samedi 14 juillet 2018

Les Indestructibles 2, critique




Les indestructibles,  14 ans déjà,  que le temps passe vite...je me revois encore à la séance du premier, et pendant longtemps Les indestructibles 2 était l' un des films Pixar que les fans souhaitaient le plus voir.

                                            (La preuve avec la scène d'intro)

 Mais cette suite ne se déroule pas plusieurs années après comme certains le supposaient.



On dirait plutôt que  le premier film s' est arrêté hier...vraiment hier. Le second film commence exactement  là où l'autre finissait. Le combat contre le Démolisseur déménage autant qu'on aurait pu l’espérer, et rappelle plus que jamais la filiation avec Les Quatre Fantastiques. Non, sérieusement, le Démolisseur, il ne vous rappelle pas l'Homme -taupe?





Oui mais: encore une fois la réalité va s'ensuivre...On a parlé des Indestructibles comme d'une adaptation des Watchmen plus fidèle que le film d'origine. Vu comme Screech, l'un des nouveaux supers apparaissant dans le film, ressemble au Hibou, ce n'est sûrement pas un hasard.



Alan Moore avait été l'un des premiers à s'interroger sur les conséquences de l'existence des super héros dans la vie réelle. Sans doute que les dégâts provoqués par les combats les rendraient hors la loi comme dans le premier film. Et  à la fin du premier film justement, on l'a oublié, mais: la famille Parr passe à l'action alors qu'ils sont toujours dans l'illégalité.



Du coup le Démolisseur  file sans son engin, mais la famille se fait arrêter! Et le programme de protection des supers s' interrompt, les laissant sans logis. Tombe alors l'excellente nouvelle comme quoi Winston Deavor, un milliardaire spécialisé dans les télécommunications, souhaite les aider. Admirant les super -héros, il veut les ramener sur le devant de la scène et les rendre légaux, aidés par les gadgets très évolués de la sœur ingénieure de Winston, Evelyn.



Toutefois, ils jugent que la façon, disons brutale, d'agir de Mr. Indestructible nuit à l'image des héros et qu'il vaut mieux ne remettre qu' Elastigirl sur le devant de la scène dans un premier temps. Bob le prend assez mal et doit, dans la nouvelle maison qu'on leur a prêtée, s'occuper des trois enfants pendant qu'Helen se lance après un nouveau super vilain, l’Hypnotiseur, qui use des écrans pour agir en hypnotisant, donc.




On peut y voir l'inverse du premier opus: Elastigirl qui est le focus au lieu de son mari. Ce dernier est dépassé par l'éducation des enfants, j'ai trouvé ça cliché dans la bande-annonce...Mais en fait, non, on n' en arrive pas  à la conclusion qu'il y aurait eu autrefois, à savoir que seule la mère sait s'occuper des enfants et du foyer et que tout rentre dans l'ordre que lorsqu'elle reprend sa place à la fin. Là non: Bob cherche de son mieux, de son propre aveu, à être "un bon père".



Pourtant aujourd'hui les hommes au foyer sont de moins en moins rares  pas vrai? Je me suis demandé s'il y avait un lien avec le fait que le film semble se dérouler dans les années 1960...et c'est très probablement la période temporelle concernée.

Bob a pour excuse néanmoins qu'il ne s'occupe pas d'enfants normaux, à commencer par Jack-Jack. La famille réalise les super-pouvoirs du petit dernier, et il en a plus d'une vingtaine apparemment. Bref, c'est le Franklin Richards de cet univers. Il tire des lasers par les yeux, s’enflamme, grossit, traverse les murs, se change en démon, se clone, se retrouve dans dimensions parallèles...Mais un bébé qui ne sait pas ce qu'il fait, c'est épuisant à surveiller pas vrai?



 On comprend mieux Bob, qui demande à Edna Mode un costume à même de réguler les pouvoirs du bébé. Dommage que la styliste des héros n'apparaît que dans une scène- et s'étonne qu'Helen n'aie pas fait  appel à elle pour son nouveau costume.Ce dernier est moins coloré qu'avant, et fait s'exclamer à juste titre Helen: "Je suis Elastigirl, et je ne suis pas sombre et anxiogène!" Ce fameux "grim and gritty" anglo-saxon, et bon sang, oui!



Tous les héros ne devraient pas être obligés de le devenir (suivez mon regard vers Superman) ou de s'y enfoncer encore plus (suivez mon regard vers Batman).



Les capacités de Jack-Jack  sont à l'origine d'une scène qui n'a d'autre utilité que de faire rire les enfants: un combat dispensable du bébé contre ...un raton -laveur.




Cela dit j'aime bien cette bestiole, très badass (il est normal et se mesure à un enfant qui a toutes les capacités précitées...). J'adhère à la théorie qui voit en lui un futur Rocket racoon des Gardiens de la galaxie (puisque Pixar et Marvel c'est la même chose, c'est Disney).



