mercredi 8 juillet 2015

La coulrophobie



(version vidéo)



Souffrez -vous de de" coulrophobie", autrement dit avez- vous selon l'étymologie "La peur de l'acrobate échassier"?















...Hem, non. La peur du clown. Si c'est votre cas, les images qui vont suivre risquent de vous crisper, prenez garde.

Mais de toute façon, selon un adage récent, on trouve plus facilement des  personnes coulrophobes que celles qui ne le sont pas. Moi par exemple, je ne le suis pas. Je suis des rares personnes qui, si elles n'avaient pas la moindre idée de ce dont il est capable, ne fuiraient pas devant l'aspect risible du Joker. Avant de trépasser d'une mort affreuse bien sûr, mais vous m'avez comprise.

Mais juste ciel, pourquoi les gens qui souffrent de cette affection sont si nombreuses? (même si personne n'est d'accord sur quelles sont les phobies les courantes.)

On peut parler d'un effet boomerang, et qui commence dans la nuit des temps comme expliqué succinctement .

Plus en détail, au commencement était le dieu de la mythologie nordique Odin. Non vraiment: le père de Thor, et tout.




 Il ne se contentait pas de rester à Asgard, on prétendait qu'il épiait par les cheminées pour savoir quels enfants se comportaient sagement ou non. Après la christianisation, cette image va rester, mais transformée en personnages bénéfiques (Saint Nicolas, le Père Noël, la fée Tante Arié)







 ou maléfiques quand il s'agissait de distribuer les punitions (Père Fouettard, Zwart Piet, le Krampus des autrichiens).





D'autres sont plus ambigus comme la fée de Noël Dame Berchta. Elle récompensait les bonnes ménagères et rendait au centuple ce qu'on lui offrait, mais gare aux méchants: elle aurait mis en pièces un huissier ayant expulsé une famille pauvre! En outre elle avait l'habitude de garder dans les plis de son manteau des âmes délaissées d'enfants morts-nés, de suicidés ou de mal enterrés.



Les folkloristes prétendant que Berchta est une descendante directe de la déesse Frigg ou Freya, femme d'Odin. Ce dernier va se distinguer des personnages de fêtes de fin d'année, et se rapprocher des âmes errantes, mais de façon bien moins sympathique.



La chasse sauvage était une galopade jadis redoutée de fantômes fautifs en pleine expiation (on parle de courtisanes assises sur des selles incandescentes dans Le guide du chasseur de fantômes paru au Pré aux clercs, bon appétit bien sûr! ) , emportant dans  son passage tous ceux qu'elle croisait.



 Elle pouvait passer aux alentours d'Halloween ou de Noël. Le meneur fut d'abord Odin, puis le roi errant breton Herla (voire le roi Arthur!), le grand veneur, et dans certains cas la fée Holle, Holda ou Perchta.



Un nom étonnamment proche de Hel, déesse des enfers, fille de Loki et petit-fille (adoptive) d'Odin et Freya!




La christianisation diabolisera tout ceci, le veneur devint Hellequin, roi des enfers (le préfixe hell- est limpide en anglais), et la chasse surnommée la "mesnie Hellequin".



Et....le rapport avec les clowns? On y vient, ces derniers sont inspirés des bouffons, eux-mêmes étant héritiers d'Hellequin.

Se déguiser en personnage effrayant (Krampus, Tschäggättä, hommes sauvages en Suisse...) était commun à Noël ou au Carnaval



mais également aux charivaris que subissaient les époux dont le mariage était contesté (veufs en secondes noces, séparés par une grande différence d'âge, apparentés, voire tout simplement de paroisses différentes).  Parmi ceux venus tapager sous leurs fenêtres, le déguisement d'Hellequin était courant.



Chez les puissants, (jusque sous Louis XIII) on connaissait aussi l'escogriffe  qui vient vous reprocher vos travers sous couvert de plaisanterie: le bouffon ou fou du roi et son bonnet caractéristique rappelant des oreilles d'âne, symbole de bêtise.



Son habit inspirera la seule carte qui ne sert à rien (sinon monter leur nombre à 54?) de  nos jeux, le joker, ou excuse dans le tarot. (qui est aussi dans le divertissement, étant ménestrel)





Les costumes grotesques des bouffons et adeptes des charivaris commencaient à se porter hors des festivals, et les saltimbanques déguisés improvisaient des scénettes qui conduisent au théâtre. Ce dernier n'a pas encore les lettres de noblesse acquises avec Shakespeare et Molière, et les comédiens, encore mal vus, sont des artistes itinérants qui jouent souvent dans la rue.

