mercredi 20 mai 2015

Critique: Cendrillon (2015)

(Attention, contient des spoilers)



En voilà une qui n'a rien à voir avec Alice au pays des merveilles de Tim Burton ou Maléfique. Pour cette troisième adaptation live d'un de ses classiques d'animation ces dernières années, Disney n'a choisi ni la suite ni le changement de perspective. Mais la redite de son dessin animé de 1950, tout simplement. Est ce que ça ne servait pour autant à rien comme beaucoup l'ont dit? Je ne crois pas.



Le film montre ce qui était jusque là resté un mystère comme ce à quoi ressemblait la mère de Cendrillon ou l'enfance de cette dernière.


Ici, la mère tombe malade et recommande sur son lit de mort à "Ella" ( le vrai prénom de l’héroïne) d'être toujours bienveillante et courageuse.  Ella, donc, reste seule avec son père qui n'est plus gentilhomme mais marchand.  Il s'absente souvent pour ce travail mais laisse une maison agréable, une ferme aux murs peints de fleurs et peuplés de domestiques bienveillants.



Contrairement au dessin animé, le père ne se remarie pas promptement pour qu' Ella aie une mère. Ici, elle est déjà adolescente quand son père semble sincèrement s'éprendre de la veuve d'un associé (Francis Tremaine, dont nous apprenons le nom aussi pour la première fois, et qui aussi prouve que Tremaine est bien le nom de la marâtre et non celui de Cendrillon).



Les belle-sœurs, elles, sont plus mal habillées que laides, cette fois.



 Enfin, on avait jamais su comment le père avait disparu. Les versions en livre du dessin animé rapportaient une maladie, ou un accident de chasse selon les cas. Ici, le pauvre homme succombe à la maladie, mais alors qu'il était en déplacement.



Comment vivre? Lady Tremaine renvoie la domesticité par mesure d'économie, expliquant comment Ella se retrouve seule servante (ce n'est pas le cas dans toutes les versions). Il est dit aussi comment Ella se retrouve à devenir une bonne, sa belle-famille abusant toujours plus de sa gentillesse. Par exemple, les deux sœurs se disputant à propos de leur chambre à partager, Ella suggère d'échanger la sienne et se retrouve à dormir au grenier.



En 1950, les animateurs de Disney étaient encore peu habitués aux humains d'apparence harmonieuse et il était d'usage de limiter leurs apparitions. (C'est aussi le cas dans La Belle au bois dormant qui est plus l'histoire des fées que celle d'Aurore). Cela explique le rôle prépondérant donné aux nains dans Blanche-Neige, mais aussi celui des souris, du roi et du duc (humains dis-harmonieux) douze ans après dans Cendrillon, où à priori le conte n'avait presque que des femmes comme personnages principaux. Du coup, les belles-sœurs ont été rendues grotesques, et les scénaristes avaient développé le rôle du "gentilhomme qui fait essayer la pantoufle", devenu le grand -duc,  ainsi que du père du roi.



Egalement,  ces souris que la marraine-fée transforme en chevaux pour le carrosse dans le texte d'origine, (ainsi que des lézards en laquais et un rat en cocher); en leur donnant des vêtements et le don de la parole, elles pouvaient tenir le rôle des nains dans Blanche-neige.




Un cheval et un chien qui deviendront le cocher et le laquais complètent l'ensemble.



Ajoutez-y le rôle du chat de Lady Tremaine,  Lucifer , et bon nombre de séquences rappellent ces bons vieux Tom et Jerry (les animateurs y étaient plus habitués, rappelons-le).



Ça explique aussi que Cendrillon soit moins présente qu'eux (encore qu’elle l'est plus que Blanche-neige) et que son prince charmant apparaisse dix minutes avec trois lignes de dialogues parlées.

Sur Buzzfeed, c'est  l'étonnement dans cette critique : "Je croyais que le film s’appelait Cendrillon?" Oui, mais il faudra attendre les années 80 pour que chez Disney on maîtrise les protagonistes humains harmonieux (qui depuis crèvent l'écran) .



Du coup, le support live action permet de toute façon de se centrer sur les humains:  les souris sont encore là mais sans habits et ne parlent plus; le chat tente une seule fois de les attraper.

 En conséquence des "scènes manquantes" par rapport à la version animée sont là:
Outre l'enfance de l'héroïne et le décès des parents, il y a une rencontre préalable avec le prince, les confidences de ce dernier à son capitaine des gardes, une scène immédiate de retour de bal avec les belle-sœurs, ou encore d'autres femmes que l'on voit essayer la pantoufle de verre.

