroïnes Disney classiques.  En tant que princesse tribale,  elle a accès à un luxe beaucoup moins ostentatoire. Et puis bien sûr,  on peut penser qu'elle a pris des décisions parfois hasardeuses,  comme le fait d'essayer de rejoindre le large en étant dans un simple petit bateau de pêche.  Elle ne sait pas naviguer d'ailleurs,  et n'arrivera pas spontanément à le faire:  elle aura besoin que Maui le lui apprenne. Finalement,  la seule chose peut-être vraiment spéciale  à propos de Vaiana,  c'est tout simplement cette étrange façon qu'elle a de communiquer avec l'océan, et de pouvoir le plier à sa volonté.



Donc qu'est ce qu'on peut en retenir?  C'est que non,  aucune princesse n'est vraiment Mary Sue.  Simplement parce que leurs histoires sont trop courtes, si  on ne tient compte que des films.  Quant à savoir si ce  sont des mauvais rôle modèles,  les plus anciennes valent par leur gentillesse même envers qui n'a pas mérité leur compassion et  le fait de souffrir avec patience les épreuves. Les plus récentes princesses sont devenues  toujours plus badass,  et parfois même nous font comprendre qu' une femme peut s'épanouir sans avoir forcément  un compagnon.

L'image des Disney Princesses a beaucoup changé grâce à  la franchise du même nom  (depuis l'an 2000).  Au début,  c'était purement marketing,  mais ça ensuite beaucoup changé.



 Vers les années 2010,  il y eut des protestations comme quoi c'était trop stéréotypé et que ça faisait des  petites filles des  consommatrices avant tout.  Et effectivement,  c'était la période où les princesses pouvaient sembler des rôles modèles inatteignables.



Mais ça a changé depuis.  Certaines campagnes comme "Crois en tes rêves, princesse" où elles sont présentées au contraire comme des modèles qui peuvent montrer aux petites filles comment devenir meilleures.



 Elles sont aussi plus diverses,  à la fois ethniquement (leur nombre a été augmenté pour le permettre),  mais aussi dans les caractères.  On ne peut vraiment pas appeler Mérida, par exemple, une princesse modèle, loin de là.  Et puis,  dans les matériaux supplémentaires comme Ralph 2.0, on nous présente des princesses beaucoup plus proches du spectateur actuel. Quand elles décident de s'habiller de façon moderne,  et lorsque  leurs choix de vie sont discutés à l'écran. Donc finalement,  Les Princesses Disney de jadis pouvaient nous sembler parfaites,  mais les choses ont bien changé, donc.



Et il est bien d'autres personnages qui ont pu recevoir le qualificatif de Sue mais ne le sont pas du tout. Barbie, par exemple, de laquelle parle-t-on pour commencer? Si c'est de la poupée, vous la trouvez inhumainement belle, pas vrai?




Mais Barbie représente un mannequin (à habiller) plus qu'une personne réelle. Ses mensurations sont plus réalistes depuis les années 1990, et depuis 2016, vous pouvez vous procurer plusieurs gabarits de Barbie, y compris une enveloppée.



 Si Barbie sait tout faire et eu plus de cent carrières, c'est tout simplement pour que les enfants puissent s'y projeter. Bien souvent, Barbie a eu un métier bien avant qu'aucune femme réelle ne l’exerce (spationaute ou président).



 Elle incitait les femmes à travailler tout court dans les années 1960 (c'était rare), et aujourd'hui, elle rappelle qu'elles peuvent tenter toutes les carrières.



Dans la série Barbie life in the dreamhouse, elle fait preuve d'un grand sens de l'autodérision.


Barbie en tant que personnage, dans sa série de films, se révèle en fait (dans les films où elle est Barbie donc) est une actrice qui a joué dans les dessins animés où elle porte un nom différent.




Plus récemment, les films et séries l'ont définitivement mise dans le rôle de Barbie, une fille normale qui partage la vedette avec ses sœurs.



On ne la reverra donc sans doute plus être sirène, princesse ou fée (à moins qu'elle soit tout cela à la fois).








Ou pas? Ce serait un nouveau film, mais j'ignore si c'est un fake...


Ce qui, comme dit plus tôt, étaient en fait une multitude de rôles, plutôt que des caractéristiques en une seule et même personne.



Harry Potter a parfois été perçu sous ce  prisme aussi...mais non. Sorcier qui s'ignore initialement, unique survivant de sa famille, issu de la bonne société, maltraité dans son enfance, sorte d'élu seul à avoir résisté au pire méchant de son temps et seul à pouvoir vaincre ce dernier définitivement ? Pas de doute.

Mais aussi petit, maigrichon, ébouriffé, à lunettes...Remarquez que d’habitude, ce détail physique est réservé à l'intello de service, donc à un rôle secondaire, chez un héros, c'est remarquablement rare. Harry est un sorcier, oui,  mais pas surdoué: il n'est bon qu'au quidditch, et c'est Hermione, son amie, qui est une sorcière très talentueuse, sans qui il serait mort plusieurs fois. Il a des amis, mais aussi des ennemis: plusieurs autres élèves le harcèlent plus ou moins régulièrement et tous ne seront pas punis pour cela. Il n'est même pas forcement très populaire et la vie à Poudlard lui sera parfois bien dure. Et il est loin d'un succès fou avec les filles. Harry n'est sorti qu'avec deux, Cho et Ginny, et la première, Cho Chang, ne l'a remarqué qu'après la mort de son premier petit ami, Cedric Diggory.



Et Luke Skywalker aussi...Et oui, Ray n'est pas la première a avoir subi cette réputation. Mais elle ne tient pas la route, quelle que soit la destinée de Luke. L'époux de Mara Jade et le père de Ben, ou un ermite blasé qui meurt tout seul (selon la continuité de Star Wars Legends, la série de romans parue entre 1977 et 2015, ou la nouvelle trilogie de films depuis). Mais, en se basant sur le passé commun (la trilogie originale) on peut déjà voir que Gary Stu il n'y a pas.

Luke est celui qui finit par rétablir l’équilibre dans la force, a a lien de parenté pour le moins inattendu avec deux des personnages principaux, part d'un milieu pourtant modeste et protégé, a dû être recueilli à la naissance, etc. Mais pour autant: il a eu du mal à maîtriser la force, n'a pas vaincu l'empereur (techniquement, c'est son père qui l'a fait), ni gagné la fille. Ça vaut mieux puisqu'ils sont parents bien sûr, mais Luke finissait célibataire...définitivement selon la conclusion filmée par Disney. Et tant dans cette continuité que celle instaurée dans Legends, l’équilibre ramené s'est avéré précaire.

Vous voyez, doux lecteurs: ce n'est pas si simple. Même dans le cas des Mary Sue avérées, vous verrez...