Dans la future Italie, des rôles récurrents apparaissent sur ces scènes improvisées de la Commedia dell'arte : Colombine l'amoureuse, Scaramouche le teigneux (le même qui est cité dans Bohemian Rhapsody !), le vieux Pantalon...




Et puis Arleccino alias Arlequin au nom dérivé d'Hellequin, avec un masque noir où une cicatrice est la trace d'une ancienne corne démoniaque.



Mais Arlequin et son habit rapiécé (le détail auquel on le reconnaît, bien plus que le masque maintenant) deviennent sympathiques tandis que le théâtre entre chez les puissants et qu'Arlequin devient un nom commun de valet (par exemple chez Marivaux).



Pulcinella y devient Polichinelle, reconnaissable à ses deux bosses et à un habit voyant, lui aussi;


Pedrolino et son habit blanc devenant Pierrot pour les français.



Watteau contribue à le populariser, comme la chanson Au clair de la lune.



Enfin c'est souvent un personnage de l'art de la pantomime, ou histoire sans paroles.

Jean-Gaspard Debureau, mime fameux, sera un interprète célèbre de Pierrot.



Certes en 1836, un gamin des rues importunera sa femme et Debureau excédé le tuera involontairement d'un revers de sa lourde canne! Mais il sera acquitté car, bof, c'était juste un garnement sans famille. Et du coup, peu de gens ont peur des mimes aujourd'hui.











...Quoique?


Quand ces personnages arrivent aux Etats-Unis au XIXème siècle, Arlequin et Polichinelle inspirent l'auguste et Pierrot le clown blanc. On dit que c'est  Joseph Grimaldi (1778-1837) qui assura la transition.

Il commença par interpréter la Commedia dell' arte mais par la suite ce fut une version américanisée et moderne.  



 L'auguste est coloré, avec un maquillage lourd,



et le clown blanc au visage fardé est élégant, porte un costume pailleté et plutôt que faire rire joue de la musique (comme Alexis Gruss).




Ou alors, il est sérieux et gronde l'auguste pendant son numéro (et oui, je préfère les clowns blancs personnellement). A noter que ce seront bien plus rarement eux qui susciteront la panique.




Qu'ils passent après les numéros sérieux dans les cirques en les caricaturant ou qu'ils poursuivent les touristes à Coney Island (la fête foraine permanente de New York) avec un slapstick (bâton bruyant) ce seront cependant plutôt les augustes qui vont s'imposer et gagner les faveurs des enfants.



En ces temps d'avant la télévision, ils étaient une distraction commune après tout, et même le cinéma, puis la télé débutante leur rendront hommage (Koko des frères Fleisher, Bozo tant en animation qu'en live entre 1947 et 1962, Achille Zavatta dans La piste aux étoiles).





Et fort logiquement MacDonald intronisera le clown Ronald comme mascotte en 1963.



Il faut quand même avouer, la première version était effrayante!





Certes, il y avait déjà des coulrophobes à l'époque. Ils n'étaient alors pas rassurés par le maquillage lourd, qui "bloque" le visage humain du clown et le rend difficile d'accès selon le terme d'"inquiétante étrangeté" ou de "vallée étrange".




 Il désigne le malaise éprouvé devant une créature qui ressemble à un être humain sans en être un (comme les mannequins, les poupées ou les marionnettes de ventriloques qui ont aussi leur nombreux phobiques). Enfin les blagues de clowns sont imprévisibles (comme l'entartage) et on peut craindre d'en être la cible.



Mais de peur panique alors, point. On pourrait objecter que Le Joker existe depuis 1940,



mais à l'époque, il était avant tout inspiré de la carte à jouer et de Conrad Veidt dans le film L'homme qui rit, qui est censé être défiguré par le sourire de l'ange (joues cicatrisées).





 Ça explique entre autres qu'il n'aie jamais porté de nez rouge. Mais dans le film Veidt s'était contenté de ce sourire étrange repris par les auteurs du comics. Une apparence qui ne s'oublie pas de sitôt, mais à part cela croyez-le ou non, le Joker n'avait alors aucun sens de l'humour!

On vous parle d'un temps où Batman tuait ses adversaires, aussi!


En 1954, le comics book code imposera entre autres aux méchants de ne plus tuer ou mutiler. Conséquemment le Joker n'est plus qu'un escroc aux armes de comédie...C'est ça, un clown, sauf qu'il vole. Et n'effraie personne: on peut alors légitimement le trouver ridicule et il disparaîtra de la publication (si difficile à croire que c'est aujourd'hui) durant près de 20 ans.







Sauf dans la série télé (1966-1968), incarné par César Roméro aux armes certes toujours improbables mais risible avant tout.