A quel point tout ce petit monde a changé d'un support à l'autre? Petit florilège:


Cendrillon:




Son blond vénitien et sa robe grise sont devenu d'un blond doré et d'un bleu sans la moindre ambiguïté, conformes au nouveau merchandising.


Avant/après


Même ses "haillons" semblent coquets par rapport aux originaux.





















Dans le dessin animé, on ne savait pas vraiment pourquoi Cendrillon restait "douce et charmante" malgré tout ce qui lui était infligé. Toutefois, contrairement à une croyance populaire, pour moi Cendrillon n'est pas une "cruche" parce qu'elle part pas en claquant la porte. (ce qui déjà rendrait l'histoire bien courte)

Réfléchissez: Où irait-elle? Sans autre famille et sans argent il ne lui resterait guère que la prostitution ou la mendicité. Voilà pourquoi tant dans le conte que le dessin animé et le film, je comprends qu'hélas elle doive rester comme bonne à tout faire: simple pragmatisme.

Le film ajoute par précaution une raison supplémentaire: Cendrillon veut vivre là où est l'esprit de ses défunts parents, et continue d'aimer leur cottage pour eux. Après, pourquoi ne s'exécute-elle pas tout en étant renfrognée, la raison vient du serment fait à sa mère d'être bienveillante, et c'est bien moins cucul la praline qu'il n'y paraît. Même Disney ces temps-ci ne résiste pas à la mode de reprendre des personnages bon enfant jusqu'alors   en leur inventant un background sombre et souillé censé les rendre plus "intéressants".

Ahem.


La bonté présente de Cendrillon n'est pas pour autant béate: elle sait dire non quand sa marâtre veut la faire chanter, ou ose affirmer que celle-ci "n'a jamais été sa mère".

J'ajouterais que cette Cendrillon moderne, face un cynisme ambiant toujours plus grand, est celle qui a des tripes d'acier. Il faut l'entendre répondre à Lady Tremaine, qui affirme que jamais rien n'est gratuit, que "La gentillesse et l'amour sont gratuits." Selon un magnifique adage de Katherine Henson: "Avoir bon cœur dans ce monde cruel n'est pas signe de faiblesse mais de force."




Lady Tremaine:



Alias la marâtre. Elle est une manipulatrice hors pair ce qui ne surprendra personne, mais là elle l'est limite encore plus qu'avant. Après avoir compris que ses filles n'épouseraient pas le prince, Lady Tremaine selon le dessin animé se contentait d'enfermer Cendrillon par dépit, pour qu'elle ne connaisse pas ce bonheur et sans qu'on comprenne pourquoi, juste parce que, "Cendrillon n'est pas sortie de son utérus" selon le Nostalgia critic?

Ici, après avoir réalisé que ses filles n'avaient pas leurs chances, Lady Tremaine très pragmatique dit à Cendrillon qu'elle ne lui rendra sa pantoufle de verre restante que si après son mariage Cendrillon marie ses sœurs à de bons partis et qu'elle laisse sa belle-mère prendre les décisions à la place de son époux (fraîchement devenu roi).

 Devant son refus de la laisser gâcher la vie du jeune roi, Kit, comme Lady Tremaine l'avait fait de son père, elle brise la pantoufle et monte un autre stratagème avec le Duc: ne pas révéler que le roi recherche une souillon, et ne puisse pas la retrouver, le tout en échange d'un titre de noblesse.

Une femme intelligente, et avec pour excuse de ne pas supporter sa belle-fille "jeune et belle alors que je ne le suis plus." Elle regrette son premier époux, et sait (pour  avoir surpris leur conversation) que ni Cendrillon ni son père ne l'ont jamais appréciée autant que la première femme de ce dernier.




Mais hélas, Lady Tremaine n'est pas une femme aussi effrayante qu'avant, et beaucoup moins subtile. Très grande gueule, Cate Blanchett en fait des tonnes pour démarquer son interprétation. (oui, elle est meilleure en reine elfe) Et hélas, une marâtre hystérique ça fait beaucoup moins peur qu'un jeu glacial façon le dessin animé ou Anjelica Houston dans A tout jamais.



 Lady Tremaine de 1950 était terrifiante tout en étant une personne "ordinaire" sans aucun pouvoir paranormal ou armes.

 Comme dit le Nostalgia critic, le simple fait qu'elle vous regarde de travers ou sourie en coin était effrayant (le regard le plus terrorisant du cinéma selon lui).