Depuis le premier Indestructibles, les films de super-héros sont devenus autrement plus nombreux (seuls X men et Spider-man existaient à l'époque). Les héros forcés à la clandestinité après des années fastes (les films Superman des années 1980 et les Batman des années 1990), ça tenait presque de la métaphore. Mais les films du Marvel universe (entre autres) ont évoqué à leur tour l'acceptation des héros par la société, leur crédibilité, leur permission d'exister par le gouvernement...Les Indestructibles ont peut-être l'air en retard à évoquer la thématique, mais dans les années 2010, le droit des super à être de nouveau légaux semble normal, et le but du présent film donc.


Toujours depuis cette époque, les super-héroïnes  ont pris en assurance bien sûr. Helen disait déjà, dans le premier film, qu'elle n'allait sûrement pas "laisser les hommes sauver le monde".   Evelyn lui demande, ici, comment elle a vécu "d'être dans l'ombre" de Mr Indestructible. Helen lui fait remarque à juste titre qu'elle est elle aussi dans une ombre (celle de son frère) mais selon Evelyn c'est justifié puisqu'elle est surtout douée pour créer, plus que dans le fait de se vendre, ce que son frère sait mieux faire. Mais c'est réjouissant de voir, néanmoins, que la "subtilité" du pouvoir d'Helen qui se voit sollicité, plutôt que la force brute.



Les Deavor recrutent d'autres supers (donc tous les autres ne sont pas morts dans le premier film).

 Il y a des gens sympas, comme Vortex (elle sait créer ce qui porte son nom), une fan d'Elastigirl qui dit s'accepter, elle et ses pouvoirs, grâce à son exemple (et s'interroge elle aussi sur sa vie de famille) .



Et puis Brique, entre son apparence et sa voix je n'avais d'abord pas compris qu'il s'agit d'une femme (je n'en suis pas fière) ! Une sacrément bien bâtie bien sûr, ça nous sort des clichés.


Autre chose que je n'ai pas remarqué, le remplacement (VF) de certains comédiens. Amanda Lear (Edna) et Deborah Perret (Helen) sont de nouveau là. Mais la voix de Bob, Marc Alfos, est mort en 2012. Il était aussi la voix du centaure  Nessus dans Hercule, Cake dans 1001 pattes, Grossebaf dans Astérix et les Vikings,  le Sergent dans Toy Story et, (ironiquement) Lex Luthor dans  Superman/Batman : Ennemis publics .



Il est donc remplacé par Gérard Lanvin tandis que Lorie, qui doublait Violette, est remplacée par Louane dont je n'avais jamais entendu parler. C'est donc sous contrat qu'elle doit être doublée par une chanteuse pour jeunots (et Lorie est trop vieille pour ça donc)?  Je n'ai pas remarqué de grande différence, mais pour beaucoup, elle est criante dans le cas de Gérard Lanvin.


Mais, question décors, c'est plein la vue (normal vu les progrès techniques). New Urbem, le New York de cet univers, grouillerait de supers (normal).  Entre les monorails et les gratte-ciels, c'est whaou. A l'intérieur, le look fait très 60/70 et si les Parr se retrouvent logés chez un milliardaire excentrique, qui avait des chutes d'eau intérieures, des lampes soleil, des chaises tulip et tout, c'est pour qu'on en profite visuellement, tiens (du style populuxe magnifique!).



Brad Bird et Michel Giacchino, réalisateur et compositeurs sur le film, avaient les mêmes fonctions sur le film A la poursuite de demain, et ça se voit: même architecture fantaisiste façon rétro futur et voitures au look résolument 60's.


L'univers s'étend: outre les nouvelles têtes, question super-héros, la technique d’effaçage de mémoire vue dans le court-métrage Jack- Jack attaque est utilisée au début. Violette en fait indirectement les frais (son identité héroïque, mais aussi son existence toute entière, est effacée de la mémoire de son love interest, qu'il faudra reconquérir).




























Bon, vous vous en doutez: comme souvent chez Disney ces dernières années et comme presque toujours chez Pixar, le méchant ne se laisse pas deviner de prime abord. Quoique: il n'a pas échappé à mon œil de lynx (ni au vôtre, je présume) que quand Helen démasque l'Hynotiseur,  et révèle un visage connu ni d'Eve ni d'Adam, on se doute que ça n’était pas lui.



Dans la réalité ça pourrait être ça, mais selon les conventions du genre (films Pixar, mais aussi de super-héros), le super vilain qu'on démasque est forcément connu comme dans les Scooby-doo.