(on pouvait  alors en dire autant d'autres méchants de comics dans ce thème: le Trickster dans Flash, Punch et Jewelee dans Captain Atom, Arlequin dans la -première- Lanterne Verte, tous parmi les moins efficaces des vilains. Arlequin étant même en fait amoureuse de la Lanterne, elle ne lui aurait fait aucun mal.)










Jusqu'aux années 70 donc, les clowns étaient toujours une figure rassurante pour les enfants, et des intervenants appréciés lors de leurs anniversaires ou pour ceux qui étaient hospitalisés (ils pouvaient aussi à l'occasion venir divertir les adultes malades). La plupart n'étaient pas des professionnels ayant travaillé dans des cirques, mais des bénévoles.








Tel était le cas de John Wayne Gacy (1942-1994), un américain qui résidait à Des Plaines près de Chicago.



 Il avait fondé une entreprise de construction, mais à ses heures perdues s'était fabriqué les costumes de Pogo (ou Patches, dans un style plus patchwork) les clowns.



 Depuis 1972, il se déguisait à l'occasion de collectes pour le parti démocrate, d'anniversaires dans le voisinage ou pour des visites aux enfants des hôpitaux. Il peignait aussi des portraits de clowns qui ornaient sa maison.

Ajoutez-y à cela son engagement dans des bonnes causes de sa communauté et ses dehors affables (tous ses voisins le décrivaient comme adorable) et on lui donnait le Bon Dieu sans confession. Bien sûr, son entourage n'ignorait pas qu'il avait fait un an de prison en 1968 pour viol sur un adolescent, (pour rappel, le "crime de sodomie" existait encore dans les lois américaines) mais on pensait qu'il s'était rangé une fois sa dette payée à la société.

En réalité, John Wayne Gacy avait bel et bien appris sa leçon....Mais pas comme on le croyait. Son idée était plutôt "éviter toute nouvelle plainte de victime". En 1978, la police enquête sur la disparition de Robert Piest, un adolescent vu pour la dernière fois en compagnie de John Wayne Gacy qui voulait lui proposer un travail. En outre, d'autres de ses jeunes employés comme David Cram, l'avaient accusé d'agressions sexuelles. La police perquisitionnera chez lui et trouvera des objets compromettants tels que qu'une paire de menottes, un garrot, des effets personnels n'appartenant visiblement pas à Gacy... Enfin, un policier reconnaîtra l'odeur caractéristique des corps en décomposition-jusqu'alors John Wayne Gacy expliquait la puanteur à ses voisins par une fuite d’égout.

La police creusera à partir du 21 décembre 1978 dans le vide sanitaire sous la maison et y trouvera 27 corps, 5 autres ayant été jetés dans la rivière Des Plaines faute de place.

Pourquoi, comment? Non seulement à cause de la loi, mais aussi d'un père brutal prompt à le traiter de "chochotte", Gacy n'avait jamais accepté sa bisexualité (il avait été marié deux fois). Il aurait pu se contenter de liaisons clandestines (et eut bien un employé pour amant, Mike Rossi, chez lui sous prétexte de logement professionnel et parfois complice des crimes). Mais selon la psychiatrie actuelle, Gacy tuait avec ses victimes une partie de lui qu'il désapprouvait. Est-il bien nécessaire de préciser l'impact de l'oxymore apparent d'un clown tueur dans les médias? De nombreux parents durent avoir un frisson dans le dos, et pas seulement ceux qui avaient un jour engagé Pogo.


Un doute s'insinua: "Et si l'homme que j'avais engagé pour l'anniversaire du petit dernier était un assassin?" A l'époque cela semblait avoir autant de sens qu'un Père Noël de supermarché ou une mascotte animalière de parc d'attraction inculpé pour meurtre. D'autant que s'il n'était techniquement pas pédophile, Gacy s'attaquait presque toujours à des mineurs, donnant à ses crimes  une aura nauséabonde d'abus sur enfant. Vous vous posez probablement nerveusement la question: tuait-il vêtu en Pogo?



Il est déjà certain que ses victimes avaient toutes été tuées sous le regard des clowns en portrait chez lui. Mais ce n'est pas tout: David Cram, l'un des rares à s'en être tiré,  a raconté avoir effectivement été assailli par John Wayne Gacy vêtu en Pogo. Comme d'habitude il s'était retrouvé menotté sous prétexte d'un tour de magie, mais grand et costaud, il frappa Gacy et s'enfuit.

Combien de fois faudra-t-il le répéter, ne laissez jamais un clown vous montrer un tour de magie.