Et c'est vrai.


Anastasie et Javotte:



Elles sont de nouveau une menace mineure (sans aucune des deux pour rattraper l'autre). Les mégères peu gracieuses du dessin animé se contentent ici d'avoir une apparence normale, mais des vêtements d'aspect criard. Pour le reste elles se disputent et sont hystériques, sans nuances (le fait qu'une sœur soit moins impolie que l'autre selon Perrault n'est pas ici utilisé). Ce ne sont d'ailleurs même plus elles qui déchirent la première robe de Cendrillon, mais la marâtre qui arrache une manche de la vieille robe rose de sa mère.



(En outre Drizella garde en vf son nom de Javotte qui lui avait été attribué à l'époque parce qu'il est dans le texte français de Perrault.)

Le prince: 




Le figurant de 1950 a un prénom (traditionnellement Charmant, ou Henri selon les fans de Disney) , qui est ...Kit. Vous aussi vous trouvez ça enfantin, ou féminin? Ça vous fait aussi penser à un  meuble à monter Ikea, ou à un cerf-volant en anglais? Ce nom m'aura fortement déroutée.

Pour le reste il gagne en dimension (pas difficile...) en ce qu'il devient roi à mi-course et rencontre Cendrillon avant le bal lors d'une partie de chasse: on comprend alors un peu mieux ce qu'ils se trouvent.

La marraine-fée:



Encore une énigme du dessin animé (et du conte) : mais que fichait la fée avant le bal, ne venant pas plus tôt au secours de sa filleule? (elle ne pouvait se montrer qu'une fois ou elle terminait ses études de magie?)

Ici, tout s'explique: elle n'est pas sa marraine, mais attendait le bon moment pour agir, car la mère de Cendrillon croyait aux fées (cette dernière aussi, étant enfant, mais devant la fée affirme d'abord son scepticisme). Conformément au conte Les fées de Perrault (où la protagoniste principale se retrouve à cracher des diamants et sa sœur des crapauds)




ou la légende des buenas majas d’Espagne, la fée éprouve tout d'abord la bonté de l'héroïne (demandant un bol de lait) avant de lui rendre au centuple ce qui a été offert.



Sachant que Cendrillon vient de voir sa robe saccagée et d'être interdite de bal, qu'elle réponde  positivement à cette demande, c'est remarquable. Et comme souvent en pareil cas, la fée se présente d'abord dans une tenue de mendiante avant de revêtir de superbes atours (plus sophistiquées qu'en 1950) . L'interprétation d'Helena Bonham -Carter est plus jeune mais aussi étonnamment, plus loufoque.


Vous avez dit "rôle de composition?"

Les animaux: Major le cheval et Pataud le chien ont disparu. De façon plus proche du texte d'origine, ce sont des lézards qui se verront changés en laquais du carrosse-citrouille (en revanche, le cocher est une oie ce qui est nouveau sur tous les supports).




 Les oiseaux bleus apparaissent encore par intermittence. Lucifer est bien là (interprété magistralement par un persan gris)



et les souris aussi en dépit d'une présence moindre comme dit plus haut; les quatre rongeurs qui apparaissent le plus souvent sont ici une famille, deux souriceaux, et Jacqueline (Jack devenu femelle) la femme de Gus, le plus gros. Ils ne parlent plus mais restent d'une aide précieuse au dénouement (en plus d'être transformées en chevaux) même si ce n'est plus en apportant la clé du grenier.



 En revanche on peut s’interroger sur leur longévité (les vraies souris vivent trois ans) car Cendrillon les connaissait déjà étant petite. (ils ne cousent plus non plus la première robe de bal de Cendrillon puisqu'elle s'en charge.)


Le grand-duc et le capitaine des gardes:



Évoqués en même temps car semblant le même personnage décomposé. Le Grand-duc, toujours une sorte de premier ministre, gagne hélas ici en méchanceté car il désire voir le prince épouser une princesse d'un pays plus puissant (Saragosse) afin de protéger leur petit royaume. C'est pourquoi il s'allie à Lady Tremaine.

Le capitaine, lui, garde les aspects sympathiques: il est le confident du prince et insiste pour que Cendrillon essaye la pantoufle elle aussi.



 Il y eut une petite polémique rapport au fait que son interprète soit Nonso Anozie, comédien britannique d'origine africaine. Toutefois, nous avons affaire à un royaume de fantaisie dans lequel le colorblind casting (expliquant le dieu Heimdall joué par un afro-américain dans Thor par exemple) se justifie, on voit d'ailleurs une famille de type africain dont les femmes essayeront la pantoufle aussi.