Winston et Evelyn , dont la société (Devtech) est fondée sur les télécommunications et donc les écrans, attirent vite les soupçons d'autant qu'ils sont de riches normaux avec des "jouets" incroyables exactement comme Syndrome. Et qu'ils sont deux alors que le rôle de mécène pourrait être tenu par un personnage solitaire.



La vraie question c'est : est-ce lui, elle ou les deux? (Je n'étais sûre de rien jusqu'au bout) Comme on les voit dans une pièce à part au moment de la soit disant capture de l'Hypnotiseur cela peut semer le doute...à moins que les messages à l'écran n'aient été préenregistrés, ce qui se révèle être  le cas. La réaction du soit-disant Hypnotiseur une fois démasqué, qui ne sait pas où il est, m'a fait comprendre la vérité: un homme de paille hypnotisé pour tenir ce rôle et c'est bien ça.



Helen finit elle aussi par soupçonner que c'est le cas, et Evelyn se révèle comme l'Hypnotiseur, ayant fait provisoirement endosser le rôle à un livreur de pizza.



Les anglophones avaient un indice supplémentaire: Evelyn Deavor ressemble à "evil endeavor" (entreprise diabolique).



Mr. Deavor père avait eu une grande confiance dans les héros, et la ligne personnelle de deux d'entre eux était chez lui. Un soir, des cambrioleurs se sont introduits sous son toit mais il n'a pas pu joindre de héros, qui venaient d'être déclarés hors-la -loi. Un voleur l'a abattu, et sa femme en est morte de chagrin. Depuis, Winston est persuadé que c'est la mise hors-service des super-héros qui est responsable du drame, alors que selon Evelyn ils auraient pu s'éviter tout ça s'ils n'avaient pas tenté le contact et compté sur eux- mêmes, en allant se cacher. (A mon avis, le vrai responsable,  c'est le deuxième amendement. )




De ce background, Evelyn tire sa motivation à se venger des héros, mais Winston (que Evelyn juge infantile) se révèle parfaitement sincère dans son entreprise de réhabilitation. D'autres tirent d'ailleurs d'une telle tragédie   des inspirations tout aussi héroïques:




Batman bien sûr, mais aussi Jerry Siegel. Orphelin de père  à cause d'un cambrioleur, cet auteur inventera Superman et donc tout le genre super-héroïque!

Si Syndrome avait un côté Lex Luthor (jalousant les héros tout en cherchant à les rendre inutiles et à les surmonter), Winston tient de Tony Stark (sans l'armure cela dit), mettant son argent et ses recherches au service de la cause héroïque.


Evelyn était plus facile à soupçonner qu' Ernesto dans Coco (je ne l'avais pas du tout vu venir), et non sans regrets, entre son intelligence et son passé difficile, elle était plutôt sympathique. C'est sans doute pour cela qu' Evelyn admet à Elastigirl: "Nous aurions pu être amies".



 Elle fait preuve d'un reste de sentiments humains puisqu'elle cherche à épargner à son frère une pénible fin, se fracasser avec un yacht lancé  à pleine vitesse contre la baie de New Urbem. En revanche Evelyn était prête à sacrifier tous les autres à bord, preuve qu'elle est néanmoins une super vilaine. L'injustice de tout ceci n'échappe pas à Winston, qui saute volontairement de l'avion d' Evelyn sur le yacht, pour sauver tout le monde.



Ce n'est pas lui qui y parviendra, mais: les trois enfants Parr! En effet, à défaut de sembler très menaçante ou détestable en tant que personnage, les capacités d' Evelyn sont glaçantes. A l'aide de lunettes dont les verres sont des écrans, elle peut manipuler n'importe qui. Le livreur, mais aussi tous les héros adultes, y compris Frozone, Mr.Indestructible et Elastigirl !



Sous son influence, ils tiendront face caméra un discours que Lex Luthor aurait pu écrire (on est plus forts que vous et pour cette seule raison on va vous tyranniser, les super héros c'est ça, bla bla bla...) Infiltrés sur le yacht, Violette, Flèche et Jack-Jack doivent sauver la situation à eux seuls...Je vous laisse imaginer la pression d'avoir à affronter leurs parents. Par chance, le petit dernier est une arme de destruction massive  à lui seul.




Mais rien ne vaut Syndrome, toujours invaincu question charisme selon moi. Evelyn, ni très flamboyante ni totalement dénuée de scrupules, elle, ne sera sans doute pas  aussi mémorable.
Cette suite est donc plutôt sympa, même si l'abondance des suites (Toy Story mis à part) fait que le rapport de force Pixar-Disney s'est inversé par rapport à la décennie précédente.  Les seuls films Pixar mémorables et acclamés des années 2010 étaient il est vrai les seuls  qui étaient originaux (Vice-versa et Coco). Alors? Les Indestructibles seront-ils une franchise et si oui les derniers opus auront ils autant de succès que les premiers? Wait and see...

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