De surcroît, pendant les 14 ans que Gacy passa dans les couloirs de la mort, ( il affirmait pourtant  "Clowns can get away with murder.", les clowns peuvent s'en tirer même avec le meurtre) il peignit toutes sortes d'autoportraits de lui en clown, de portraits d'autres clowns, d'autres tueurs comme Charles Manson, et enfin des images glauques comme des crânes formés de corps de jeunes hommes et coiffés de chapeaux de clowns.









Dans les années 80, une sorte de transition s'opère: la figure du clown tueur fait son apparition dans le genre horrifique même si cela ne va toujours de soi pour le spectateur. Le film Poltergeist (1982)  d'abord opérera une combinaison avec la peur des poupées, ou pédiophobie au cours de la scène de la marionnette clown possédée par les esprits mauvais.

Une image si ancrée dans les esprits que l'une des deux affiches du remake (2015) fait la part belle à cette poupée. 

 Le film Les Clowns tueurs venus d'ailleurs (1988) présentait des extraterrestres cannibales venus dans un vaisseau spatial en forme de chapiteau et usant d'armes de comédie détournées pour tuer (comme des tartes à l'acide).


Toutefois les clowns sont autant de costumes grotesques en caoutchouc, et le film fait presque l'effet d'une comédie horrifique.

(Bien vue cette chanson avec ses samples de Julius Fucik...comment s'appelle cet air déjà?)




Toujours en 1988,  le comics code presque abandonné depuis 20 ans avait déjà permis depuis un bout de temps au Joker de se remettre à commettre des crimes tout à fait affreux et d'avoir des armes dangereuses quoique toujours dans le thème (fleurs à l'acide, buzzer au voltage létal ou le venin qui tue en laissant un rictus à une victime littéralement "morte de rire").





C'est aussi cette année là qu'il paralysera la première Batgirl en lui tirant dans la colonne vertébrale ( The Killing joke, histoire prévue hors continuité au départ mais sera intégrée à celle-ci) et tuera le second Robin à coups de pied de biche et de bombe. (A Death in the family)






Ajoutez-y  son interprétation par un Jack Nicholson défiguré l'année suivante (capable de rôtir un associé sur place avec son buzzer ou de lui coller une balle entre les deux yeux) et là, fini de rire, si l'on peut dire: le personnage deviendra définitivement l'un des plus dangereux et redoutés des comics.



Les dessins animés pourront un temps brouiller cette image (il en vient à avoir peur du Creeper, un super-héros déjanté, à la fin de la série animée Batman des années 1990)



 mais Batman Beyond, fin du DCAU (univers animé de DC) remet ce dernier fermement dans sa réputation et rapporte  comment son dernier tour de piste fut de kidnapper le Robin Tim Drake et de le torturer à coups d'électrochocs et de venin trois semaines durant pour lui laver le cerveau. Le tout alors qu'il n'avait que douze ans.



Et ce n'est pas sa compagne née dans ce même DCAU, Harley Quinn, qui allait améliorer l'image du clown malgré qu'elle était au départ moins dangereuse et plus maladroite que lui;



les années auront vite fait la preuve que la version femme n'est pas moins redoutable.





Et on enchaîne sur le sinistre Heath Ledger et ce même sourire de l'ange que L'homme qui rit...





Pour autant, les années 80 continuent sur la lancée de la version non ironique: Ronald Mac Donald était alors dans toutes les pubs de la firme,



tandis que la série d'animation de 1987-1988 , The Little Clowns of Happy Town, est une version adorable. (Je me rappelle même avoir possédé une poupée clown toute rose dans ce style, mais qui a vite disparu! ...*musique flippante*). Les poupées clowns étaient d'ailleurs encore relativement populaires.









Mais le vrai coup de grâce commence en 1986, avec le roman Ça (It) de Stephen King.



Ce dernier avait été inspiré par l'appellation de "clown tueur" donnée dans la presse à John Wayne Gacy. Il imagine non un tueur humain, mais pire encore: un vrai monstre (une araignée géante et cannibale) qui prendrait l'apparence d'un clown pour inspirer confiance aux enfants, (ironie) et tuerait ceux-ci plutôt que des adolescents.



 Cruauté supplémentaire, il ressemble au bien-aimé Bozo (volontairement!). En outre, il peut surgir de n'importe où (y compris sous une plaque d’égout),

...Ou de l'évacuation de la douche?


prendre l'aspect de n'importe qui (comme les proches des victimes), créer d'horribles hallucinations et n'est vu que des moins de douze ans: les adultes ne comprendront jamais ce qui se passe. Les six préados sur qui Ça s'acharne le surnomment de la sorte, faute d'être sûrs de sa vraie nature, mais son aspect clown est nommé Grippe-sou (Pennywise en VO).