 Egalement, en 1997, Disney avait réalisé un téléfilm live  de Cendrillon, (aux chansons de la version Rodgers et Hammerstein) avec des comédiennes d'aspect africain (Brandy, Whitney Houston, Whoopi Goldberg...) pour les rôles de Cendrillon, la fée, la reine et une belle-sœur, des acteurs caucasiens pour la marâtre, la deuxième sœur et le roi, et enfin un prince aux origines indiennes.



Le tout inséré à merveille dans un environnement aussi européen (période XIXème) que le présent film. Et quand bien même: ce n'est aussi dissonant historiquement parlant que ça en a l'air. Aux XVIII ème et XIXème siècles les cours européennes étaient fréquentées par le général Thomas Alexandre Dumas, père et grand-père des écrivains, ou par le chevalier Saint Georges, escrimeur et musicien, tous deux fils d'aristocrates français  et d'esclaves antillaises.



Le roi: 




Exit le colérique de 1950. Certes, il veut le bien du royaume d'où ce mariage arrangé de prime abord entre Kit et la princesse de Saragosse. Mais là, il souffre d'une affection respiratoire (tuberculose?) dont il est très vite dit qu'elle lui sera fatale sous peu. Et il a l'occasion d'échanger quelques mots avec Cendrillon (élogieux envers le prince et son père) avant que cette dernière ne fuie le bal. Le monarque verra d'un meilleur œil  que son fils cherche le bonheur dans les limites du royaume-et donne sa bénédiction juste avant son dernier soupir.




On voit là toute la différence avec le dessin animé de 1950...Mais qu'en est-il du texte d'origine? Dans le conte de Perrault, nous avions vu que le détail des laquais-lézards trouve son inspiration.  C'est là aussi que  Cendrillon, au lieu d'être le vrai nom de l'héroïne comme en 1950, se révèle être un surnom injurieux gagné à force de s’asseoir dans les cendres de l'âtre (la famille dit aussi "Cucendron"). Dans le film, c'est justifié par les nuits passées par Cendrillon devant la cheminée de la cuisine quand son grenier  est trop froid, et qui couvrent son visage de cendres.



Toujours d'après cette version, les belle-sœurs de Cendrillon implorent son pardon, qu'elles obtiennent , et celle-ci les marie à deux seigneurs de la cour. Dans le film, c'est le destin que souhaite pour elles Lady Tremaine mais elle n'y parviendra pas. Cendrillon accorde bien son pardon à la fin mais il est dit que les deux sœurs, leur mère et le Grand-duc partiront en exil.

Dans Cendrillon selon Grimm,  c'est pire encore: les demi-sœurs s'étaient vainement mutilé les pieds pour enfiler la pantoufle puis des oiseaux les énucléent pour les punir! C'est aussi dans cette version que le père de l'héroïne est marchand et qu'au départ d'un de ses voyages, Cendrillon lui demande de lui rapporter la première branche qui l'aura frôlé. Dans le conte, elle plante la branche sur la tombe de sa mère, la plante devient un arbre, et l’esprit de la mère y apparaît. C'est lui qui donne sa robe de bal à Cendrillon, détail qui se retrouve dans le film Into the woods également produit par Disney cette année.  Dans le présent film, on rapporte aussi à Cendrillon la fameuse branche, qui cette fois n'aura pas de fonction scénaristique précise.

Une adaptation sombre, justement.


Sans oublier des allusions à d'autres adaptations. Cendrillon dont le vrai prénom est Ella, est un détail très fréquent dans bon nombre d'adaptations anglo-saxonnes, car Cendrillon s'y dit Cinderella. C'est le cas notamment dans Ella l'ensorcelée, dans Once Upon a time, dans La Pantoufle de verre (1955), dans Elle: La Cendrillon des temps modernes.









La rencontre préalable avec le prince a eut lieu aussi dans Trois noisettes pour Cendrillon (1973), A tout jamais (1998) et La Pantoufle de verre (1955).  Dans ce dernier film, Ella pense avoir affaire à un garçon au métier beaucoup modeste et c'est pour le revoir qu’elle veut aller au bal. Idem dans le présent film, où Ella croise Kit durant une partie de chasse de ce dernier, et où il se présente comme un apprenti au palais.