Lire la description d'un tel monstre devait déjà être impressionnante, mais en 1990, une adaptation en téléfilm est tournée avec Tim  Curry. Celui- ci était grimé de façon si convaincante qu'il faisait même peur aux membres de l'équipe de tournage.



Le téléfilm est diffusé partout dans le monde à partir de 1993, et très nombreux sont les coulrophobes qui le citent comme point de départ de leur peur, pour l'avoir vu étant trop jeunes.

(comme ici à 2'20)


                                                           

Ce n'est pas une légende urbaine: ayant déjà 14 ans à mon visionnage de Ça, il ne m'a pas empêchée de dormir mais j'ai pu constater de mes yeux l'apparition de la coulrophobie  chez des téléspectateurs plus jeunes. Histoire de boucler la boucle, Grippe-sou fut peint par John Wayne Gacy, lui aussi!

Mon Dieu...MON DIEU!!!!!!!!! Mais tout est lié!!!!!!!!!!!



Ceux qui n'en étaient pas devenus insomniaques furent (pour les artistes en tout cas) inspirés par ce nouvel archétype de monstre traditionnel. Déjà, les portraits de clowns sanguinolents ou/et aux dents longues sont légion.



Mais les méchants fictionnels appartenant à cette catégorie ont abondé encore plus depuis les années 1990, comme si on savait que cela fera frissonner le lecteur/spectateur/joueur à coup sûr.


Twisty dans American Horror Story: Freak Show (serial-killer inspiré de Gacy, mais en pire) Zombozo (le bien-nommé) dans Ben 10, Freakshow dans Danny Phantom, Hisoka d' Hunter × Hunter, Pierrot dans Tokyo Ghoul,  Zeebo dans Fais-moi peur, Capitaine Spaulding dans La Maison des 1000 morts, Sneero dans Achille Talon, Joker-sama dans  Persona 2, Shaco dans League of legends, Rainbow dans Les Super Nanas, Kefka Palazzo dans Final Fantasy VI, Laughing Jack et Jill de la creepypasta du même nom...





Violator, dans Spawn, cache un monstre comme Grippe-sou (démon, dans ce cas),




 Tahiti Bob  a toujours cherché à tuer Bart Simpson, déjà traumatisé par sa tête de lit d'enfant.




Ça ne fait que commencer, Bart. Personne n'a dit a Homer que c'est plus une bonne idée de mobilier pour enfant?




 Dans le  Brave petit grille-pain, pourtant film pour enfants, le grille-pain éponyme cauchemarde qu'il est prisonnier d'un incendie, mais l'arrivée d'un pompier n'est pas pour le rassurer: il a l'aspect d'un clown maléfique.




La peur profonde de Riley dans Vice-Versa  est Jangles, le clown qui l'a traumatisée quand il est venu animer son anniversaire.


Bien tenté, mais trop tôt c'est trop tôt et impressionne durablement certains enfants....




Alex dans Buffy contre les vampires  se révélera avoir eu le même trauma (épisode Billy) car ses parents ont eu la mauvaise idée de faire venir un clown pour animer ses six ans; une décennie après, c'est encore son pire cauchemar!





Dans les Décalés du cosmos, c'est une planète entière qui est habitée des sales clowns!








Leur chef, Dark bobo, est l'ennemi principal.




...Et n’espérez pas trouver de la compréhension auprès de sa fille!



Encore qu'ils sont plus souvent hilarants que menaçants vu le contexte parodique!

Dominé par sa femme, notamment.






Le tout avec les indispensables corollaires: le rire qui devient vite diabolique, les grimaces effrayantes, les dents longues et la musique de cirque bien horrifique!

Cachent-ils toujours des monstres? Pour bien des artistes d'aujourd'hui, ça ne fait plus de doute!




Faut-il s'étonner que entre les années 1990 et 2010, dans ces conditions, de plus en plus d'enfants (et d'adultes!) soient allés au cirque à reculons par crainte du numéro de clowns? Ajoutez-y le plaidoyer pour ne plus enfermer d'animaux sauvages, et le métier ne risque de trouver son salut que dans le cirque du Soleil par exemple, sans animaux mais aussi sans clowns traditionnels, remplacés par des versions indissociables d'aimables grand-pères au maquillage plus léger.








Pour animer les anniversaires, on a observé ces derniers temps un recours plus fréquent aux prestidigitateurs, et aux personnes déguisées en super-héros, ou princesses.




Même principe dans les hôpitaux, où bien des clowns volontaires ont pu constater ces dernières années qu'ils soulèvent des vagues de panique. Ainsi, les hollandais de Cliniclowns, selon une étude de 2008: tous les 250 jeunes patients (jusqu'à 16 ans) interrogés les avaient trouvés effrayants!







Ça peut arriver aussi sur les genoux des Pères Noëls de supermarché, mais quand même: ce n'est plus pour rassurer personne. 


Ronald Mac Donalds,  qui était l'un des rares derniers exemples non-ironiques, a disparu de la plupart des publicités de la firme depuis 2003 (où on ne voit plus du tout ses amis de Mac Donalds Land sinon sur le mobilier des coins à  gamins des restaurants),



ou alors exclusivement dans les spots de chaînes pour enfants. Et de toute façon, à coup de remontages effrayants (c'est un sport national au Japon) des dites pubs, de cosplays venus droit de l'enfer ou de caricatures en tout genre (surtout quand il s'agit de dénoncer la malbouffe), on prête facilement à Ronald de mauvaises intentions. (notamment dans le court-métrage Logorama)

Les suggestions Google à ce propos ne sont jamais bien loin...



Par une coïncidence malheureuse, son code couleur (en jaune avec le visage blanc et les cheveux rouges) correspond en effet à celui de Grippe-sou. Les cross -over avec lui ou le Joker ne sont pas rares.





Faut-il attribuer à cette mauvaise presse la disparition finale de Ronald? Depuis 2014, il est remplacé depuis par Happy (une boîte Happpy Meal parlante).



Croyez-le ou non, certains cirques sont aujourd'hui dans le thème "gothique" ou "horreur" et conséquemment de tels clowns y abondent (oui, des gens payent pour voir ça apparemment)


"Circus of Horrors" et "Carnival Diablo"

et certains anniversaires (parfois d'enfants!) sont animés par des gens grimés en clowns maléfiques, devenus thème  à part entière - les contrats de certains incluant de suivre à distance et harceler au téléphone l’intéressé plusieurs jours pour finir par le coincer et l'entarter. Le tout pour faire une farce élaborée au destinataire mais je doute qu'il apprécie.



Heckles et Twitch. Leur site internet n'indique pas ce qu'ils comptent y faire si vous leur demandez d'animer votre fête d' Halloween.









Ciel, mais n'existe-t-il donc plus aucun clown non-ironique de nos jours dans la culture? Hélas non: aujourd'hui, si un clown ne cherche pas à vous tuer, c'est que paradoxalement, il est triste! On songe de prime abord à la chanson d'Edith Piaf Bravo pour le clown quand cette dernière chantait comment le héros se retrouvait à l'asile. Et que dire de La strada de Fellini...

C'est vrai qu'un gars qui ne présente que des dehors joyeux, ça paraît suspect à force...Et depuis les années 1990 cela ne s'est pas arrangé. Dans Les Simpsons, en raison d'une enfance influencée par Bozo pour les auteurs, Krusty, l'idole des enfants, paraît de bonne volonté...Sauf que, côté coulisses, il est parfois négligent en matière de sécurité concernant ses produits dérivés, et surtout, dépressif, en conflit avec son père, accro à diverses substances, blasé...




Et histoire de ne pas déroger à la nouvelle tradition, les poupées à son effigie sont tueuses! (épisode spécial Halloween)

Que dire de Toy Story 3 où l'on apprend que les trois jouets préférés de la petite Daisy étaient le nounours Lotso (grand méchant), le poupon Big Baby, et un clown de caoutchouc au nom prédestiné, Rictus. Jusqu'au jour où elle les oublia sur une aire de pique-nique. Le tout nous est conté par un slam de Rictus doublé par Grand Corps Malade (en VF) histoire d'enfoncer le clou.



 Rictus ne ressemblerait-il pas à Jangles, par le plus grand des hasards? Parce que Rictus aurait dû être le méchant, avant que ce rôle ne revienne à Lotso et son aspect coupable moins évident! (décidément....) Jangles conservera le premier design de Rictus et deviendra le pire cauchemar de Riley dans Vice-Versa.

Quant à la marque québécoise de granité Sloche (littéralement "gadoue"), ils avaient déjà l'habitude du marketing décalé vus leurs noms de parfums: "Liposuccion", "Sang froid" , "Goudron sauvage", "Rosebeef" (rapport à la couleur et pas aux ingrédients, rassurez-vous).



Mais pour leurs dix ans, outre des clowns salement amochés sur leurs affiches,




 les spots télé les voyaient se faire découper et déchiqueter avec des confettis en guise de sang, et sans cesser de rire! (façon de nous rappeler qu'ils ne sont pas humains?) Le plus étrange reste les commentaires Youtube sous ces pubs: "Bien fait!"  de la part de coulrophobes rancuniers.