On ne savait pas trop pourquoi le royaume autorisait apparemment le mariage du prince à une éventuelle roturière ni pourquoi Cendrillon tenait tant à aller danser en 1950 (rompre la routine?). Ici, c'est parce qu 'il a l'espoir de revoir Cendrillon que Kit insiste pour ouvrir le bal à tous. Et c'est également pour le revoir que cette dernière veut s'y rendre .

Le prince déjà promis à un mariage arrangé vient aussi de A tout jamais (le prince ayant dans cette version un modèle historique). Mais dans les deux cas il parviendra à se défaire de ses engagements.




Peu de défauts dans tout ceci: juste quelques gags étonnamment lourds notamment l'essayage de la pantoufle par une boulangère: très tarte à la crème pour un film plutôt solennel.

Ou bien le fait que Cendrillon n'a certes rien d'une cruche en dépit de sa réputation; elle a ici encore plus de cran qu'en 1950, notamment en affirmant à sa marâtre qu'elle ne la laissera pas diriger la vie de Kit. Mais dans ce cas, on peut s'étonner de son peu de réaction une fois enfermée au grenier à la fin. Elle se contente de rester  à chantonner (les souris ouvriront sa fenêtre, pour que  sa voix alerte le capitaine et le prince sur sa présence), alors qu'on aurait pu imaginer qu'elle chercherait à fuir cette fois, quitte à nouer des draps et descendre par la fenêtre.

Pour autant, c'est loin d'être mièvre, car faut-il le rappeler on assiste quand même à deux agonies (celle de la mère de Cendrillon et du roi) , d'où une ambiance plus sombre que l'original.


Côté bons points, d'abord le visuel: le cottage est détaillé et franchement joli avec ses fresques florales (les critiques des belle-sœurs à son encontre sont donc injustifiées) . Le carrosse est absolument spectaculaire une fois transformé (doré comme chez Perrault) et les costumes des animaux métamorphosés rappellent leur origines par d'intéressants codes couleurs.



Les costumes sont tous extrêmement beaux et détaillés, comme ceux de Lady Tremaine dont la garde-robe est enfin variée.


La fée porte une merveille blanche à des lieues de la simplicité du costume d'origine.



Et enfin, la robe de bal de Cendrillon est un monument de satin et d'organza céruléens,  avec ses chiffres qui font halluciner: neuf versions, 250 mètres de tissu, plus de 10,000 cristaux Swaroski demandant 500 heures à 18 couturiers...les pantoufles de verre (huit paires) étant, elles aussi, taillées dans du cristal!



 Plus de serre-tête ou de ras du cou, mais en plus, le détail du symbole des papillons qui apparaissent sur le col ou les chaussures: belle métaphore de la transformation (chenille vers papillon, nettement plus élégant) de souillon en princesse. Des papillons de lumière qui métamorphosent la robe, dans une séquence bien plus longue qu'en 1950 (justifiée en ce qu'elle est mythique, la préférée de Walt Disney en personne à l'époque).




Musicalement c'est superbe aussi: l'ost de Patrick Doyle ne reprend pas les chansons de l'original (ce n'est plus une comédie musicale) , même si sur le CD on peut entendre Helena Bonham-Carter chanter sa version de Bibbidi-bobbidi-boo,





et Lily James (Cendrillon) A dream is a wish your heart makes (Tendre rêve).





 L'ost est complètement différente de 1950 mais  très belle, à commencer par le morceau Who is she et le thème du trailer.






 Seules deux chansons sont audibles dans tout ceci, la berceuse Lavande verveine (Lavender blue) qu’affectionnaient Cendrillon et sa mère (et qui existe vraiment).




 Fort jolie au demeurant, mais mieux encore, est la chanson du générique "Strong" ("Toi", en vf) par  Sonna Reele (par Anaïs Delva alias Elsa la reine des neiges en vf. Attention, titre trompeur: si vous la cherchez vous risquez de tomber sur le clip d'une chanson antérieure de l'artiste française, qui est homonyme mais n'a rien à voir! Ruse marketing?). Quelle que soit la langue, c'est absolument superbe,





et les paroles font sens quand on sait le titre anglais veut dire "fort". Force dans l'adversité, force de caractère, force de croire en ses rêves, voilà ce qu'est Cendrillon qu'elle soit animée ou live (ça explique qu'elle soit la princesse Disney la plus populaire) et qui de plus dans ce film, ne voit pas "le monde tel qu'il était, mais tel qu'il pourrait être."

 Souvenez-vous comme elle que: "Un oiseau seul dans le vent peut encore être fort et chanter..."

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