La série Charmed combinera même le clown triste et maléfique dans un combo infernal, avec l'épisode  Le Marchand de sable. Celle des sœurs qui cauchemarde, c'est Phoebe, qui se voit poursuivie par un serial- killer façon Vendredi 13 dans ses rêves. Par comparaison, le rêve de Paige est triste puisqu'elle voit les invitées du baptême de son futur neveu (demi-être de lumière comme elle) fuir la fête tandis que sa poupée clown d'enfance prend vie et affirme que "tout le monde se fiche" du bébé.

Reste que même dans le monde réel cette poupée crispe ses sœurs, et le visage grimaçant qu'elle affiche en rêve n'est pas pour rassurer.



 Plus tard, le clown devient réel  tout comme les rêves des deux autres sœurs et bien qu'il n'en veuille pas à la vie de Paige (juste la chagriner), c'est entendre ses constants babillages où il s'exprime comme une version maléfique qui pousse les sorcières  excédées à tenter de comprendre leurs rêves .




Paige en viendra à la conclusion qu'elle fait un parallèle inconscient entre cette naissance et la sienne, qui avait dû rester secrète...



Triste et maléfique, le combo de l'enfer? Pensez-vous, être maléfique suffit le plus souvent!

"L’idée de Satan de ce qui est drôle". (selon internet)



 Si on tape "clown" sur Google aujourd'hui, non seulement "clown tueur" et "clown qui fait peur" seront les première suggestions qui viendront mais  déjà la page avec ce seul mot sera bourrée d'images en ce sens, à commencer par Grippe-sou alias l’obsession du siècle, visible très vite même avec la requête "clown gentil"! A croire que c'est devenu un paradoxe insurmontable que d'imaginer "gentil" aller de pair avec ce métier maintenant.







Mais, me direz-vous, en dehors de comédiens spécialisés, il n'y a quand même plus dehors de vrais dingues portant un tel déguisement et encore moins prêts à vous faire la peau, si? Et bien...plus ou moins. Inspirés par le films Les clowns tueurs venus d'ailleurs, un duo de rappeurs américains créa le groupe Insane clowns posse. ("Le gang des clowns fous") Mais après tout ce thème, pourquoi pas, leur maquillage n'étant pas si éloigné de ce qui s'était déjà vu sur Kiss.





Les différentes couvertures d'albums



Leurs fans ne devaient pas tarder à créer le style dit "juggalo", courant musical dont se réclament tous les groupes qui ont marché dans les traces d'Insane Clown Posse.

(du genre, reprendre La parade des éléphants roses de Dumbo, et dire qu'on trouvait l'original perché!)


 On reconnait les adeptes à ce même maquillage lourd et des habits colorés. Simple mouvement de mode? Usuellement, oui...mais en 2014, les adeptes ont été enregistrés comme danger potentiel par la police américaine après des agressions commises par certains gangs juggalos.

Les logos officiels ("hatchetman et woman")





Peut-on parler de hasard si les incarnations live les plus récentes d'Harley Quinn et du Joker empruntent à ce style? (si ce n'est le maquillage?)




Sans oublier l'apparence de  l'activiste écologiste et végétalien MagicCjack alias Maxime Ginolin.



Certes c'est pour la bonne cause et son maquillage pourrait juste évoquer la scène métal...Reste qu'il se grime parfois en Ronald Mac Donald lui aussi, et s'il nous kidnappait, on serait sans doute aussi peu rassurés que l'industriel qui apparaît dans son film Le jugement.






Même principe sans doute derrière la série allemande Le clown (1996-2001) dont le héros est du côté du bien mais qui clairement a choisi son masque dans le but, lui aussi, d'instiller "la terreur dans le cœur des criminels" et non à les faire exploser de rire quand il se montre.




En fait, la coulrophobie rampante (bien qu'elle ne figure jamais au top 10 des peurs les plus répandues) est si présente qu'un rien peut faire basculer dans la psychose aujourd'hui.  Vous savez sans doute qu'avec l'avènement de Youtube, la caméra cachée innocente façon Surprise sur prise c'est fini. Des amateurs (ou des pros comme dans Peur surprise) créent parfois des scènes élaborées à base de fantômes, vampires et autres serial-killers fous, à se demander ce qu'il se passerait s'ils croisaient une victime cardiaque.

La fausse fillette fantôme, un classique.



En 2014 , les brésiliens de "DMC pranks" n'en étaient pas  à leur coup d'essai, étant déjà derrière diverses farces ayant quelque peu écorné le Père noël. (et là peu de gens fuyaient dès le départ).

Mais cette année là, ils créèrent le "Scary clown prank", consistant en un comparse portant un masque de clown effrayant et éclatant la tête d'un mannequin plein de faux sang au maillet ou brandissant une tronçonneuse allumée devant témoins. Ceux -ci ne chercheront jamais à se défendre et prendront toujours immédiatement les jambes à leur cou. Surtout que, d'abord, le clown ajoutera à sa panoplie d'horrifiants effets sonores-boîte à musique, sifflements, chantonnement, rires diaboliques et cris "Je vais vous tuer!" Ensuite, le farceur initial ne restera pas seul longtemps, un, puis deux clowns le rejoindront dont un sosie exact  de Grippe-sou!






 On peut soupçonner au vu de leurs réactions que certaines victimes étaient coulrophobes: celle qui, coincée entre deux clowns sur un pont, préférera sauter à l'eau, et l'homme qui verra Grippe-sou occupé à tronçonner un mannequin à la sortie de l'ascenseur. Ses cris et le long temps qu'il mettra à presser le bouton prouvent qu'un de ses cauchemars récurrents avait dû prendre corps.

Ce sont ces vidéos qui dit-on inspirèrent quelques mauvais plaisantins en France fin 2014. On rapportera des témoignages concernant des personnes déguisées en clowns effrayants mais sans caméra invisible. Le but pouvait aller de simplement faire détaler les témoins en brandissant une batte ou une tronçonneuse, à des rackets et agressions physiques. Le scandale fut d'autant plus grand que les lieux concernés étaient souvent des écoles à l'heure de la sortie. Cela fit florès; en 2013 déjà à Northampton au Royaume-Uni,un étudiant déguisé en Grippe-sou avec des ballons  à la main observait les passants. On en aurait vu aussi en Californie ou au Nouveau-Mexique.




Au bout de trois semaines de psychose, des chasseurs de clowns se créèrent et allèrent jusqu'à fonder une page Facebook.

Comment ça, Bozo comme avatar? Selon cette communauté, les clowns semblent tous bons à jeter...


Selon Stephen King sur son compte Twitter : "Après que "Ça" est été adapté au cinéma, il est maintenant adapté à la vie réelle. Mouahahah." Il ne croyait pas si bien dire. En 2016, tout recommença, mais aux Etats-Unis. Cette fois Stephen King ne riait plus, et demande cette fois sur son Twitter  de ne plus imiter Ça.

Car bien sûr, tout le monde se posait alors la question : Et s'il y  avait parmi eux un imitateur de John Wayne Gacy, qui n'en prendrait pas qu'aux adolescents?

Diantre! Sont-ils devenus dangereux au point qu'il leur faut leurs Van Helsing personnels? Mais au fond...Ne seraient-ils pas revenus à leurs racines de monstres de la chasse sauvage?




"N'oublions pas cela", rapporte à propos d'Hellequin Le guide du chasseur de fantômes,"derrière les grimaces du clown, derrière le masque du bouffon, c'est l'ancien dieu des armées des morts qui nous observe de son regard d'outre tombe!"


Si après tout cela vous souffrez de coulrophobie (on le comprend), ce n'est pas une fatalité. Voyez si vous frissonnez en regardant un Pierrot lunaire, puis un clown blanc, puis Achille Zavatta, puis Bozo, etc.


Ça ne marche pas? Rencontrez un vrai clown et discutez avant qu'elle  ou il ne mette son maquillage. Regardez-le/la ensuite l'appliquer: savoir qu'il y a dessous une vraie personne et non un monstre peut suffire à rassurer.


Et si ça ne suffit pas: mettez un tel costume vous-même! Non, vraiment: savoir que c'est vous là -dessous quand vous vous verrez dans un miroir peut grandement calmer vos craintes.


Peu avant sa mort, John Wayne Gacy qui avait toujours été vantard et narcissique se targuait d'avoir inspiré moult films et livres, mais avait exagéré leur nombre. S'il se trompait sur ce point, en revanche l'un des livres inspiré par son histoire, Ça, a imposé un nouveau standard dans l'horreur. Indirectement à travers l’œuvre de King devaient se créer des dizaines de personnages inquiétants, certains super vilains regagner en respectabilité et en dangerosité, un courant musical se créer et des millions de gens devenir phobiques. En cela Gacy est hélas bel et bien passé à la postérité.




Brr! Bon une petite musique de tour de piste, celle de Julius Fucik  si connue pour cet usage histoire de détendre l'atmosphère...Voyons, elle s’appelle...







...Comment ça, c'est en réalité une marche militaire? Et ça s’appelle "L'entrée des gladiateurs"????? ...Ça parlait en fait de ce genre de cirque-là, morituri te salutant, tout ce temps?









Argh! Tout est lié Mulder! Tout est lié!!!!!!!


Sources: https://www.youtube.com/watch?v=EzYSeQAva88

https://www.youtube.com/watch?v=riRO_pV4YRM



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